1er Septembre, Première année

129 19 21
                                    




1er Septembre

Grande Salle, 21h



Ils sont tous là, devant-moi, les quatre fondateurs. Il n'y en a aucun qui me regarde, je suis inexistante. Non, ils préfèrent regarder avec attendrissement leurs nouveaux élèves.

Cher journal,

J'ai changé. La Cérémonie de la Répartition m'a changé. Elle est maintenant finie, beaucoup de choses ont pris un cours différent depuis que je t'ai écrit pour la dernière fois. Pourtant je me sens bien. Mieux même. Les gens me regardent toujours aussi étrangement, comme si j'étais une bête de foire mais maintenant, je suis respectée. Pas encore crainte, ils ne s'écartent pas sur mon passage mais c'est un futur possible et hautement probable. Ce sentiment de supériorité est une chose que j'aimerai garder le plus possible.
La soirée fut grandiose, sous tous les points. Le sommeil ne me venant pas après ce trop plein d'émotions, j'ai pris ma plume pour me libérer, pour écrire à toi, mon reflet parfait dans un miroir, la retranscription de mes actions, car il n'y a que toi qui puisse me comprendre.

Ceci était le point décisif, la plaque tournante, l'évènement crucial de mon passé, mon présent et mon futur.

Il était 18h et j'entendais les cris résonner dans les murs de l'école alors que j'étais à la bibliothèque. Créée par Rowena Serdaigle, alimentée en livres depuis 10 ans, âge de l'école aussi, elle servait aussi de refuge pour toutes personnes comme moi, qui voulait se cacher ou s'évader dans un monde très lointain... Loin des bûchers, des guerres géopolitiques, des mariages forcés, de la religion et des moldus. Tous les élèves devaient être arrivé. J'allais enfin rencontrer mes camarades, faire face à leurs opinions, à leurs rumeurs, je pourrais enfin savoir ce qui se dit sur moi de manière moins floue qu'autrefois. Et je pourrais aussi répondre à tous ces commentaires.

Une missive complètement formelle de mon père m'avait informée que le repas commencerait à 18h15, et le retard n'étant pas accepté dans la famille, il fallait que je partes sur le champ où j'arriverais en retard. Je ne portais pas trop d'attention à ce détail, mais je ne voulais pas surgir en plein milieu de la Grande Salle lorsque tout le monde serait installé. Provoquer les rumeurs n'étaient pas ce que je voulais pour le moment.
Telle une chenille qui sort de sa chrysalide, je m'extirpai du cocon de livres qui s'était formé au fur et à mesure des mes lectures. Je me faufilais discrètement hors de la bibliothèque, laissant mon bazar sur place, j'imagine que maintenant, plusieurs heures après, quelqu'un a tout rangé. Les escaliers de pierres ne me firent pas de coups bas et le chemin pour accéder au Hall.  A petits pas, la tête baissée, je rejoignis la table des Gryffondor – bien entendu – pour finir par me placer à côté des deuxièmes années, comme si j'étais une des leurs. On me regarda, me fixa, m'épia. J'entendis les chuchotements résonner dans mon dos mais ils pouvaient bien parler, je m'en contre fichait, je n'étais pas ce qu'ils croyaient que j'étais.

Je lançais un coup d'œil à la table des professeurs pour passer le temps mais aussi confirmer la cruelle vérité qui régissait toute ma vie. Mon père, le grand Godric Gryffondor s'amusait à compter fleurette à une de ses collègues plutôt que de jeter un regard à sa fille qui n'attendait rien d'autre qu'un signe de sa présence autour d'elle. De toute façon, pourquoi avais-je cru qu'après onze ans d'absence il allait miraculeusement réapparaitre ? Le propre d'une habitude était que c'était un fait récurent, alors pourquoi avais-je autant d'espoir dans mon cœur ? Il était vain de penser que parce que j'étais venue à Poudlard, il allait laisser son école chérie. Sa deuxième fille comme il aimait l'appeler. J'aurais plutôt dit sa première, vu l'apparence de mon cœur, déchiré par la tristesse et la solitude qui le rongeait.

Sur le chemin de la gloire | HPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant