13 novembre, Première année

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13 novembre

Bureau de Godric Gryffondor, 13h52


Cher journal,


Cela fait un peu plus d'un mois que je ne t'ai pas écrit. A vrai dire, j'ignore moi-même pourquoi. J'avais du temps, j'avais l'envie mais un blocage persistait en moi alors que reprendre la plume aujourd'hui me détend. Je suis dans le bureau de mon père, en train de redouter notre rendez-vous qu'il a lui-même souhaité. J'ai beau y réfléchir, je me demande bien ce qu'il veut. Parler d'un cours ? Cela m'étonnerait. Parler de ma vie ? Il a eu onze ans pour le faire, il arrive un peu tard. Parler du beau temps ? Cela me semble peu probable.


Pourquoi suis-je en train de te débiter tous ces mensonges ? Je sais très bien pourquoi je suis dans son bureau. C'est à cause de ce qu'il s'est passé le 1er octobre, de cette gifle qui encore maintenant continue de faire jaser. Il est juste surprenant de voir le temps que cela aura pris à Gryffondor de me faire mander pour en parler. 43 jours quand même ! Au fond de moi, je suis très mitigée par cet entretien. Car oui, c'est comme ça que je l'aborde : comme un entretien froid et impersonnel qui ne vaut rien et qui s'effacera bien vite de ma mémoire pour d'autres souvenirs au combien plus intéressants. Je ne sais pas comment réagir, d'un côté, je suis fière et heureuse que mon père daigne enfin m'accorder un peu de temps. C'était tout ce que j'avais toujours voulu malgré les circonstances ! Mais en contrepartie, je ne voulais point lui pardonner toutes ces années d'ignorance. On me disait qu'il avait veillé sur moi de loin car tu comprends bien, il a tellement de choses à faire ! Foutaises ! Je suis en train de m'énerver toute seule...

Pour l'instant, j'attends. C'est ce qu'on m'a dit de faire alors j'obéis aux ordres. Il aurait du être là à 45 mais il a du retard dans son planning. J'ai bien hâte de voir son excuse !

Tiens, le voilà qui arrive, je vais devoir arrêter de t'écrire cher journal. Ne t'inquiètes pas, je ne t'abandonnerai pas une nouvelle fois. Je reviens vite.


Hangar à bateaux, 15h03


Comme je m'y attendais, ce fut un entretien assez douloureux psychologiquement parlant. C'est avant tout le professeur qui m'a parlé cet après-midi même si un fugace instant, j'ai vu le père démuni resurgir. Il m'a semblé bien lointain, bien perdu, accaparé par ses propres problèmes.


" Bonjour Miss... Heu, bonjour Charlotte. "


Cela avait commencé par cette phrase qui avait réussi à nous mettre tous les deux très mal à l'aise. Il est vrai que la situation était plutôt inédite. C'était même du jamais vu ! Gryffondor venait de rentrer dans la pièce, par une grande porte en chêne massive. Il passa devant moi, bien droite sur mon fauteuil en cuir, puis contourna son bureau pour me faire face. Il s'assit et posa ses mains caleuses sur le bois qui grinça. Il me regarda intensément, espérant peut-être que je dise quelque chose. Mais aucun son ne sortit de ma bouche alors il continua, de sa voix grave et réconfortante, qui me ramenait en enfance :


" Je vous ai fait venir pour vous parlez de l'incident du cours de botanique que Lady Poufsouffle m'a rapporté. Je suis désolé de réagir si tardivement mais le temps ayant été contre moi, je n'ai pu vous trouver un créneau qu'aujourd'hui. "


Dis plutôt que t'as eu peur de faire face à tous ces problèmes... Je n'avais pas l'impression d'avoir mon père en face de moi, ce qui était très perturbant. On aurait dit qu'il tenait le même discours pour chaque élève dans la même situation. C'était un discours bien froid, bien responsable qui aurait pu collé à tout le monde !


Sur le chemin de la gloire | HPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant