Tristes saisons de l'enfance...

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"Ludi, s'il te plaît, peut-on descendre avant que je lâche prise?"

Keilith ne cherchait plus à masquer sa terreur. Elle n'avait pas le niveau d'escalade de sa demi-soeur, pourquoi donc l'avait-elle suivie dans son ascension?

Elle ferma les yeux, se préparant mentalement à la chute...

-Y'a pas de matelas en bas, n'envisages pas d'aller vérifier! J'ai une bonne vue, tu sais." Affirma Ellundril.

La poigne de la fillette la retint le temps qu'elle trouve un appui à peu près sûr.

"Bon, Kei, c'est quand même pas bien compliqué! T'as pas les mains pleines d'huile que je sache!

-Non, mais je vais finir par le croire... Soupira Keilith. Franchement, Ludi, je me demande comment va faire le maitre qui t'a pour élève. Tu sais déjà tout faire!

-Même pas vrai! S'écria Ellundril. Je ne sais pas encore entendre le vent ni chevaucher la brume.

-Heu... Chevaucher quoiiIIII!!!"

Elle avait encore lâché prise! Cette fois, c'était trop. Elle poussa un cri d'angoisse et une larme de terreur coula sur sa joue.

"Ludi! Je veux descendre! J'ai peur!"

Non sans un soupir, l'enfant prodige redescendit  les quelques mètres qui la séparaient de sa demi-soeur, la rassura maladroitement et l'aida tant bien que mal à redescendre la dizaine de mètres qui les séparaient de la terre ferme.

Keilith s'écroula par terre avec un soupir de soulagement.

"Merci", souffla-t-elle.

-Je disais donc, repris impatiemment la fillette aux cheveux platines ondulant doucement dans la brise printanière, que je ne sais pas encore chevaucher la brume. J'ai vu maman le faire, une fois, quand j'étais petite..."

Sa voix se brisa et son cœur se serra.

Elle allait commencer son apprentissage demain et aurait aimé que sa mère soit à ses côtés...

Malheureusement, elle avait disparu peu après sa sœur, la mère de Keilith. Leurs proches évitaient de l'évoquer devant elles et Sahan, qui avait fini son entraînement auprès de Fenan, un jeune homme qui venait de terminer son apprentissage. Mais la blessure subsistait et la fillette savait que les chances de revoir sa mère un jour étaient infimes.

Elle secoua la tête comme pour en chasser sa douleur puis, son aplomb et sa bonne humeur retrouvée, elle la leva vers Keilith.

"On va manger?"

Elles s'élancèrent, Ellundril batifolant et se délectant de sa course folle, Keilith dans son ombre.


Ellundril Chariakin, une légende oubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant