Pleurs et mise au point

3.1K 170 35
                                    

Je lui racontais alors mon histoire en omettant quelques détails, et contrairement à ce que je pensais, ça me fait du bien d'en parler. Il m'observait avec un air concentré sur le visage comme pour assembler tout ce que je lui avais dis. Il ouvrit grand les yeux comme un enfant auquel on aurait promis une grosse surprise.

- Tu es sérieuse ?

- J'ai l'air de plaisanter ?

- Je ne pensais pas que tu te livrerais autant mais ça me fait plaisir.

Il s'approcha de moi et sans que je ne puisse l'arrêter, il m'entoura à l'aide de ses grands bras. Il posa sa tête sur mon épaule et me chuchota à l'oreille :

- Ça a dû être une journée difficile pour toi. Tu peux pleurer si tu veux. Je ne te jugerais pas. Je ne te le promets pas car je sais que tu ne veux pas que je te le dise mais c'est ma parole qui est en jeu donc je ne te mentirai pas.

Il avait exactement cerné mon problème, même s'il ne l'avait pas dit entièrement, je savais qu'il avait compris. Mes larmes coulaient toutes seules, j'avais voulu construire mes barrières pendant tellement longtemps que je m'étais pratiquement renfermée sur moi mais avec Armin c'était inutile d'essayer de construire une barrière entre lui et vous, il arrivait armé de son marteau et détruisait ce que vous aviez mis si longtemps à construire. Armin me berça et je m'enlevais de ses bras après quelques instants. J'essuyais mes larmes en lui disant :

- Pas un mot de ça à personne ?

- Motus et bouche cousue !

Il me regardait avec une lueur d'interrogation dans le regard et il finit par me demander :

- Tu vas rentrer chez toi ce soir ?

- Je pense, j'ai pas d'autre endroit où aller.

- Tu peux venir chez moi.

Je le regardais de haut en bas surprise.

- Pas de panique, dans la chambre d'Alexy, pas forcément dans la mienne.

Je ne voulais pas rentrer chez moi mais je ne voulais pas non plus aller dormir chez Armin alors je décidais de refuser sa proposition. Je rentrais chez moi quand je croisais mes parents, bras croisés sur le canapé du salon. Ils me regardaient avec trop d'insistance pour que ce soit involontaire. Je fis volte-face.

- Quoi ?

- Tu n'as pas quelque chose à nous dire ?

- Non.

- Lou !

- Non, c'est Louka pas Lou, pas pour vous !

Ils soupirèrent mais n'ajoutaient rien. Je partis en direction de ma chambre. Ma mère me suivit et me demanda :

- Où étais-tu ?

- Quelque part.

- Peux-tu me répondre clairement ?

- Tu peux me foutre la paix ? J'vous ai rien demandé à ce que je sache.

- Louka !

- Sérieusement ! Foutez-moi la paix.

Je fermais ma porte malgré les protestations de ma mère. Je ne voulais pas leur parler, c'était trop dur pour le moment. Mon téléphone sonna, je le pris et regardai l'écran. Le nom de Castiel s'y affichait. Devais-je lui raconter l'histoire comme je l'avais fais avec Armin ? Non. Il fallait étouffer l'affaire.

- Allô ? Lou ?

- Ouais ?

Mon père m'appela, visiblement énervé.

- Louka ! Descend, dépêche-toi !

- Foutez-moi la paix !

- Tu as intérêt à descendre sinon...

- Sinon quoi ! Tu me fais des menaces ? Si tu es revenu pour faire ça, tu peux te casser !

Castiel reprit alors mon attention.

- Ça va pas chez toi ?

- C'est compliqué.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Je t'expliquerai demain, je dois raccrocher, bye.

Sans lui laisser le temps de me couper, je raccrochais avant de rejoindre le salon comme mes parents me l'avaient demandé.

- Enfin ! S'exclama mon père.

- Vous me voulez quoi ?

- Nous savons que c'est difficile pour toi mais c'est dur pour nous aussi.

Je levais les yeux au ciel. Ils me prenaient pour une idiote, il n'y avait pas d'autres solutions.

- Mais nous voulons seulement ton bien alors il faut que tu apprennes à vivre avec nous maintenant.

- Vous vous foutez de ma gueule, là ? Vous ne savez pas ce que je ressens et vous ne pouvez pas ressentir la même chose parce que vous m'avez abandonné intentionnellement ! Vous aviez le choix entre le pognon et votre propre fille et vous avez choisi le pognon, alors maintenant arrêtez de mentir et assumez vos choix. Vous avez votre pognon mais vous m'avez perdu, alors arrêtez d'essayer de renouer les liens avec moi !

Je courais jusqu'à ma chambre espérant qu'ils ne me retiennent pas. Ce qu'ils ne firent pas. Je me sentais perdue, je prenais mon téléphone et sans réfléchir, j'appelais Armin.

- Lou ? Ça va pas ?

- C'est pas possible.

J'étais en larmes alors que je venais de commencer la conversation. Il devait sûrement me trouver bête mais j'avais besoin d'une personne a qui parler. Castiel me poserait trop de questions et Rosalya essaierait de me faire relativiser. Seul Armin m'écoutait sans rien dire, sans me juger, comme il l'avait déjà fait.

- Que s'est-il passé ?

- Rien de très grave. C'est stupide mais tu as un peu de temps devant toi ? J'ai besoin de quelqu'un à qui parler.

- Il n'y a pas de soucis. Vas-y.

Je lui racontais tous mes tracas, toutes mes angoisses, toutes mes colères, toutes mes tristesses, toujours en pleurs comme une enfant. Il m'écoutait attentivement, observant chacune de mes réactions, calculant chaque passage de mon histoire pour les enregistrer dans sa mémoire. Je me rendais compte que ce n'était pas une mauvaise chose de suivre le conseil de mes amis. Parler à Armin ne m'avait apporté que des bonnes choses. Il ne s'était pas mis à me rire au nez, ni à appeler les autres pour leur faire part de ma situation. Un vrai confident, un coffre fort qui a brisé mes barrières pour pouvoir garder mes secrets cachés aux yeux de tous.

___________________________

Ce chapitre sort un peu en avance car je ne suis pas sûre de pouvoir poster le prochain durant la semaine suivante, mais le prochain devrait arriver au plus tard, au début des vacances de février.

Amour sucré : ArminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant