Réconciliations et barrières

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Je décidai de repartir en cours pour cet après-midi malgré mon envie de rester ici à me relaxer. Ma mère allait sûrement crier. J'enfourchais ma moto pendant que j'accrochais mon casque. Je ne respectais pas vraiment les limites de vitesse, c'était notre truc avec Castiel. Comme à mon habitude j'étais arrivée en retard, j'avais sauté le portail puis j'étais allée à "l'accueil" prendre un mot de retard. Une fois les papiers finis, je montais en salle D21 puis j'ouvris la porte sans toquer, une nouvelle fois. Castiel me souriait pendant que je montrais mon mot de retard au professeur. Ma place à côté de Castiel avait été prise par Ambre, mais je n'étais plus d'humeur à crier alors j'étais allée m'asseoir à la seule place libre, à côté d'Armin.

- Je suis désolé pour tout-à-l'heure, s'excusa Armin.

- Pas grave.

Il se tut, j'étais peut-être trop froide avec lui.

- T'inquiète pas, je ne t'en veux pas.

- Je croyais que t'allais te mettre en colère contre moi vu que ta réaction n'était pas très bonne.

- Et comment j'aurais dû réagir ? Demandai-je d'un ton agressif.

- Euh, je...

Je soufflais en fermant les yeux. Il fallait que j'apprenne à maîtriser mes émotions.

- Pardon. Bon, et si tu me racontais ta vie maintenant ?

Il ouvrit la bouche de surprise.

- T'es franche, toi.

Je souris pour lui montrer que toute mon agressivité était partie, ce qui n'était pas totalement le cas.

- C'est dans ma nature.

Il me raconta combien il aimait les jeux vidéos, combien il aimerait aller rencontrer des plus grands fans, sans oublier de me raconter son enfance un peu compliquée. Ce que je n'avais pas écouter sur l'enfance des jumeaux c'était qu'ils avaient été adoptés. Ça devait être dur pour eux.

- Et toi ? Parle-moi de toi, me demanda Armin d'une voix que je devinais prudente.

Je n'aimais pas du tout raconter ma vie. Me faire plaindre auprès des autres, ce n'était pas pour moi, je n'étais pas vraiment sociable. Mes amis me comprenaient et m'acceptaient comme j'étais. Je ne leur délivrais que rarement des informations sur moi, ceux qui me connaissaient vraiment étaient Rosalya et Castiel. Ce dernier me connaissait sous toutes mes coutures, il ne connaissait pas vraiment mon passé mais il connaissait le reste comme sa poche. Je secouais la tête pour lui dire que je ne voulais pas en parler.

- C'est pas juste ! S'exclama-t-il en riant. Je t'ai delivré des infos sur moi, c'est ton tour.

- C'est pas mon kiff.

- C'est le kiff de personne, je crois. Allez, juste une toute petite info.

Je réfléchissais à ce que j'allais bien pouvoir lui répondre. Il était énervant, il n'était pas comme les autres qui se contentaient de me dire que ce n'était pas grave si je ne disais rien. Je fouillais au fin fond de mon esprit pour essayer de trouver quelque chose qui ne l'informerait pas trop sur moi.

- J'ai fais cinq ans de danse quand j'étais petite, lançais-je doucement.

- C'était quoi comme danse ?

Je me retournais vers lui, en rogne. Il m'avait demandé une chose et maintenant, il m'en demandait deux ? Il me sourit de toutes ses dents en prenant un air innocent, on mettait une auréole au-dessus de sa tête et on aurait dit un ange. Je ne me laissais pas avoir par sa bouille de chiot abandonné, je tournais ma tête dans la direction opposé après lui avoir dit :

- Tu m'as demandé une info, je te l'ai donné, je ne t'en donnerais pas deux.

Il soupira et se laissa tomber sur la table avant de sortir sa console et de jouer en cachette. Je regardais dehors pendant un petit moment, la fine pluie continuait à tomber avant de s'écraser soit sur le sol, soit sur les toits de maison ou de bâtiments, soit contre les fenêtres. Je regardais les gouttes parcourir la vitre à la verticale, faisant de petits virages rendant la vision de cette scène presque poétique. Je n'aimais pas vraiment la pluie mais je la préférais à la neige. Je n'attendais que la fin du cours, attendre que cette foutue cloche sonne était un supplice mais nous étions bien obligés de le faire. Je me demandais à quoi cela servait que j'aille en cours si je n'en écoutait même pas, ne serait-ce que le quart. Je finissais par m'endormir sur ma table, morte de fatigue. Je fis un rêve assez étrange, je me retrouvais au bord d'une étendue d'eau, sans vraiment comprendre ce qu'il m'arrivait. Un homme apparut alors dans mon champ de vision au loin. Il était assis sur ce qui s'apparentait à un tabouret, il se tenait la tête à l'aide de ses mains. La seconde d'après, il était debout devant deux femmes et un autre homme qui étaient, eux, assis à une table dans une pièce, cette fois-ci. Il criait et les autres le regardaient sans grand étonnement comme s'ils trouvaient cela normal. Je me réveillais en sursaut et j'aperçus Armin un bras en suspens au-dessus de ma tête. Il devait essayer de me réveiller depuis un petit moment car les autres nous attendaient à la porte en soupirant et en tapant du pied par terre. Ce rêve assez étrange et sans sens m'avait dérangée. J'avais l'impression d'avoir l'estomac en vrac, une boule à la gorge et un mal à la nuque se firent également ressentir. Armin n'y était sûrement pour rien mais je décidais de m'énerver contre lui, c'était tellement facile de s'en prendre aux plus faibles, à ceux qui ne savent pas comment te désamorcer.

- Ne me touche pas.

Je préférais prendre la fuite, la solution la plus lâche mais celle qui faisait le moins mal. Castiel me retint et me demanda :

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Strictement rien.

Je n'aimais pas lui mentir mais comme je vous l'ai dis, mentir et fuir étaient les meilleures solutions, il fallait construire des barrières pour que personne ne m'atteigne à nouveau. La douleur était assez présente.

Amour sucré : ArminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant