Chapitre un

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Him.

Je laisse mes mains recouvrir ma bouche pour étouffer mes sanglots, que je ne peux retenir. Ce ne sont pas des larmes de tristesse, mais de joie intense, qui arrivent à me faire trembler. Cette sensation, ce bonheur qui s'immerge en moi me réveille instantanément. Je ne saurai vous décrire ce que ça me fait mais je ne veux pas que ça s'arrête.
Il se lève, voyant que je ne peux bouger et il s'approche de moi. Je n'arrive pas à y croire, je reste fixée sur l'idée que je dois rêver, mais sans douleur. Ce n'est seulement après son toucher sur mon bras que je comprend.Il est bel est bien là, devant moi, cet homme qui a bercé mes tous premiers sentiments et qui les a toujours bercés. Cet homme à qui mon cœur appartient. La douce lumière éclaire désormais son doux visage et je peux enfin l'admirer, comme autre fois, comme quand je l'ai rencontré, son visage est si parfait, rien n'a changé, malgré toutes ces années. Aucune cernes n'entoure ses yeux, aucune marque de violence ou de fatigue n'est présente, j'en déduis donc qu'il a peut-être arrêté toutes ces conneries.
Une partie de moi l'espère, la majorité, mais je ne peux empêcher l'autre partie d'espérer que non, serait-ce ce qui lui donnait tant de charme ? Je ne saurai vous répondre, mais je laisse ces questions de côté.

-Annabella ?

Sa voix est identique à la dernière fois que je l'ai entendue. Si rassurante, si paisible et calme. Tout ce que j'aimais chez lui est resté intact. Je n'arrive pas à ouvrir la bouche, tant la curiosité et l'incompréhension sont immenses.
Après quelques secondes, je décide de me reprendre en main et de revenir à la réalité qui est ; le père de mon enfant est là, devant moi, après avoir passé six longues années loin de moi, et de Lily.

-Nate ? Je souffle par peur de dire une bêtise, ou je ne sais quoi d'autre.

Comme si je voulais m'en assurer. Il hoche la tête, un léger sourire aux lèvres, avant de me chuchoter un petit, oui, qui permet de me libérer une fois pour toutes. Je me laisse tomber dans ses bras et je laisse couler les larmes, abondamment sur mon fin visage, caressantes ma peau hâlée, légèrement tachée de rousseurs. Il fait glisser ses fors bras autour de mon corps et il me soulève de sorte à me faire sortir de la pièce où dort paisiblement le fruit de notre amour. Je ne le lâche pas et je laisse ma tête au creux de son cou. Je sens qu'il me dépose sur mon lit et je me détache finalement de lui. La plus forte luminosité me brûle les pupilles, avant de m'y habituer. Il s'assoit à mes côtés et je n'ose pas le regarder, par peur de m'effondrer une nouvelle fois, cet homme me rend folle, et me rend fragile, par je ne sais quel moyen.

-Je pensais te voir accompagné à cette heure-ci... Dit-il simplement, comme si c'était une évidence.

J'arrive enfin à prendre la parole, en regardant droit devant moi :

-Pourquoi ça ?

Tout semble particulier en ce moment même, la couleur des mûrs, la texture du drap recouvrant mon lit, que j'agrippe à forte poignée, les lumières de la ville éclairants ma chambre par la fenêtre légèrement ouverte, ou bien la bouteille de whisky, à moitié pleine, vidée par mes soins au cours de ces derniers jours, tant la douleur morale était forte. J'en avais besoin, mais plus dans l'immédiat. Ces retrouvailles ne sont pas dignes d'un film américain, dans lequel les deux personnages sauteraient de joie, réveilleraient tout le quartier et se ferraient l'amour toute la nuit. Non, nous, au lieu de ça, nous sommes assis sur la bordure du lit, côte à côte, fixant un point imaginaire et ne sachant pas quoi se dire. L'amour remplit ma poitrine, mais je ne sais pas comment l'exprimer.

Merde, l'homme que j'aime est à mes côtés.

Je réalise enfin l'impact de la chose et je tourne la tête dans sa direction pour me laisser attraper par cette vaste chose qu'est l'amour. Ses yeux me dévorent et je m'y perds, dans l'espoir d'y trouver une once de ce drôle de sentiment que j'approuve pour lui.

Innocence -TomeII-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant