22. LA FOLIE TRANSITOIRE

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             Matt est resté couché, sanglé sur son lit à l’infirmerie de la prison durant deux jours. Le médecin lui cherchait une place dans l’aile psychiatrique de l’hôpital de Miami. Il est placé sous sédatif car lorsqu’il est éveillé, il ne cesse de se débattre et de répéter encore et toujours la même chose « ne plus souffrir, m’ouvrir les veines ». Matt est transféré par ambulance. Il est endormi pour tout le trajet pour sa sécurité et celle des autres. En arrivant, il est placé dans une chambre individuelle possédant une vue sur le parc mais avec des barreaux. La chambre est petite. Les murs blancs en font un lieu totalement froid et impersonnel. Un lit médical avec des sangles, une table de nuit et une armoire meublent la pièce. Une petite salle d’eau se trouve dans un coin de la chambre. L’aile réservée à la psychiatrie est sous haute surveillance. Il est installé dans son lit, sanglé et mis sous tranquillisant. Il est éveillé mais ne bouge pas. Il a les yeux dans le vide. Il reste dans la même position durant trois jours. Un infirmier lui donne à manger trois fois par jour. On lui fait sa toilette. On lui a posé une sonde urinaire car comme il ne parle plus, il ne réclame pas pour aller aux toilettes. On lui administre des cachets pour qu’il soit détendu, tranquille.

              Matt est calme. Il ne se débat plus. Le médecin décide qu’il est temps de détacher Matt. Les médicaments ont fait de l’effet à Matt. Il est très docile. Il pourra se promener dans l’aile, se rendre dans la salle de télévision et de distraction. Dans cette salle, il y a des tables et des chaises pour jouer aux cartes, faire des puzzles et au fond il y a des canapés pour regarder la télévision. Mais lorsque le médecin psychiatre William Mckay lui ôte les sangles, Matthew réagit étrangement. La plupart des pensionnaires de l’établissement, une fois détachés, se lèvent et se précipitent dans les couloirs en courant, goûtant à une liberté retrouvé. Mais, Matt, lui s’est recroquevillé sur lui-même. Il s’est mis en boule, en position de fœtus, comme si la peur le tenaillait. Il recommence à répéter sa phrase mais en la chuchotant pour lui.

            -  « Ne plus souffrir, m’ouvrir les veines. Ne plus souffrir, m’ouvrir les veines. Ne plus souffrir, m’ouvrir les veines. Ne plus souffrir, m’ouvrir les veines. »
            - « Matthew, tu peux te lever si tu le souhaites. Je voudrais te faire visiter l’endroit. »
               - « Ne plus souffrir, m’ouvrir les veines. Ne plus souffrir, m’ouvrir les veines. »
               - « Matthew, je vais te laisser. Quand tu te sentiras prêt, tu pourra partir explorer les couloirs. La porte de ta chambre reste ouverte la journée.

                 Il reste ainsi, en boule dans son lit durant trois jours de plus. Ben vient lui rendre visite et parler au médecin qui s’occupe de son ami. Le médecin lui fait visiter les lieux. Ensuite, ils vont dans le bureau de William.

               - « Comment va mon ami ? »
               - « Ecoutez, c’est un pensionnaire plutôt calme. Il ne dit quasiment rien à part une phrase unique qu’il répète sans cesse dans ses périodes de stress. Il ne bouge pas non plus. Il semble prostré. Lorsque nos internés sont détachés, ils vont souvent se balader aussitôt dans les couloirs, ils veulent tout visiter mais votre ami a eu une drôle de réaction. On aurait dit qu’il avait peur. Il s’est mis en boule dans son lit et s’est mis à répéter sa phrase. Il n’est pas sorti une seule fois de sa chambre et encore moins de son lit depuis trois jours. A chaque fois qu’on voulait s’approcher de lui, il avait un mouvement de recul. Ça va mieux maintenant, il nous laisse l’approcher pour le nourrir et le laver. Je vous propose de rester, nous allons l’obliger à sortir de sa chambre aujourd’hui. »
                - « Vous pensez qu’il redeviendra comme avant un jour. »
                - « Je ne peux rien vous garantir. Les médicaments peuvent améliorer son état mais il faut aussi qu’il le veuille. »
                - « Ca me fait mal de le voir dans cet état. »
                - « La venue d’un ami peut parfois aider à la guérison. »
                - « Il n’a pas le droit aux visites mais je pense que la visite d’un officier de police pour surveiller ses progrès pourrait être envisageable. »
               - « Venez, ils vont l’emmener dans la salle de distraction. »

Un Flic Aux Enchères Où les histoires vivent. Découvrez maintenant