Les Marches de l'Ombre

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Sahan se réveilla dans une pièce assez sombre, sans fenêtres. La décoration était sobre, l'endroit étrange... Elle mit un certain temps à se rendre compte de la situation.

Elle était tout bêtement sur un tapis avec des coussins.

Quand elle eu totalement repris ses esprits, elle distingua une silhouette masculine près d'elle. Elle sursauta et de redressa vivement.

C'était le garçon qui l'avait "endormie".

"Qui? Pourquoi?" Questionna t elle d'une voix qu'elle espérait menaçante.

"Quelqu'un, pour quelque chose.

-Arrête de te ficher de moi!

-Qui a dit que je me fichait de toi?

-Moi, quelle question!"

Le garçon sourit, visiblement amusé, laissant l'autre en proie à l'étonnement le plus total.
Il finit par déclarer:

"Suis moi. Je m'appelle Yokel."

Il se leva sans attendre la réponse.

Piquée au vif par son ton autoritaire qui lui déplaisait fortement, Sahan ne bougea pas d'un pouce.

Quand Yokel s'en aperçut, il fit une moue moqueuse qui finit d'éxaspérer la fillette.

"De gré... ou de force." précisa t il.

En étouffant un juron, Sahan obtempéra.

Ils empruntèrent un couloir sombre qui tournait régulièrement à droite ou à gauche et débouchèrent finalement dans une pièce éclairées par des boules lumineuses qui se déplaçaient paisiblement dans les airs sans aucun soutien apparent. Ces boules diffusaient une douce lumière orangée, renforçant cet effet paisible "pièce à vivre souterraine", qui, quand on y songeait, était relativement agréable.

En effet, des tables en bois massives étaient réparties un peu partout dans cet endroit confiné et sans issues visibles, et autour de ces tables, des groupes de cinq à dix individus bavardaient ou mangeaient calmement. On pouvait en déduire qu'il était l'heure de passer à table.

Ils ne prêtèrent aucune attention aux nouveaux venus, et Yokel guida l'étrangère jusqu'à une petite table autour de laquelle quatre femmes et deux hommes discutaient à voix basse près d'un feu de cheminée.

La plus jeune stoppa sa conversation avec sa congénère aux cheveux de jais et à la peau mate et se tourna vers le garçon. Elle le remercia d'un signe de tête et ce n'est qu'à ce moment là que Sahan reconnut la jeune femme qui l'avait probablement sauvée quand elle était coincée sur sa corniche.

"Bonsoir. Comment te sens tu, ma jolie Sahan?"

L'intéressée eut un mouvement de surprise.

"Comment connaissez vous mon nom?

-Je connais bien des choses que tu ne soupçonne même pas. Je repose ma question: comment te sens tu, ma jolie Sahan?

-Je...Je... Plutôt bien.

-Parfait. Yokel n'est pas très bavard, je suppose qu'il ne t'a rien dit.

-Touché." Se rengorgea la petite.

Imperturbable, la femme continua:

"Tu te trouves en ce moment dans notre repère, les marches de l'ombre. Nous fonctionnons un peu comme les défenseurs avant que ta mère ne les supprime, et tu seras nommée apprentie demain.
-Mais...Mais...Je ne veux pas devenir apprentie, je veux rentrer chez moi.
-Trop tard.
-Mais pourquoi?
-C'est évident, non? Le fais-tu exprès? Ta maman sera ravie d'apprendre où se trouve l'armée rebelle, elle n'aura qu'à nous cueuillir et ce sera la fin. Et toi, tu penses que nous allons te laisser partir?"

Sahan, interloquée, ne pipa mot.

Décidément, cette aventure lui plaisait de moins en moins...

Ellundril Chariakin, une légende oubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant