17 janvier, Première Année

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17 janvier

Lieu où j'espère ne jamais me retrouvée encore une fois, 18h02


Tout tourne autour de moi. J'ai froid. J'ai chaud. Je ne sais pas.Je ne sais plus. Je suis perdue. Des fois, je vois blanc. D'autres, je vois noir. Tout est flou. Des voix m'appellent, elles sont si loin. Et puis, je ne veux pas les entendre, je préfèrerait qu'elles se taisent. Elle finissent par partir mais elle reviennent toujours, toujours, toujours, toujours...


J'ai peur que se passe-t-il ? Je suis seule, coincée, enfermée dans ma propre tête, dans une prison faisant partie de moi-même. C'en est effrayant. Je ne peux pas bouger, seulement sentir la couverture de laine rugueuse qui frotte ma a peau, l'odeur des plantes qui remplit mes poumons ou encore, le silence, le silence tout autour qui envahit l'espace. Pas un bruit, pas de vent, pas le moindre pépiéments. J'ai peur. Je ne veux pas rester là alors je repars loin, loin, loin, loin...


Suis-je en train de voler ? Suis-je en train de flotter ? J'en ai bien l'impression. Tout me parait si naturel. Je suis un oiseau après tout ! Le passage dans un nuage me trouble, je ne vois plus rien. Comme de partout en fait. La lune revient pourtant vite m'éclairer, moi et les cieux remplis de petits feux. Je monte, encore et encore, toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus proche des étoiles. Elles paraissent tellement proches mais si petites, comme le château en-dessous de moi. Je tente de les atteindre mais c'est impossible. J'ai juste froid alors je me laisse tomber, tomber, tomber, tomber...


Je suis au bord du lac, je marche tranquillement sous le feuillage des arbres qui bordent la rive. J'entends le vent qui froissent les feuilles et son hurlement lorsqu'il se fraie un chemin dans la forêt. Mes pieds font craquer la neige blanche mais mon coeur ne craque pas. Mes empreintes laissent une trace tristement éphémère que ma robe efface sur son passage. Je me confonds avec la neige. Je suis blanche, elle est blanche, nous sommes blanches. Sommes-nous soeurs ? Me vient une folle idée, je m'avance. Tout craque, je tombe, l'eau gronde. Le chaos, l'enfer, l'apocalypse et puis, plus rien. Simplement un esprit qui s'évade, s'évade, s'évade, s'évade...


Charlotte, Charlotte,Charlotte,Charlotte,Charlotte. Mon prénom, est-ce bien lui ? emplit ma tête. Il résonne, bourdonne et fracasse tous mes barrages. Que cela cesse ! Par pitié, je t'implore que tout s'arrete ! Laisse-moi ! Laisse-moi... Je n'en peux plus. C'est trop dur. Je tente de fuir mais je me rapproche. Je reviens vers les voix, les odeurs, la lumière. Je résiste mais je n'ai plus de force, je suis attirée à une vitesse folle. Puis, je dépasse la porte. Je suis absorbée.


J'ouvre les yeux.

Ma bouche est sèche, j'ai soif. Je bouge les doigts, ils fourmillent d'énergie. De nombreuses couvertures m'étouffent mais je n'ai pas la force de les bouger. Je ne veux pas bouger. J'entends enfin des pas au loin, puis le claquement d'une porte et des cris étouffés. L'infirmière arrive comme un ange et s'approche de moi délicatement. D'un coup de baguette furtif, un lapin apparait pour disparaitre dans les airs, à la recherche de son destinataire. Je parie que c'est mon père.


" Ca va aller. " ne cesse de me répéter l'infirmière. Elle me tend une tisane que j'attrape comme un remède miraculeux contre la petite vérole. Je l'avale difficilement : elle a un goût horrible, me fait grimacer mais grâce à elle, je suis plus réchauffer que par milles et une couvertures. Je ne me rappelle plus ce qu'il s'est passé, il n'y a que la sensation du froid me glaçant le corps qui rejaillit à chaque inspiration. J'articule tant bien que mal :


"Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'il... " L'infirmière d'un regard triste, me fait taire gentiment. Pour le réponses, il va falloir que j'attende encore un peu. Je me rendors sur les tristes paroles de l'ange en tenue blanche : "Au moins, elle ne délire plus. "


Ma main tâte mon lit avant que mes yeux ne voient mon environnement proche et je sens une autre peau prendre la mienne. Déconcertée, toutes traces de sommeil s'évaporent et je me redresse brusquement. La tête me tourne. Je le regarde. Il se fige. Mes yeux s'ouvrent en grand. Il sourit. Je baisse les yeux.


" Quelle idée de marcher sur le lac Charlotte ? " me gronde mon père, assis près de mon lit. "C'est interdit par le règlement ! Tu n'avais qu'un manteau et la glace craque si facilement..."

J'ai cru qu'il allait me parler pendant un siècle encore de tout ce que j'aurais du ou n'aurais pas du faire mais il s'arrêta subitement dans son laïus et me regarda intensément, de la tristesse dans les yeux :


" Tu m'as fait très peur. " chuchote-t-il. Je compte encore pour lui ? Je compte encore pour lui ! Assez en tout cas pour qu'il sorte de son bureau quelques temps, assez pour qu'il s'occupe de moi. Un sourire mélancolique plus tard, sa main partit très loin de la mienne. Un battement de coeur et il est partit. Seuls restent ses mots qui flottent dans les airs. Ils flottent jusqu'à ma mémoire et me laissent endormie sur mon lit, bien ailleurs que dans cette infirmerie.

J'ai marché sur la glace ? Comment ça ? Jamais je n'aurai fait ça. Aucune bribes de souvenirs ne me revient. C'est toujours le noir total dans mon esprit. Du blanc, de l'eau et le froid sont les seules sensations qui me viennent. J'ai l'impression de devenir folle ! Je ne reconnais pas ma propre histoire, mes propres gestes. J'ai toujours été attirée par la glace, mais jamais je n'aurais posé le pied sur cette surface si fragile. Tous les ans, dans mon village, un enfant mourrait aspiré par le froid éternel alors pourquoi aurais-je voulu me risquer à la mort alors que je marchais ? Je ne me rappelle plus rien.


La deuxième inconnue majeure du problème est mon sauveur. Qui m'aime assez pour me sauver ? La réponse est toute trouvée : personne. Mais le pire, celui qui me hante depuis que je suis réveillée c'est pourquoi ? Pourquoi quelqu'un aurait tenu à m'aider ? Par amour ? Personne ne m'aime. Par amitié ? Je n'ai pas d'amis. Par profit ? C'est la seule explication qui me vient mais rien ne me fera comprendre ce qu'il s'est passé tant que je n'aurais pas retrouvé la mémoire.


Cher journal,

Cher confident,


Je te raconte tout, même si tu n'es pas toujours là. des fois, je donnerai tout pour que tu me répondes. J'ai surtout besoin de toi. Mais aujourd'hui, pour la première fois, tu ne suffis pas totalement. De toute façon, je trace ma route.


* * * * *


Je n'ai jamais été très douée pour me fixer des horaires précis. J'ai longtemps travaillé sur la dernière partie du texte mais rien ne me convenait. Ca ne va toujours pas mais c'est déjà mieux alors je poste car un mois, ça commence à faire long.

Tout ça pour dire que je suis désolée de ce retard et que cette fois-ci, je ne promettrai pas d'autres chapitres à une date, mais il y aura bien entendu une suite... Bientôt !

Sur le chemin de la gloire | HPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant