Chapitre 17 : Bienvenue dans votre nouveau chez vous !

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- Tout le monde dehors !!! Crie quelqu'un à l'extérieur.

Staïlz nous regarde tour à tour.

- Je sais que ça ne nous concerne sûrement pas, mais ça vous tente pas d'aller voir un instant ? Oh et puis, de toute façon, vous pouvez pas partir sans moi alors... Allez, venez.

Il part devant, sans nous attendre. Dans les couloirs, c'est l'hystérie, tout le monde bouscule tout le monde pour sortir le plus vite possible. Je joue des coudes tout en évitant de blesser quelqu'un. Je passe enfin l'immense porte d'entrée. Les mages sont attroupés au pied de l'Arbre, formant un cercle tout autour de son tronc. Ce qui va nous attaquer approche. La sentinelle a dû voir l'assaillant de loin. On entend cependant des arbres tomber par dessus ce qui ressemble à un bruit de course.

- C'est une personne seule, s'exclame un mage resté au sommet de l'Arbre. Un homme, il me semble. Je crois qu'il a une épée d'Avazak.

Les épées d'Avazak sont des épées qu'il a lui même ensorcelées. Elles sont puissantes, destructrices. Je vois, du coin de l'œil, un arbuste s'écraser au sol.

- Il était sur mon chemin, dit une voix qui vient de l'arrivant.

Sa voix ne s'accorde pas avec son apparence. Elle est trop grave, profonde comme un précipice (Nda: désolée pour cette métaphore, j'avais envie de la mettre), rocailleuse. C'est alors que je reconnais ce jeune homme : il s'agit bien de mon frère. Il est pourtant méconnaissable. Ses yeux sont cernés comme pas possibles et sont d'un noir d'encre. On ne voit pas de différence entre ses pupilles, ses iris et le blanc de ses yeux. Noir opaque. Noir de jais. Noir du Mal.

- Un hypnotisé ! Crie quelqu'un dans la foule de mages.
- Maxandre, soufflai-je.
- Tu connais ce type !? Me demande un Caï très étonné.
- C'est mon frère.
- Quoi !?!

Pas le temps de lui répondre. Je me précipite vers mon frère qui lève sa grande épée de métal au-dessus de sa tête et s'apprête à l'abattre sur la mienne (de tête).

- Maxandre ! C'est moi, Malia !

Son geste s'arrête. Il me regarde d'un drôle d'air. Je me suis arrêtée juste devant lui. Il semble ne pas me reconnaître, mais il a l'air de se demander où est-ce qu'il m'a déjà vue. Ses cheveux aussi blonds sont dans un état indescriptible. Des feuilles, des bouts de branches, de l'herbe et même quelques insectes y sont emmêlés. Il est lui même plein de boue. Lui qui prenait si bien soin de son apparence à l'air de quelqu'un ayant toujours vécu seul dans la forêt.
Puis quelqu'un m'agrippe l'épaule et me tire violemment en arrière.

- Mais...
- Ça va pas la tête !?! Me gronde Staïlz. Laisse les mages s'en occuper. Nous, on part​. Tout de suite.

À la fin de sa phrase, le jeune Passeur met la main dans sa poche et en ressort une poignée de cendres. Les cendres des feuilles de l'Arbre. Pendant ce temps, Maxandre c'était rué sur les mages en hurlant. Ceux-ci évitaient de justesse ses assauts. Le moindre coup de cette épée, ensorcelée par le mage noir le plus puissant qui ait jamais existé, pourrait être fatal. À chaque fois qu'il abaisse son arme pour attaquer, Maxandre se reçoit plusieurs sphères d'énergie pure. Les mages, eux, se défendent en formant des boucliers faits de la même énergie.
À côté de moi, Staïlz lève son poing avant de l'ouvrir, répandant la poudre grise tout autour de nous-mêmes et des autres en un cercle parfait. Prouvant qu'il maîtrise bien son "art".
Maxandre s'est fait désarmé et encerclé par les mages. Ils se rapprochent pour attraper mon frère, faible, avec des brûlures de partout mais pas moins hargneux.

