•Spoon, Do you.
"Roxanne, ouvre cette porte!"
J'attrape mon téléphone, et le coince avec mon épaule en attendant que mon contact décroche. J'attrape un grand sac et y entasse tout ce qu'il faut pour une semaine ; je retourne entièrement les tiroirs de ma commode, prenant des vêtements au hasard.
"Salut, vous êtes bien sur le répondeur de Jonath-"
Je raccroche en soupirant, et appelle quelqu'un d'autre.
"Oui?
-Salut Félicie ! Est-ce que ça vous dérangerait de m'accueillir quelques jours ?
-Qu'est-ce qu'il se passe?"Je soupire, changeant mon téléphone d'épaule.
"Je me suis disputée avec Donovan.
-Encore ?
-Oui, encore. Mais cette fois c'est sérieux."Elle ne semble pas très convaincue mais accepte tout de même ; je la remercie puis range mon téléphone dans ma poche.
J'attrape mon sac et sors de la pièce ; Donovan m'attend devant la porte, les bras croisés."Roxanne, on peut en parler..."
Il tente de m'attraper par le bras, mais je le repousse.
"J'ai envie d'être seule.
-Tu vas rejoindre tes amis!
-Rectification: j'ai envie d'être avec n'importe qui, sauf avec toi."Je me dirige vers la salle de bain, prenant rapidement ma brosse à dent et quelques autres produits essentiels. Il continue de me parler mais je l'ignore, préférant ne même pas l'écouter.
Une fois dans l'entrée de l'appartement, j'enfile mes chaussures et mon manteau ; il tente toujours désespérément de me retenir, en vain."Donovan?"
Il s'arrête brusquement de parler, la respiration tremblotante.
"Pourrais-tu me passer mon sac à main?"
Il lève les yeux au ciel, et attrape mon sac, posé sur le meuble derrière lui. Je le remercie silencieusement, puis lève les yeux vers lui.
"Appelle-moi dans une semaine. Je t'écouterai."
Sur ces mots, je claque la porte de l'appartement derrière moi et dévale les escaliers, le bruit de mes talons hauts résonnant probablement dans tout l'immeuble.
Quelques minutes plus tard, je me gare devant la petite maison de Félicie et Alice. Avant de sortir, je me remaquille à l'aide d'un miroir de poche ; mon rouge à lèvre rouge vif me redonne un peu de confiance, me faisant oublier le temps d'un instant les problèmes de ma vie amoureuse.
La sonnerie de mon téléphone me fait sursauter ; je décroche en souriant."Félicie! Je suis garée juste devant chez toi.
-Ça tombe bien ! Tu veux sortir ? Alice va rester dormir, mais on peut prendre Delilah en passant.
-Tu es brillante, Félicie!"Je raccroche en souriant ; cette soirée s'annonce merveilleuse.
Le temps que Félicie se prépare et me rejoigne, je fouille ma voiture pour m'occuper. Je retrouve un disque de rock que j'adore, et que je m'empresse de glisser dans le lecteur ; dans la boite à gants, je tombe sur une sucette encore dans son emballage, un préservatif, divers papiers qui paraissent trop ennuyeux pour que je perde du temps à les lire....et mes doigts glissent sur une vieille photographie écorchée sur les coins, représentant Charlie, Donovan et moi, enlacés. Notre ami se tient entre nous deux, ses bras autour de nos épaules, comme s'il nous protégeait. Et c'est vrai que c'était le cas : si nous sommes ensemble aujourd'hui, c'est parce que Charlie était là pour y veiller. Maintenant....
Maintenant c'est le désastre. La mort de Charlie nous a tous ébranlés mais j'ai l'impression que Donovan, lui, n'arrive pas à s'en remettre. C'est une personne totalement différente maintenant : il passe son temps au travail, -soi disant faisant des heures supplémentaires car nous avons des problèmes d'argents- et quand il n'est pas au travail, il erre je ne sais où, et souvent se plonge dans un mutisme déconcertant en regardant la télévision. Depuis la mort de Charlie, il ne m'a pas touché une seule fois : c'est comme s'il n'osait même pas me regarder dans les yeux, comme s'il se dégoûtait -ou bien comme si je le dégoûtais.
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Friendship's blind
Mistério / Suspense(Everything that I left behind, or nostalgia) ->Nostalgie : (par analogie) Regrets, non seulement d'un pays, mais d'un milieu auquel on a cessé d'appartenir, d'un genre de vie qu'on a cessé de mener, d'amis qu'on a perdus, d'un passé qui ne reviendr...