26 septembre, Première année

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26 septembre

Hangar à bateaux, 11h17



La vie a repris son cours tranquille. Du moins pour tout le monde sauf pour moi. Je me plais bien dans cette nouvelle maison. Je n'ai pas revu mon père que deux fois, même si il a de nombreuses fois tenté de m'intercepter ! Mais j'avais réussi à l'éviter avec talent, cette soudaine capacité était apparue et franchement, elle était plutôt utile. La vie était quelque chose d'étrange. Il y a un mois, j'aurai tout donné pour que mon père me regarde mais maintenant les rôles étaient inversés, c'était moi qui fuyait. Je menais la danse. Il n'y avait plus de pitié en moi, tout s'était évaporé comme neige au soleil.

Je t'écris depuis une barque, cachée par des filets de pèche et par les rames. Ma robe m'emmitoufle, coincée entre mes jambes.Personne ne me dérangeait jamais ici, à croire que personne ne connaissait l'endroit ! Je m'y rendais tout le temps, seule et je pouvais y rester des heures. Me faire porter par l'eau était relaxant. En effet, vu que l'endroit était désert, je ne risquais pas d'être victime des commérages ou encore pire de devoir croiser le regard de mon père. J'avais tout mon temps pour travailler, lire ou encore, même si c'était plus rare, t'écrire. A vrai dire, je ne ressens le besoin de t'écrire que quand il se passe quelque chose d'intéressant dans ma vie. Du coup, ma plume ne rencontre pas trop ton papier, l'encre ne mouille pas beaucoup ta feuille, et rien ne sera souvenu, tout ne sera que rappel fugace, furtif, qui disparaîtra au cours du temps, remplacé par de nouvelles traces.



J'étais en train de rêvasser, le clapotis de l'eau revenant régulièrement à mes oreilles lorsqu'enfin, il se passa quelque chose. Mes rêveries furent troublées par un bruit de pas qui s'intensifiait. Puis, tout s'arrêta. Le bruit avait disparu dans l'ombre. Je me relevai vivement pour voir ce qu'il se passait. Au premier abord, je ne distinguai rien, je tournai la tête de gauche à droite en espérant trouver quelque chose, un quelconque indice sur ce bruit suspect. Puis à force d'observation, j'aperçus une silhouette, cachée dans les recoins sombres de la pièce. Elle semblait comme enveloppée par de la brume, ou par les ténèbres. Un sort devait la protéger ! Mais alors, si tel était le cas, comment cela se faisait que je puisse l'apercevoir ? C'était pour le moins étrange !



Elle sortit de l'ombre, et je pus reconnaître la grande reine de glace : Rowena Serdaigle en personne. Mère de deux jumeaux, plus grande sorcière de son époque, fondatrice de Poudlard... Ma révérence fut à la hauteur de ses titres. Mais la plus grande question, était : Que faisait-elle là ? Se rendait-elle souvent ici pour réfléchir ? Je ne la croisais pourtant jamais. Elle me regardait de ses yeux observateurs, comme si elle voulait lire à travers moi. Son regard perçant me figeait sur place et réussit à me mettre mal à l'aise tant et si bien que j'en avait mal à la tête! Cette confrontation muette, pour la moins gênante et douloureuse dura un certain temps. J'eus l'impression qu'elle dura des heures, pourtant seules quelques minutes s'étaient écoulées. Cette situation était étrange. Mais Lady Serdaigle ne tarda pas à céder le contact, comme si, finalement, tout ça n'avait pas d'importance. Elle se tourna vers une fenêtre du hangar et regarda l'infinité du lac qui s'étendait au loin. Elle semblait ailleurs, perdue dans ses pensées, réfléchissant surement à la vie et ses mystères.



" Je n'ai pas été surprise. "



Ces mots, lourds de sens, furent projetés dans la salle, tranchant l'air pour se planter dans mon coeur. C'était impossible. Comment pouvait-elle savoir quelque chose que j'avais moi-même ignorée ? J'avais décidé de porter préjudice à mon père seulement sur un coup de tête, à la dernière minute. Alors comment pouvait-elle me connaître mieux que moi-même ?



Sur le chemin de la gloire | HPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant