Nos profs sont les meilleurs...

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Ma prof de littérature ne ressemble à rien. Ses cheveux hirsutes et fourchus pendouillent sur ses épaules. Ils sont noirs à la racine, puis, à mi-longueur, ils virent au roux flamboyant jusqu'à leurs pointes frisottées. Impossible de savoir si son coiffeur est en prison ou si elle est en train de se métamorphoser. Je la baptise Chewbacca.

Chewbacca perd vingt minutes à faire l'appel, parce qu'elle ne nous regarde pas en énumérant nos noms. Elle a la tête baissée, de sorte que ses cheveux forment comme un rideau devant son visage. Le reste du cours, elle le passe à écrire au tableau et à parler des livres que nous allons étudier cette année, les yeux rivés sur le mur du fond. Elle veut que nous tenions une sorte de journal intime tous les jours dans le carnet de bord qu'elle nous a distribué en début d'heure, tout en promettant qu'elle ne les lira pas. Je commence tout de suite à le remplir :     "Chewbacca est hyper bizarre."

En histoire-géo aussi, on nous refile un carnet de bord. À croire que la direction a des actions chez le fabricant. On étudie l'histoire de l'Amérique pour la neuvième fois en neuf ans. L'éternel programme : d'abord une révision des cartes géographiques, suivie d'une semaine sur les Indiens d'Amérique, puis Christophe Colomb - Juste à temps pour sa journée commémorative, le Columbus Day -, et enfin, l'incontournable guerre de sécession à l'approche du Memorial Day - Le journée consacrée à ceux qui sont tombés au combat. Tous les ans, les profs nous racontent qu'on va progresser dans le temps jusqu'à notre époque, mais on ne va jamais au-delà de la révolution industrielle. Erreur : En Cinquième, on a réussi à avancer jusqu'à la Première Guerre mondiale - qui dans la classe était au courant qu'il y avait eu une guerre partout dans le monde ?? Il nous faudrait des jours commémoratifs en plus pour que les profs d'histoire-géo aient l'occasion de couvrir tout le programme.

Mon prof d'histoire-géo, c'est Cou-de-taureau, le type qui m'a ordonné de m'asseoir dans l'amphi. Et il ne m'a pas oubliée. "Je vous ai à l'œil. Premier rang." Ravie de vous revoir, moi aussi. Je parie que ce type souffre de stress post-traumatique. À cause de l'Irak ou de l'Afghanistan - une de ces guerres dont on parle à la télé. 

Vous parlez de ça....Où les histoires vivent. Découvrez maintenant