Textes d'une mini écrivaine d'après les dessins d'un mini dessinateur

Amant fantôme

 Elle serait ses genoux contre sa poitrine, et ses larmes mouillaient son pantalon crasseux. Elle se balançait d'avant en arrière, elle était dans une sorte de transe. La douleur qui pulsait dans ses veines la tétanisait.
  Elle repensait à Lui.
  Elle s'étouffa, ravalant un sanglot trop puissant. Elle se mit à tousser, comme si sa tristesse n'était qu'un microbe perfide à expulser de son organisme au plus vite.
  Elle renifla et s'essuya vigoureusement les joues, honteuse de pleurer. Ses mâchoires tremblaient tandis ce qu'elle essayait de ne pas se remettre à sangloter.
  Elle se mordit la lèvre et s'arrêta de vaciller. Son regard vide s'était posé sur l'une des fleurs de la tapisserie qui lui faisait face, comme si elle la détaillait sans la voir.
  Dans les pétales elle voyait celles qui avaient parsemées sa chevelure quelques mois plus tôt lors d'une excursion pseudo-romantique... Organisée par Lui.
  Les larmes se remirent à rouler doucement sur ses joues, silencieuses et délicates, tandis ce qu'elle observait les motifs du vieux papier décrépi. Elle avait juste envie de le voir Lui. Lui et personne d'autre. Lui qui manquait terriblement à son cœur meurtri. Lui et ses jolis iris bleus, Lui et son menton recouvert d'une barbe naissante, Lui et ses cheveux blonds aux reflets châtains, Lui et son magnifique sourire, Lui et son rire rauque, Lui tout court.
  Alors, son esprit blessé, presque malade, capta sa présence à ses côtés. Peut-être l'inventa t'il pour pallier aux problèmes de son cœur qui menaçait de plus en plus de s'arrêter de battre tant cela lui était douloureux. Peut-être l'inventa t'il pour rendre fonctionnels ses yeux qui ne servaient plus à rien, noyés dans ses larmes. Peut-être l'inventa t'il pour arrêter les tremblements qui secouaient son corps.
  Ou peut-être était-il réellement avec elle?
- Paul... Souffla t'elle
  Il s'accrocha à son bras. Ses mains un peu calleuses emprisonnèrent la sienne.
- Pourquoi tu pleures?
- Tu me manques.
- Mais je suis là...
  Elle tourna la tête vers lui et son cœur loupa un battement. Elle plongea ses iris bruns dans les siens et hoqueta. Elle passa une main tremblante sur son visage au teint légèrement blanc. Elle savoura la douceur de sa peau. Elle n'y croyait pas. Ses larmes emperlaient toujours ses cils, mais son soulagement était si grand qu'il les empêchait de finir leur chemin et de s'écraser à la commissure de ses lèvres. Elle déposa ses lèvres sur les siennes, et le serra de la force de son désespoir. Elle avait si peur de le perdre à nouveau. Elle savait qu'elle allait le perdre à nouveau.  Elle pleurait de plus en plus fort, elle s'accrochait à lui, à son odeur enivrante, à ses lèvres si douces, au contact grisant de sa peau, aux frissons qui lui parcourait l'échine, à ses sanglots réprimés, à sa voix qui lui chuchotait entre deux baisers qu'il l'aimait.
  Et puis, elle se retrouva à serrer sa poitrine. Il avait disparu. Il l'avait laissé seule. Encore. Elle se mit à pleurer si fort qu'elle fut sur le point de hurler.
- Paul, chuchota t'elle, la voix brisée, je t'aime.
  Et il lui sembla sentir son sourire sur sa nuque.