Chapitre deux

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  Cette nuit a été la plus longue de ma vie. Cet intense sentiment qui n'a cessé de s'immerger en moi ne m'a pas laissé un seul moment de répit.
J'ouvre difficilement les yeux après avoir pris conscience de la paire de bras entourant mes hanches. Son souffle chaud caresse ma peau, doucement, tranquillement. Comme une rivière s'écoulant dans un fleuve.
Les volets ne sont pas fermés et la fenêtre est encore ouverte. Je me remémore ma soirée après notre règlement de comptes, il ne m'a pas laissé le temps de réfléchir et il m'a attiré dans ses bras, posant ses douces lèvres sur les miennes. Je ne peux retenir mes doigts qui viennent se poser lentement sur mes lèvres rosées. J'ai la bonne impression que les siennes sont encore là, rafraîchissantes mon corps devenu bouillant en une fraction de seconde. Je souris et j'attrape sa main en faisant attention de ne pas le réveiller. Je n'ai pas pu le laisser partir loin de moi à nouveau, même si il serait resté sur le canapé pour la nuit. Je comptais bien rester à ses côtés et c'est ce que j'ai fait. J'ai assez souffert comme ça. C'est fini. On devra en parler, encore et une fois pour toute. Mais pas maintenant.
Le soleil éclaire la pièce et je reste enroulée dans mes draps, collée à l'homme que j'aime. Je ne peux pas voir son visage, mais je connais sa beauté et je sais qu'il est magnifique, même le matin. Voyons, vous savez que beaucoup de personnes se plaignent de ne pas l'être, que beaucoup de personnes vous sermonnent de ne pas les regarder le matin. Mais lui, il n'est pas comme ça, il aime la simplicité.
C'est d'ailleurs pour ça qu'il doit t'aimer.
Oh oui sûrement.

Je chasse ces pensées quand sa voix roque et suave du réveil vient chatouiller mes oreilles. Il est si près de moi que des frissons secouent mon corps sans que je puisse les contrôler. Je tente tant bien que mal de cacher mes joues qui s'empourprent quand il me susurre des mots doux, mais ma tentative échoue et il se mit à rire quand il me vu gênée. Son rire est identique et ça me fait du bien de l'entendre, encore et encore. Il me soigne de toutes ces années d'incertitude. Je jette un regard à mon réveil qui affiche neuf heures passées et une envie pressent me prive de ce bon moment que je passe. Je me défais doucement des bras de Nate pour me précipiter au toilette et je m'enferme le sourire aux lèvres après avoir vaguement entendu Nate parler de mes fesses. Mon anniversaire arrive à grands pas, plus que dix-huit jours et j'aurais trente ans. Le sentiment d'être aimée par l'homme qui vous rend folle, même à cet âge-là ne peut que me rendre heureuse. Tout est allé si vite, dorénavant, j'ai besoin de lui, et je ne le laisserais pas repartir loin de moi, loin de Lily. En parlant de cette dernière, je peux l'entendre rire dans ma chambre. Je me dépêche de sortir de la salle de bains après avoir fait ce dont j'avais envie et je les vois là, sur le lit. Nate souriant de toutes ses dents et Lily sautant sur le matelas. Mais elle ne le connaît même pas, qu'est-ce qu'il se passe ? Quand ils prirent enfin conscience que j'étais là Lily se précipita dans mes bras en riant. 

-Maman, Papa est là.

Sa phrase s'écrasa sur moi tel une vague me laissant clouée sur place n'arrivant pas à comprendre comment a-t-elle pu dire ceci. Ce n'est qu'en jetant un regard à Nate que je compris. Il lui a dit. Comment a-t-il pu ? J'enferme la naissante colère en moi tandis que j'explique à Lily qu'il faut qu'on parle, lui et moi. Je sors de la chambre rapidement avec ma fille dans les bras et je vais la déposer devant la télé, je sais qu'elle restera là, absorbée par les dessins animés. Je repars d'un pas décidé vers la chambre où m'attend Nate, encore couché dans mon lit, enroulé dans un fin drap blanc qui est pour tout vous dire, assez transparents et quelques secondes, je me faillis à me perdre dans sa description, mais je me repris soudainement. Il a dit qu'il était le père de ma fille, merde, comment a-t-il osé. Je laisse la colère prendre possession de moi et je porte ma main à son visage.

-Tu étais obligé de lui dire ? C'était mon rôle merde ! Elle ne t'a jamais connue et toi, tu oses lui dire comme ça, sans lui laisser le temps de te connaître, que tu es son père ? C'est une enfant Nate ! Elle n'a que six ans, elle a vécue toutes ses années sans toi et t'avoir soudainement à ses côtés doit être un vrais choc pour elle. Je marque une pause en passant mes mains sur mon visage ne sachant pas comment lui dire. Je ne lui ai jamais parlé de toi. Je n'avais aucune nouvelle et je ne pouvais pas lui dire que son père n'était plus là, et qu'elle ne le verrait jamais. C'était impossible, elle aurait trop souffert. Les larmes brouillent ma vue et je me retourne pour me cacher. Il ne doit pas me voir comme ça, je suis forte maintenant. 

Une paire de mains vinrent s'appuyer sur mes épaules m'obligent à me tourner et je me retrouvais face à ce gars totalement déconcertant. Il n'affiche aucune expression, jusqu'à ce qu'un froncement de sourcils vînt endurcir son doux visage. 

-Je sais que tu as passé ces années dans les bras d'un autre homme, j'étais loin de toi, mais pas tant. Le souvenir des hommes que j'ai vu au tout début de ma relation avec Elijah vint me perturber. Ils m'étaient familiers de Nate. Je savais que quelque chose se tramait, mais sûrement pas ça... Je ne pouvais pas te laisser une minute seule et quand j'ai appris que tu étais enceinte, j'ai tout d'abord pensé que c'était de ce connard, mais rien ne coïncidait, ce n'était pas possible, tu m'aimais et je ne te pensais pas capable de ça, et j'en ai la certitude aujourd'hui. C'est ma fille, et pas la sienne. Elle n'a pas à avoir un seul souvenir de lui comme son père. Alors oui, j'ai le droit de lui dire, et elle a le droit de le savoir. Je suis son père et je ne la laisserais pas partir, ni toi d'ailleurs. J'ai longuement réfléchi, et Dieu seul sait que je l'ai eu le temps, et je veux passer le reste de mes jours à tes côtés. Tu m'as offert la meilleure chose qu'il pouvait y avoir. Tu m'as rendu accroc à toi et je le suis à elle aussi. Elle est nous. Chaque fois que je la vois, elle me rappelle l'amour que je te porte. Oui, je t'aime Annabella. Réjouis-toi, car c'est la seule fois que je te dirais autant de choses romantiques. J'ai été pris d'un élan de gentillesse. Et sur ce, il sortit de la chambre en secouant la tête me laissant seule, comprenant petit à petit que son amour envers moi est immense et qu'il a vraiment du mal à l'exprimer. 

Je me retrouve à doucement sourire au fur et à mesure que je me repasse ses mots dans ma tête. Je m'assois sur le lit, au même endroit où il était cette nuit et je hume son parfum. Il a fallu que je le gifle pour qu'il me dise qu'il m'aime enfin. Il est plein de mystères et je suis prête à les découvrir le long des années qui nous seront données. 

Il m'aime.   

Innocence -TomeII-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant