4. LA CHASSE À L'HOMME

43 4 0
                                    

           Déjà une heure que Matt court en direction de l’est, enfin il le suppose, pour échapper à ses assaillants. Il est trempé, frigorifié. Il court mais pour aller où, il n’y a personne, pas âme qui vivent à des kilomètres à la ronde. Il réfléchit et soudain il lui vient une idée. Il a enfin un plan. Il va éloigner ses assaillants le plus loin possible du chalet et il fera une boucle afin de récupérer sa moto, des vêtements secs et des provisions. Il s’avance plus profondément dans la forêt, il doit mettre suffisamment de distance entre lui et les hommes de Giuseppe.

         Il est midi, le soleil est à son zénith mais hélas la forêt étant dense, les rayons du soleil ne pénètrent pas pour aider Matt à sécher et à se réchauffer. Il est glacé et son estomac commence à réagir. Voyant qu’il court depuis longtemps, Matt commence à bifurquer vers sa gauche, en direction du nord afin d’attaquer sa boucle et de pouvoir revenir au chalet. L’après-midi est bientôt terminé, le soleil à commencé sa douce descend vers l’horizon. Matt a réussi à contourner ses adversaires. Le chalet se trouve droit devant lui, il peut en apercevoir le toit. Giuseppe et ses hommes sont derrière lui mais suffisamment loin pour le laisser un peu respirer. Il s’approche lentement du chalet, aux aguets. A quelques pas seulement de sa moto, Matt s’aperçoit qu’il manque plusieurs pièces dans le moteur de celle-ci et que ces deux pneumatiques sont crevés, perçés surement par une lame de couteau sur environ cinq centimètres. Il est coincé, il ne pourra pas rejoindre la première ville pour appeler des renforts ou demander de l’aide. Il est tout seul et devra se débrouiller par ses propres moyens qui sont très minces.

       A cet instant, l’un des deux hommes restés au chalet, sort et lui demande de se rendre et de mettre les mains en l’air. Matt part alors sur sa gauche pour se planquer derrière le cabanon ou se trouve les toilettes et le groupe électrogène. L’homme tire alors en direction de Matt. Le coup de feu va ramener la bande de Giuseppe jusqu’au chalet. Il n’ a pas le choix, il doit repartir et au plus vite avant que les autres ne rappliquent. Il comprend alors que son avenir est compromis. Lui qui se faisait une joie de venir pêcher dans un endroit discret se retrouve en plein cauchemar au milieu de nulle part.

          Il court, il court à en perdre haleine. Il sait que les hommes ne sont pas loin derrière. Il les entend, ils le cherchent. De nouveaux problème vont faire leur entrée dans la situation à laquelle il se trouve confronté. Il fait nuit, froid et il va devoir trouver un endroit pour passer la nuit en toute sécurité et sans mourir de froid. Ses vêtements sont trempés et la nuit, la température peut descendre aux alentours de trois ou quatre degrés. Il lui faut également trouver de quoi se nourrir. Après avoir couru toute la journée, sans rien avoir manger depuis son petit déjeuner, Matt se trouve affaibli, quasiment en hypoglycémie. Il tient le coup mais il a une grosse douleur dans le bas gauche du ventre. Il regarde en direction de cette douleur. Son tee-shirt est tâché de sang, il a pris une balle lorsqu’il s’est approché du chalet. Il maintient alors une pression constante sur sa plaie pour ne pas se vider de son sang et cherche désespérément un abri pour la nuit. Enfin, il tombe sur un arbre couché. Le tronc ainsi que les branches forment un creux suffisamment grand pour que Matt puisse s’y glisser pour la nuit. Il sera protégé un peu du froid et surtout il sera à l’abri  des regards. Il s’y installe le plus confortablement possible mais les nuits sont fraiches et il n’a pas grand-chose sur son dos. Il décide de soigner sa blessure en prenant une bande de son tee-shirt pour réaliser un pansement compressif . il doit impératif qu’il arrête le sang de s’écouler parce qu’il a déjà perdu beaucoup de sang et si ça continue, il ne tiendra pas longtemps et aussi parce qu’il laisse des traces de sang derrière lui et que ses assaillants le suivent à la trace grâce à cela. Il grimace, la douleur est terrible mais bonne nouvelle, la balle est ressortie de l’autre côté. Il finit par perdre conscience sous la douleur. Quatre heures plus tard, il est minuit, Matt revient à lui. C’est le froid et sa douleur qui l’ont réveillé. Il doit faire moins deux degré en cette fin de novembre. Il est frigorifié, grelotte, claque des dents. Il n’a pas bonne mine.