- Que faites vous encore ici !?! Nous crie Édra. Partez !!! Malia ! Ne soit pas trop bouleversée, c'est sûrement ce qu'Avazak voulait faire : déstabiliser l'un d'entre vous, coûte que coûte. Maintenant, partez !

Aussitôt dit, aussitôt fait, Staïlz frappe dans ses mains en même temps qu'un baluchon de toile brune atterrit dans le cercle, probablement envoyé par quelqu'un.

Tourbillon de couleurs. Du jaune par là. Du bleu ici. Rouge en face. Vert là-haut. Mauve sur le côté. Argenté de l'autre. Puis toutes ces teintes échangent leurs places, se mélangent. Tunnel sombre. Tunnel lumineux. Puis sombre. Puis lumineux. Puis sombre. Tout ça se succède tellement vite. Puis... tout reste noir. Obscurité totale pendant de longues secondes. Interminables secondes. Et... lumière. Aveuglante.
Je ferme les yeux le plus fort possible. La tête me tourne.

La luminosité a diminué. On me tapote gentiment l'épaule. Je rouvre lentement les yeux, très lentement.
Staïlz est déjà passé a quelqu'un d'autre. Je n'ai pas été la seule aveuglée apparemment. Mes pupilles ne sont d'ailleurs pas encore habituées à ce changement. Des tâches noires flottent devant mes yeux. Le temps que ma vision redevienne normale, le Passeur a 'réanimé' tout le monde.
Le cercle de cendres a disparu nous sommes tous placés exactement au même endroit que lorsque nous étions sous l'Arbre ; le sac marron est toujours à nos pieds. Je regarde autour de nous. Nous sommes enfermés dans une pièce faite de pierre. Est-elle taillée dans une montagne ? Une énorme forme de métal se dresse devant nous. Pas vraiment plus haute, mais plus imposante et sans aucun doute, plus lourde.

- On est dans le garage des parents, explique Staïlz.
- Où ? Demande Edilyn pour le groupe.
- Ah. Euh, bah c'est là qu'on range la voiture quoi. Laissez tomber, c'est pas important, conclue-t-il en voyant nos têtes. Dans la maison de personnes qui sont considérées comme étant mes parents.

Ensuite seulement, on se rend compte que Caï va encore moins bien que nous autres qui n'avons pas vraiment le vertige. Staïlz se précipite vers un coin du 'garage' et ramène un sceau qu'il tend au pauvre sorcier. Il y enfouit la tête et... y vomit.

- Oh c'est dégueu, lâche le Passeur.

On le regarde sans comprendre et il sourit de toutes ses dents.

- Qu'est-ce que cela est ragoûtant, rectifie-t-il en faisant exprès d'exagérer sa façon de parler en prenant une intonation hautaine.
- Exagère pas non plus, rigole Caï avec un air piteux.

L'odeur sortant du sceau est absolument irrespirable dans ce petit endroit confiné.

- Évacuation ! Ordonne le Passeur.

Là, personne ne discute et on sort tous par la porte que je n'avais pas vue car elle était cachée derrière le bloc de ferraille (Nda: en fait c'est la voiture qu'elle considère comme étant un tas de métal ; mais comme elle n'en avait jamais vues avant...).
On arrive dans une autre pièce. Plus grande, plus spacieuse et plus lumineuse. J'ai à peine le temps d'observer ce nouveau décor que Staïlz arrache le sceau des mains de Caï qui semble aller mieux, le tient à bout de bras (le sceau, pas Caï, hein) et sort par une autre porte encore.
Il revient trois secondes plus tard, sans le sceau.
Nous sommes dans une salle aux murs blancs, au plafond blanc et au sol fait de bois. Un drôle de lustre est accroché. Il y a un tapis, un genre de fauteuil et une sorte de commode où repose un grand objet noir et rectangulaire.
Je suis plutôt perdue.
Je n'ai évidemment pas oublié mon frère, mais j'ai confiance en la bonté des mages. Je suis certaine qu'ils ne vont pas lui faire de mal ou autre, même si ça me chamboule de le savoir enfermé. Mais si ça se trouve ils ont trouvé un remède.

- Bienvenue dans votre nouveau chez vous, s'exclame Staïlz.

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