Jeudi 5 janvier 2017.

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À 10h,

Bon, elle nous souhaite une bonne année, de la réussite, en bref toutes les choses que nous ne pensons pas vraiment mais que nous disons  en marque de politesse, cependant elle semble plutôt souriante. Le cours commence, nous nous regardons dans le blanc des yeux une fois pendant un très bref instant puisque j'esquive ce duel. Elle nous annonce que nous avons un - gros - dm à faire et que nous avons un contrôle lundi 16, de quoi nous agacer d'autant plus que je ne suis pas d'humeur à lui sourire car - je ne vous l'ai pas raconté mais - elle m'a énormément énervée avant les vacances et je l'ai encore un peu - beaucoup - en travers de la gorge. Alors, j'évite de croiser son regard et de lever les yeux vers elle, pourtant je vois que son corps est incliné en ma direction comme s'il y avait une force qui nous aimantait, de la même manière que mes yeux ne peuvent s'empêcher de la chercher. Elle se recoiffe, elle touche ses cheveux, elle m'approche de très près pour me donner une feuille, quelque fois elle s'arrête quelques instants alors de mes yeux éblouis, je peux la contempler à une proximité idéale, spectatrice de cette magnifique scène, pendant tout ce temps mon cœur bat au plus vite. J'avais oublié, mais je me souviens maintenant pourquoi je suis tombée sous son charme et pourquoi chaque fois que je la vois j'y retombe. Elle est magnifique de la tête au pied, elle a une beauté sans fin, c'est-à-dire que chaque putain de fois, croyant avoir vu tout ce qu'il y a à voir, je redécouvre une splendeur insoupçonnée soit dans son visage, soit dans son corps, soit dans son sourire ou ses cheveux, soit dans toutes les choses qui la composent. Cependant nous nous ignorons, je ne réponds pas à ses regards comme elle ne répond pas aux miens. C'est étrange car rien n'a jamais été établi et pourtant il y a une sorte de froid entre elle et moi, une sorte d'ignorance volontaire. Nous nous regardons une deuxième fois dans les yeux. Elle paraît triste, ses yeux bleus verts révèlent une profonde tristesse due à je ne sais quel mal qu'elle a enduré ou qu'elle vit actuellement ou même à venir. J'aurais aimé témoigner plus de tendresse cependant je me suis déjà suffisamment révélée et déshabillée pour elle, tantôt je lui ai involontairement dévoilée quelques secrets de mon cœur, elle doit bien se douter de quelque chose tandis que moi je n'ai aucune certitude, je voudrais tellement avoir confirmation - ou infirmation - de mes suppositions, il n'y a rien de pire que de vivre dans  le doute.

Vers 19h50,

Mon rendez-vous dans le cadre des réunions parents/profs était prévu à 19h20 cependant madame Mignotte a 30 minutes de retard, la bavarde! Elle arrive enfin! Elle invite ma mère à entrer et lui tend la main pour qu'elle la serre. C'est un moment opportun pour que je la lui serre également, je lui tends la main et elle semble surprise, néanmoins elle ne se retire pas. Je m'attendais à une main chaude, qui se révèle pourtant sèche et froide. Nous nous asseyons, elle me complimente par rapport à mes bons résultats, puis évoque mon manque de participation soudain. En effet, lorsque nous faisions la génétique, je participais tout le temps, je donnais les bonnes réponses parce que j'étais intéressée (j'ai plein de bouquins sur la génétique et le corps humain en général), maintenant nous sommes dans un chapitre de géologie qui m'ennuie de telle sorte que je préférerais mourir qu'assister aux cours. Je me justifie donc en lui annonçant brutalement mais sincèrement que je n'aime pas la géologie. Elle me sermonne vaguement en me disant qu'on ne fait pas toujours ce qu'on veut, je lui dis qu'elle a raison  -car elle aime avoir raison et elle apprécie davantage quand on le lui fait savoir -, elle utilise "intéressée", "vive", "polie" pour me qualifier, je suis flattée. Nous changeons de sujet, nous parlons de mon avenir " professionnel ", elle me demande si j'ai déjà songé à être professeur de sport et je lui affirme que je n'ai pas la patience requise pour ce métier. Elle n'a pas l'air étonnée de ma réponse, elle m'avoue qu'elle le savait. Comment pouvait-elle le savoir? M'avait-elle analysée? Avais-je été la seule à être analysée ou analysait-elle tous ses élèves ? Je fus agréablement surprise de découvrir qu'elle avait remarqué des détails, qu'elle m'avait un peu cernée,  preuve qu'elle a déjà dû me regarder fort longtemps. Puis, elle me pose une question à laquelle je ne m'attendais point; elle me demande si je compte rester à la section sportive et donc dans ce même lycée l'année prochaine. Je lui réponds que je ne sais pas encore. Je lui raconte mes blessures de sport auxquelles elle laisse sortir de sa bouche des petits "oh!", j'ai trouvé que c'était adorable comme réaction, elle avait l'air captivée par ce que je racontais, aucune de mes paroles ne lui semblait du vent. Elle a souri très souvent, je la fusillais du regard tout en l'évitant car elle était tout ce que je voulais voir mais je devais éviter ses yeux océans, ma faiblesse. Elle a l'air de réellement m'apprécier, je crois que j'ai dû l'intriguer quelquefois, mais Dieu pourquoi est-il si difficile de lui avouer ce que je ressens? La voir de si près me fait réaliser que mon cœur la désire de ardemment, ce ne sont pas de vains mots. Son sourire, mon Dieu, me prouve une fois encore qu'il n'existe pas d'arc-en-ciel plus beau que celui qui se reflète dans mes yeux lorsque je la vois sourire, elle est si belle. Près d'elle, j'ai la sensation de lui appartenir, il y a un sentiment qui s'empare de moi et qui nous lie, c'est indescriptible, c'est comme si il y avait une attirance mutuelle que l'on sentait et qu'on ne se disait point. Cependant, je n'ai aucune certitude quant à cette hypothèse, mon ressenti doit être altéré par mes sentiments.....

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