1er octobre, Première année

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1er octobre

Placard à balais, 19h12


Cher journal,


Je n'aurais jamais pensé me sentir aussi inférieure qu'une elfe de maison, pourtant tel est le cas. Les erreurs s'accumulent dans ma vie à une vitesse exorbitante. Pourquoi tout n'arrive qu'à moi ?J'ai essayé d'être comme tous les autres, de porter un masque, de me fondre dans la masse : de ne pas être différente. Mais rien n'y fait je suis toujours moi : une jeune fille, accablée par ses fardeaux, ses peurs, sa colère et ses espoirs. Ma différence est mon ennemie, pas une force comme pour certains, non, je pèse mes mots : c'est un poids, un boulet,  que je traîne telle une prisonnière en peine, qui m'écartèle à chaque mouvement. Mes fantômes prennent des visages, mes ombres se transforment en silhouettes, j'essaye de les fuir mais que faire quand on ne court pas assez vite ?


Alors que je pensais avoir toucher le fond, je me rends compte que je n'ai encore rien connu. Mes souffrances ne sont que poussière. Mes cendres ne renaitront pas. Cette journée a été pire que la précédente, sera-t-elle pire que celle de demain ? Je m'attends à tout maintenant. Un placard à balais... Quelle honte... Mais c'était le seul endroit où je pouvais LEUR échapper, où j'étais enfin seule, où ILS ne me poursuivaient pas. Je suis bien à l'abri dans mon petit refuge. Je te demande pardon d'avance pour toutes les taches d'encre que tu auras aujourd'hui. J'espère que mon encrier ne se renversera pas, que mon écriture sera claire et lisible et que je n'aurai pas besoin de mon bavoir. Au moins, lorsque je relirais ces lignes, je me rappellerai clairement de mon état de l'enfer de la situation dans laquelle je m'étais fourrée. La prochaine fois, vraiment, j'apprendrais à me taire ou au moins, à garder mon calme ainsi qu'à jouer et avancer mes pions plus stratégiquement ! J'avais perdu patience, réagit exactement comme ils l'avaient voulu et maintenant, je m'en mordais amèrement les doigts.


Tu ne dois rien comprendre pauvre journal... Il est vrai que je ne t'explique pas grand chose. Mais tu dois me comprendre, c'est tellement honteux.... Je me sens comme une elfe de maison, et encore,je crois que c'est encore pire que cela.
Tout s'est passé en ce début d'après-midi, nous, j'entends par là, moi et les autres premières années, avions rendez-vous avec Lady Poufsouffle pour un cours de botanique. La serre n°1 n'était pas dangereuse et nous avions l'habitude de faire tous nos cours là-bas sauf qu'aujourd'hui, notre professeur nous avait fait une surprise : exit la serre n°1 et bienvenue dans la serre n°2 ! Tout le monde était très excité, la tête fourmillant de rêves floraux, moi y compris je l'avoue. Lorsque tous les élèves furent rentrés dans le bâtiment, mes camarades et moi furent un peu déçus. Nous nous attendions à des fleurs exotiques extraordinaires pourtant seules quelques plantes désespérément vertes nous faisaient face.


Lady Poufsouffle avait du voir notre air désappointé car elle esquissa un sourire et avec entrain nous emmena vers le fond de la serre. La lumière entrant par mille et uns petits carreaux de verre éclairait de magnifiques pipaillons. Ces plantes, tous les cent ans, produisaient des fleurs qui adaptaient leur parfum à la personne qui leur faisait face pour les charmer. Diabolique ! Et devant nous, les belles fleurs écartaient délicatement leurs pétales et un parfum suave enveloppait toute la pièce. Nous avions de la chance : nous pouvions les voir doucement germer. C'était assez rare comme phénomène ! Les fleurs s'enroulaient les unes aux autres dans un tissu floral compliqué. Et par-ci et par-là, de petites taches roses venaient agrémenter le filet vert.


Lady Poufsouffle frappa alors dans ses mains, ramenant l'attention sur elle et commença à nous expliquer ce que nous allions faire.Les pipaillons servaient comme ingrédient canalisateur de bons nombres de parfums dont la demande explosait en ce moment à la cour du roi Le Conquérant. Et en humbles et loyaux sujets que nous étions, nous allions travailler et nous occuper des fleurs de pipaillons pour qu'ensuite les élèves des années supérieures s'occupent de créer les filtres afin que tout soit vendu à ces moldus. Je ne savais pas que Poudlard était devenu un commerce à part entière mais j'imagine qu'il fallait bien que l'argent arrive de quelque part.


Sur le chemin de la gloire | HPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant