Le Monde Des Légendes [PAUSE]

Chapitre 24 : Assoiffé

- Tu trouves que je vais bien, là ? Demande le vampire, presque agressif.

À chaque pas qu'il fait pour se rapprocher de moi, j'en fais deux en arrière pour m'éloigner. Mais je sais que s'il se mettait à me courir après, je n'ai aucune chance. C'est un vampire, il chasse. Moi, je serai capable de me tordre la cheville sur les cailloux du sentier après cinq pas. Je suis d'ailleurs très embêtée à reculer comme ça. Je vérifie derrière moi à chaque fois tout en le gardant à l'œil. Ses pupilles sont tellement dilatées que ses yeux en paraissent noirs.

- Tu trouves vraiment que ça a l'air d'aller ? Me dit-il encore.
- Pas tant que ça, fis-je d'une toute petite voix.
- J'ai un sérieux problème. Et ce n'est pas de ma faute. C'est dans ma nature. J'ai besoin de...
- Sang, terminai-je à sa place.
- Exactement, sourit-il en fermant les yeux un petit instant.
- Et... Tu comptes me mordre ?
- Je ne sais pas encore. Tu sais, mon reccord de retenue est de vingt-trois heures. Je l'ai complètement explosé, rit-il.

Alors là, il commençait à me faire peur mais maintenant, je suis terrorisée. Il a l'air hystérique, ça se voit qu'il ne se contrôle plus du tout. Et sa façon de parler de ça aussi librement.
Je m'apprête à crier pour que les autres reviennent.
Je suis en train de prendre une grande inspiration et Naro en train de comprendre ce que je vais faire quand Caï arrive en courant. Suivi de près par toute la troupe. Ils se sont rendus compte de notre​ absence. Je soupire discernement, rassurée au plus haut point.

- Naro ? Commence Staïlz en fronçant les sourcils. Tu fais quoi, là ?

Le concerné tourne son regard fou vers le Passeur et celui-ci comprend au quart de tour.

- Attrapez-le ! Crie-t-il à la cantonade.

Le vampire n'a pas le temps de s'enfuir qu'un renard lui saute à la gorge. Naro s'étale par terre, la bête toujours au-dessus de lui. Edilyn montre ses crocs et le vampire lui répond en dévoilant les siens. Néanmoins, il ne bouge pas.
Je ne sais pas si c'est le choc de la chute qui a fait ça, mais il s'est légèrement calmé.
Staïlz sort une corde du sac à dos qu'il avait apporté et s'approche de l'adolescent à terre.

- Tu l'avais prévu, devine Naej.
- Oui, avoue le Passeur. Je voulais le pousser à bout. Mais je pensais qu'il m'en aurait parlé.
- Apparemment, c'est à Malia qu'il a préféré parler, dit Caï. Ça va ? Me demande-t-il.
- Euh, oui. Très bien, merci.
- C'est bien lui que tu dois remercier. C'est le premier à avoir remarqué votre absence, fait Staïlz tout en attachant les mains du vampire dans son dos et entravant ses chevilles. Et voilà, tu peux revenir Edilyn, avant qu'on ne se fasse voir. Même si ce chemin est très peu utilisé, surtout un dimanche matin, un renard serait inhabituel ici.

L'animal fait quelques pas en arrière, va se cacher derrière un arbre et c'est l'Edilyn que nous connaissons qui revient. Son expression est neutre.

- Qui prend le paquet ? Interroge Staïlz en nous regardant un à un.
- Moi, se dévoue Lehcim, tout content.
- Je t'aide si tu veux, propose le Passeur.
- Ne t'inquiète pas, je suis amplement suffisant pour porter le sang-froid.

Naro grogne et le loup-garou le prend sur ses épaules sans grand effort ni délicatesse. Il le porte comme un vulgaire sac en toile.

- En route, annonce-t-il avec entrain.

Il fait exprès de marcher avec brutalité pour que le voyage soit le moins confortable possible pour Naro.
J'étais restée tétanisée depuis leur arrivée. Si ça se trouve, je suis passée à un cheveu de la mort, vu l'état de Naro. Je ne pense pas quand même. Il ne serait pas aller jusque là.

- Tu es sûre que ça va ? Me redemande Caï.

Tous les autres ont repris la route. Anya sautillant comme si rien ne s'était passé, Lehcim trimballant Naro, Staïlz les surveillant et Edilyn étant la tête ailleurs.