Encore un rêve

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Armin me prit dans ses bras et je me sentis plus calme pendant quelques instants avant que je ne le repousse. Il était le fils de cette femme que j'avais haï pendant des années. Cette femme qui n'en avait absolument rien à faire de moi. Cette femme qui mentait à ses propres enfants pour rester avec moi, alors qu'elle me négligeait, volontairement. Il n'y était pour rien mais j'avais besoin de temps pour assimiler l'information à son visage. Armin, fils de Carole. Je croyais que je n'y arriverais jamais. Je me mis à courir, malgré les protestations d'Armin. J'entendis des pas rapides derrière moi, il me suivait. Pourquoi ne pouvait-on pas me laisser seule ? Était-ce trop demander ? J'étais remontée jusqu'au lycée, je ne savais pas s'il me suivait toujours mais je m'en fichais, je sortis ma moto et l'enfourchais avant de partir en direction du pont Georges Dulce, comme à mon habitude. Peut-être aurais-je le calme à cet endroit ? Une fois arrivée là-bas, je me mis à marcher le long de la barrière de sécurité. J'avais vraiment envie de sauter par-dessus cette dernière. Mais je ne le faisais pas, du moins, j'essayais de ne pas le faire. Pourquoi fallait-il que le sort s'acharne sur moi ? Pourquoi fallait-il que la femme qui m'ait élevé soit également celle d'Armin ? Pourquoi fallait-il que ce soit la sienne ? Armin devait me voir comme sa petite sœur, ce que je ne voulais pas être. Je ne pouvais pas être sa petite sœur, je m'étais beaucoup trop attachée à lui.

Un homme se tenait debout devant une table et trois personnes étaient assises à cette table, l'homme criait mais les autres ne disaient rien, comme si cela était normal. Je me rappelais que j'avais déjà fait ce rêve en cours à côté d'Armin, le lendemain de son arrivée. Mais cette fois, j'entendais ce qu'ils disaient. L'homme s'agitait en criant : "Tu veux vraiment les aider ? Tu vas foutre en l'air notre couple, tu le sais ça ? On va faire comment avec les jumeaux ?" Et la femme à sa droite, une blonde à l'allure fine lui disait le plus calmement possible : "Philippe, calme-toi, s'il te plaît. Péneloppe et Grégory ont besoin de moi". Et l'homme enragé, du nom de Philippe lui répondit agressivement : "Alors, c'est tout ? Tu vas m'abandonner moi et les petits et je me débrouille ?". La blonde lui demanda encore une fois de se calmer et le prénommé Philippe riposta de plus belle : "C'est tout ce que tu as à dire sur le sujet, Carole ?" Carole ? Il avait bien dit Carole ? On ne parlait pas de la même, si ? Soudain leurs visages s'éclairèrent, comme si l'image devenait plus net. Et avec horreur je vis Carole et mes deux "nouveaux" parents, aussi prénommés Grégory et Péneloppe si j'avais tout suivi. Philippe quitta la table toujours aussi enragé. Quand il parlait des jumeaux, il parlait donc d'Armin et d'Alexy. Carole n'avait pas hésité une seconde sur le choix de rester avec ses enfants ou de s'occuper de moi. Carole avait préféré aider mes parents plutôt que de rester avec sa famille. Elle n'essaya même pas d'arrêter l'homme sur sa lancée. Ce dernier sortit de la masion avant de claquer la porte, violemment. Il était visiblement en colère et cela pouvait se comprendre mais s'il y avait bien une chose que je ne comprenais pas, c'était pourquoi Carole avait préféré me garder plutôt que de rester avec sa famille. Les questions tournaient encore et encore dans ma tête et j'avais l'impression que toutes les questions se ressemblaient tout en étant différentes. Avais-je finalement perdue la raison ? C'était possible. Fortement possible. J'avais l'impression que je dormais depuis une éternité lorsque je sentis quelque chose froid rentrer en contact avec mon front. J'ouvris les yeux et découvris Armin devant moi, sa main posée sur mon front et ses lèvres étirées pour former un mince sourire. Depuis combien de temps était-il là ? Depuis combien de temps étais-je endormie ici ? Je n'en avais pas la moindre idée. Un frisson me parcourut l'échine, j'avais froid. Armin enleva sa veste et la posa sur mes épaules puis il se baissa pour être à ma hauteur.

- Tu m'as fait peur, déclara-t-il.

Je hochai la tête, je ne comprenais pas ce qu'il disait mais d'un côté je ne voulais pas entendre, je n'en avais plus la force. Mes yeux commençaient à se refermer, mais Armin essayait de me garder éveillée :

- Ne t'endors pas ici, viens avec moi. On va aller à la bibliothèque.

J'essayais de me lever, en vain. Armin me fit alors monter sur son dos et il m'emmena à la bibliothèque laissant ma moto derrière nous. Il me posa sur un siège et il fit semblant de lire un livre pour ne pas que nous nous fassions virer. Je décidais de lui poser la question qui me brûlait les lèvres depuis mon rêve :

- Pourquoi Carole a-t-elle préféré s'occuper de moi ? Pourquoi n'est-elle pas restée avec vous ? Demandai-je d'une toute petite voix.

- Je ne sais pas, répondit-il. Peut-être était-il plus simple pour elle de ne s'occuper que d'un enfant ?

Je hochai la tête sans vraiment saisir le sens de sa réponse, encore une fois. Ce que j'espérais, c'était qu'Armin ne m'appelle jamais "petite sœur".

Amour sucré : ArminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant