2: Jonathan.

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• Woodkid, Run boy run.

   "Nathan, tu m'entends?"

J'enfile mon bonnet sur mes cheveux bruns hérissés, et attrape mes écouteurs pour pouvoir utiliser mon téléphone en pédalant.

"Oui, je suis prêt. On se rejoint à l'endroit habituel?
-ça marche. Fais attention, j'ai vu une voiture de police patrouiller dans ton quartier. Fais-toi discret.
-je vais emprunter un autre chemin."

Toujours en ligne, je monte sur mon vélo en faisant attention à ne pas faire claquer le portail ; il ne manquerait  plus que mes parents se réveillent.
Je tourne brusquement vers la droite, faisant remuer mon sac ; les bombes font un bruit de tonnerre. Côté discrétion, il y a mieux.
Je décide de me dépêcher, en me faufilant entre les grandes maisons éteintes. Il n'y a aucun bruit ni aucun mouvement à part moi, vêtu de noir, pédalant le plus rapidement possible sur mon vieux VTT. Je quitte très vite les routes goudronnées pour des vieux chemins de campagne ; je fais tout le tour du lotissement, dans l'obscurité, me fiant à ma grande mémoire. Depuis mes écouteurs je peux entendre la lourde respiration de mon ami, ainsi qu'un léger sifflotement: le vent. Le connaissant, il doit pédaler à une vitesse folle. Il a toujours été plus rapide que moi, malgré mes entraînements acharnés.

Mon chemin me fait quitter la campagne et je me retrouve à nouveau dans la ville. Je suis éclairée par les lumières jaunie des vieux lampadaires, mon ombre glissant sur les murs et les trottoirs.

"J'y suis dans cinq minutes. Et toi?
-je ne vais pas tarder."

J'augmente le rythme ; j'arrive en vue de la zone industrielle. Je dépasse quelques bâtiments modernes et brillants avant de ralentir à la vue d'un vieux hangar abandonné. Je le vois pédaler dans ma direction et s'arrêter juste devant moi. Lui aussi vêtu de noir, son bonnet enfoncé jusqu'à ses oreilles, il me sourit malicieusement.

"Je suis encore arrivé avant toi.
-faux. Nous sommes arrivés en même temps.
-aller, pour une fois je vais te laisser le bénéfice du doute."

Je descends du vélo en tirant mon sac de mes épaules.

"Bon, au travail."

J'ouvre mon sac et en sort une bombe que je lance à mon ami, qui se met aussitôt à la secouer énergiquement.

"Tu es sûr qu'il le verra de sa fenêtre?
-à 100%. Il ne verra que ça."

Un immeuble contenant différents bureaux fait face au hangar délabré. Oui, j'ai vérifié de nombreuses fois : mon beau-père verra tout de suite le graffiti en arrivant au bureau, demain matin.

Au bout de quelques minutes d'effort, notre œuvre est achevée. L'inscription, de couleur rouge sang, s'étend de forme inégale sur tout le mur. Fier de mon œuvre, je ne peux cacher un sourire satisfait, que mon ami ne peut s'empêcher de relever.

"Garde ce sourire ; ça va vraiment barder pour toi.
-il ne saura pas que ça vient de moi.
-il est loin d'être idiot.
-peu importe ; qu'il essaye de me faire du mal, je me défendrai."

Il soupire, me tapant doucement l'épaule.

"On trouvera une autre manière de se venger."

J'enfile mon sac à dos et remonte sur mon VTT, mais il prend son téléphone, prenant notre œuvre en photo ; je pouffe.

"T'es dingue !
-c'est pour ma collection.
-dépêche-toi, il faut partir."

Friendship's blindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant