DAD [DISCONTINUED]

CHAPITRE 5- SUR LE CHEMIN DU LYCÉE

Bip,bip. Bip, bip.

Bon sang, c'est quoi ce bruit ?!

Bip, bip. Bip...

Je coupe le réveil et me mets en position "étoile de mer" sur mon lit.

Motivée Sasha ! Motivée !

Je m'extirpe de mon lit douillet qui m'appelle et vais dans la salle de bain. Après une bonne douche chaude qui me réveille complètement, je vais préparer mon petit déjeuner. Lait au chocolat, j'ouvre le frigo pour prendre du...

 «Daaaaaaaaaaad !!!

— Non mais ça va pas de crier comme ça à 7 heures du mat' ? dit mon père en manquant de faire tomber son téléphone. Je suis juste à côté de toi en plus !

— Daaad ! je soupire. Tu as oublié de m'acheter du jus d'orange.

— Je t'en achèterai ce soir en rentrant, marmonne-t-il.

— Ouais, tu dis ça parce que ce n'est pas toi qui vas devoir me supporter pendant toute la journée. Si on avait été samedi, tu serais descendu à l'épicerie m'acheter mon jus d'orange directement ! bougonné-je

— T'arrête jamais de râler ?! lâche-t-il exaspéré.

— Je...

— Tu devrais peut-être y aller, me coupe-t-il. Tu vas être en retard.»

Je soupire. En avant ! Terminus : l'Enfer !

Mon père me lance un « bonne journée ma puce ! ». Depuis quand on passe une bonne journée au lycée ? Non mais c'est vrai ! C'est quoi cette manie chez les parents de dire "bonne journée" alors qu'on va au lycée ? À chaque fois, je me dis que mon père a subi un lavage de cerveau, qu'il a complètement oublié qu'on ne peut que passer une journée d'ennui et de monotonie au lycée. L'ascenseur s'arrête au rez-de-chaussée. Je sors de l'immeuble. À l'instant où j'ouvre la porte un courant d'air froid s'engouffre dans le rez-de-chaussée de l'immeuble. Je ferme les yeux et laisse le vent caresser mon visage. Je sais qu'à l'instant même où j'ouvrirai les yeux, les gens dans la rue ne verront que mon masque. Je deviendrais ce que les gens veulent. Je serrais pour une journée encore, l'Intouchable.

«Sasha !

J'ouvre brusquement les yeux. Je regarde, d'un air lasse, le gringalet qui trottine vers moi.

— Sasha ! Sash...Attend-moi ! me crie-t-il essoufflé

— Je t'attends, Mathias, je t'attends.

Je n'ai pas bougé d'un pouce. Je suis toujours devant mon appartement, mais comme chaque matin Mathias a peur que je m'en aille sans lui.

— Je t'ai attendu. Tu es en retard, me fait-il remarquer en remontant ses lunettes.

— Oui, je sais... grogné-je.

Il hausse un sourcil.

— Plus de jus d'orange, dis-je pour toute explication.

— Oh, je vois !»

Nous nous mettons en marche. J'aurais pu lui faire remarquer que, théoriquement, c'est lui qui était en retard, mais nous savons tout les deux qu'en réalité c'est moi qui le suis. Cela va faire 5 ans que nous empruntons ce chemin ensemble. Mêmes habitudes. Dans son appartement, de la fenêtre de son salon, il guette mon arrivée dans la rue. Il descend le plus rapidement possible, de peur que je l'oublie. Puis nous remontons la rue et allons ensemble au collège et maintenant au lycée.

Comme tous les matins Mathias est fatigué.

«Tu t'es couché à quelle heure hier soir ? dis-je d'une voix dénuée de toutes émotions.

— J'ai fait une nuit blanche, répondit-il en haussant les épaules.

— Tu vas te faire tuer par les profs, tu le sais bien.» rajouté-je neutre.

Il soupire et hausse de nouveau les épaules. Nous ne parlons plus pendant un moment. Nous ne parlons plus jusqu'à ce que nous sentions l'odeur de la cigarette en traversant la place. Nous ne sommes qu'à quelques rues du lycée.

Mathias, qui avait jusqu'à présent gardé la tête baissée sur son portable, la lève et se lance dans une explication, sur son jeu vidéo auquel il a joué toute la nuit. Je suis complètement nulle à ce genre de jeu, ce qui fait que je pose tout le temps des questions qu'il considère comme étant « bêtes », ce qui le fait énormément rire.

Je regarde à notre droite, du coin de l'œil, une bande de garçons qui se tiennent sur un banc. Ils fument et rigolent en faisant des blagues obscènes aux lycéennes et aux jeunes femmes qui passent à proximité.

Mathias accélère le pas et nous sommes maintenant dans une marche rapide. Je l'observe discrètement, son regard, son corps, tout est dirigé vers l'autre côté de la place. Il continue à parler de tout et de n'importe quoi, avec un faux sourire collé sur son visage. Nous sommes presque de l'autre côté de la place. Heureusement pour nous (enfin surtout pour Mathias) les garçons ne nous ont pas vu passer trop occupés à traiter de tous les noms une étudiante qui a eu le malheur de se mettre en jupe et de passer devant eux.

Nous ne sommes maintenant, qu'à deux rues du lycée quand j'entends une voix, que je ne connais que trop bien, nous héler. Je vois Mathias qui était enfin redevenu normal se raidir.