Le contraire d'être inspirer c'est...Expirer ??

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Depuis une bonne semaine, c'est-à-dire depuis la célébration du début de la saison sportive, je peins des aquarelles d'arbres frappés par la foudre. Je cherche à donner l'impression qu'ils sont presque morts, mais pas complètement. Monsieur Freeman ne fait aucun commentaire sur mon travail. Il se contente de hausser les sourcils. Un de mes dessins est tellement sombre qu'on distingue à peine l'arbre.

On est tous dans la même galère. Ivy a tiré un bout de papier avec le mot "Clown". Elle explique à Monsieur Freeman qu'elle déteste les clowns (Je me suis inspiré de toi mon ptit coeur~ ☺♥) : un clown l'a terrorisée quand elle était petite, ce qui lui a valu des années de psychothérapie (Bon pas pour ça XD). Monsieur Freeman rétorque que la peur est un excellent point de départ. Une autre élève vient se plaindre : "Cerveau", c'est carrément dégoûtant. Elle préférerait "Chaton" ou "Arc-en-ciel".

Monsieur Freeman : -Lève les bras au ciel- Ça suffit !! Tournez-vous vers les étagères, s'il vous plaît.

Nous obéissons sans broncher et regardons les étagères. Elles ne contiennent que des livres. On est en cours d'arts plastique. Pourquoi aurions-nous besoin de livres ??

Monsieur Freeman : Si vous séchez, prenez du temps pour étudier les maître. -Il sort une brassé de bouquin- Kahlo, Monet, O'Keeffe. Pollock, Picasso, Dali. Ils ne se plaignent pas de leur sujet, eux, ils l'exploitent pour en extraire le sens à la racine. Bien sûr, ils ne se préoccupaient pas de satisfaire un conseil d'établissement qui les obligeaient à peindre les mains attachés dans le dos; ils avaient des mécènes qui comprenaient la nécessité de financer des choses aussi prosaïques que le papier et la peinture...

Grognements dans la salle. Le voilà reparti dans sa diatribe contre le conseil d'établissement. Conseil qui a supprimé son budget fournitures en lui suggérant de se débrouiller avec les reliquats de l'an dernier. Pas de nouveau tubes de peinture, ni de papier. Il va bougonner ainsi pendant tout le reste du cours, soit quarante-trois minutes. Il fait bon dans la pièce inondée de soleil et d'effluves de peintures. Trois élèves dorment comme des souches, paupières papillonantes, ronflements et tout le toutim.

Je reste éveillée. J'arrache une feuille dans un carnet, je prends un crayon et je griffonne un arbre, version CE1...Désespérant...Je froisse la feuille en boule, j'en arrache una autre. Pourquoi est-ce si difficile de coucher un arbre sur une feuille de papier ?? Deux lignes verticales pour le tronc. Quelques grosses branches peut-être, d'autres plus fines, et plein de feuilles pour masquer les défauts. Je trace une ligne horizontale pour le sol et ajoute une pâquerette autour des racines.

J'ai comme l'impression que Monsieur Freeman ne trouvera pas son compte d'émotion là-dedans. Moi, en tout cas, je n'en décèle aucune. Il avait pourtant l'air d'un prof super cool à la rentrée. A-t-il vraiment l'intention de nous regarder nous débattre avec cette consigne ridicule sans nous venir en aide ??

Vous parlez de ça....Où les histoires vivent. Découvrez maintenant