        Non loin de lui, il sent la fumée d’un bon feu de camp. Les hommes de Giuseppe ont fait un feu pour se réchauffer. Ils sont juste à côté de lui à environ six cent mètres mais Matt n’a pas la force de repartir pour profiter de la nuit afin de mettre de la distance entre eux et lui. Il doit avoir de la fièvre car il divague. Il s’imagine auprès d’un bon feu. Il ressent la chaleur qui l’enveloppe ou est ce la fièvre qui le réchauffe ? l’odeur du bois brûlé lui chatouille les narines. Il finit par à nouveau dans le sommeil.

          Matt est réveillé à l’aube. La faim le tenaille et surtout il a froid, il a toujours de la fièvre qui le fait tremblé de la tête aux pieds. Il lui faut trouver de la nourriture et rapidement, il n’a rien mangé depuis hier matin. Il se lève sans faire de bruit , il grimace, la douleur est insoutenable mais il va falloir repartir et rapidement avant que Giuseppe et ses hommes ne se lancent à sa poursuite. En marchant avec prudence pour ne pas faire de bruit, il finit par trouver un arbuste qui produit des petites baies rouges. Il ne sais pas si elles sont mangeables mais il n’a pas le choix, il lui faut manger quelque chose pour pouvoir reprendre la route et trouver une solution pour se sortir de là. Il prend le risque et mange une grosse poignée de ces baies rouges. S’il doit mourir alors il préfère tenter  ces fruits que de mourir de faim.

            Tout à coup, un bruit se fait entendre à environ deux cents mètres derrière lui, il se planque alors derrière le buisson. C’est un des hommes de Giuseppe qui s’est éloigné du groupe afin d’uriner en toute discrétion. Il a choisi l’arbre qui se trouve seulement à quelques mètres de Matt. Il n’a pas le temps de réfléchir plus longtemps. Il attaque l’homme par derrière. Il se jette sur lui, en passant son bras autour de son cou. Il ne doit pas faire de bruit sinon tous ces copains pourraient débarquer. L’homme essaye de se défendre tant bien que mal mais Matt ressert un peu plus son étreinte autour de son cou. L’homme suffoque, il manque d’air et finit par rendre son dernier souffle. Matt se dépêche de fouiller l’homme. Malheureusement, il n’y a ni arme, ni nourriture. Il prend alors son manteau, au moins, cette nuit, il aura moins froid que la nuit dernière. Après avoir enfilé le blouson, il part en courant vers le sud. Il a repris un peu de force malgré sa blessure et surtout a trouvé un plan. Il décide de se diriger vers le lac, de le contourner et de rejoindre le chemin à l’ouest. Sa moto est hors service mais ses poursuivants sont surement arrivés avec des véhicules. Ils sont probablement restés garés sur ce chemin à une bonne distance du chalet. Il pourra alors rejoindre le restaurant et donner l’alerte. Seul problème,  le lac est très grand et la route va être longue pour le contourner. Giuseppe et ses hommes sont toujours derrière                                                         lui, de plus, ils seront un peu énervés lorsqu’ils vont s’apercevoir qu’il a tué l’un des leurs. Il repart donc en direction du sud mais comme il ne sait pas trop comment s’orienter, il va falloir y aller au « feeling ».

           Pendant ce temps, le groupe de huit hommes restant, ne voyant pas revenir leur collègue, ils décident de se remettre en marche à la recherche de leur copain. Ils tombent dessus, Giuseppe se met alors à hurler. Matt l’entend, il est content du résultat. Mais hélas, il s’est aussi qu’ils ne lui feront pas de cadeaux.

             - « Tu vas me le payer, sale flic de merde. »

Un Flic Aux Enchères Où les histoires vivent. Découvrez maintenant