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À son réveil, Norma sursauta de frayeur. Elle se tourna et aperçut Norman, profondément endormi. Elle eut un geste de soulagement puis se leva. Tandis qu'elle tentait maintes et maintes fois de se convaincre que le retour de son fils n'était point mauvais, le manque d'Alex devenait toujours plus fort. Elle rejoignit la salle de bain où elle enfila sa tenue puis s'en alla vers la cuisine. Elle se perdit à chantonner des rythmes de musique qu'elle aimait, à effectuer quelques pas de danse brefs, quand Norman l'interrompit.
« Mère. »
Norma sursauta, regarda Norman d'un regard questionné, et lança :
« Tu m'as fait peur Norman.
-Je me demandais... où est passé Dylan ? »
Elle eut un temps de réflexion avant d'oser lui répondre :
« Je n'en pas l'idée fixe, tu lui téléphoneras, ça lui fera certainement plaisir. »
Norman leva un sourcil, étonné du mensonge que sa mère venait de lui fournir, puis s'assit, devant son petit déjeuner. Elle s'installa face à lui, une assiette vide devant elle.
« Tu ne manges pas ? Lui demanda son fils. »
Elle le regarda d'un regard perçant. Une triste inquiétude se faisait découvrir de son beau visage.
« Je n'ai pas très faim. »
Norman se mit à gesticuler, comme si quelque chose se mettait à fort le déranger. Son regard se noircit.
« Mère, je ne pense pas que ce genre de comportement soit utile.
-De quoi tu parles Norman ?
-A ce que je sache, je ne suis pas étranger, je suis ton fils. »
Le visage de Norma devint triste, elle se leva, courut vers son fils et prit son visage entre ses mains.
« Je t'interdis de te croire comme étranger Norman. Je t'aime et il est évident que tu es chez toi ici. »
Norman esquissa un sourire, Norma se recula et devint neutre.
« Cependant...
-Qu'est-ce qui se passe ?
-Je ne suis pas sûre que ce soit le bon moment pour que l'on en parle, finis ton déjeuner. »
Norma fit demi tour, pendant que le visage de son fils se décomposait de compréhension.
« Tu souhaites me parler de ton nouveau mari, c'est ça, mère ?
-Ce n'est pas le moment.
-Alors, quand cela le sera ? Quand auras-tu le courage de m'avouer que tu es amoureuse de ce crétin ? Quand pourras-tu murmurer la vérité ? La vérité que tu n'oses même pas prononcer ?
-Je t'interdis de parler comme ça de lui. »
Norma attrapa un air menaçant. Elle haussa le ton.
« Tu ne sais rien de lui et tu ne sauras jamais. Tu restes persuadé qu'il est mauvais mais tu n'en sais rien, tu es bourré de ce stéréotype Norman ! »
Il fut pris d'une colère qui ne l'avait jamais frappé auparavant. Elle prit part de tous ses membres, de tout son être. D'un coup violent, il poussa Norma qui s'effondra sur le sol.
Pendant ce temps, Alex Romero vivait chez l'un de ses vieil amis à White Pine Bay. Il n'avait pas réussi à dormir de la nuit, et ses pensées avaient cogité tout l'amour qu'il détenait pour Norma. Il était installé sur un canapé bancal, au milieu du salon de son ami.
« Ton état fait peur, Alex. »
Il s'appelait William Kauker, ce fut un brillant psychologue. Il était marié et avait deux enfants. Sa femme s'appelait Noora Kauker et ses enfants, Peter et Joe, tout deux âgés de 14 ans et 17 ans. Alex ne fournit aucune réponse. Noora arriva.
« Est-ce que tu souhaites un petit déjeuner Alex ?
-Non merci Noora. »
Il esquissa un sourire forcé. Elle s'en alla et Will prit position face à son ami d'enfance.
« Je n'ai pas envie que tu te fasses un malin plaisir à jouer le psychologue avec moi, William. Je désire simplement retrouver ma femme.
-Je ne veux pas jouer au psychologue Alex. Je veux jouer le rôle de l'ami, qui ne te sert pas seulement à t'héberger, mais également à être là pour toi.
-Tu veux que je te dise quoi ? Que j'ai envie de détruire tous les souvenirs de ce Norman Bates pour qu'il puisse enfin, nous laisser, moi et ma femme, vivre en paix ? Nous étions bien avant son retour de ce centre.  Nous étions heureux.
-Tu ne l'es plus ? »
Alex souleva un sourcil.
« Tu n'as réellement pas le sens de l'observation. »
Will soupira et abandonna Alex dans le salon pour confesser à sa femme qu'il allait s'absenter un moment.
Norman s'était enfui dans sa chambre, essayant de trouver un soulagement quelconque à sa colère. Il n'en revenait pas d'avoir pu arriver aux gestes. Il se croyait dans un cauchemar dont les horreurs lui jouaient des tours malicieux. Il fut pris en otage par des pensées morbides et mauvaises qui l'égorgeaient de rage. Ses yeux se noircissaient toujours un peu plus, ses muscles se contractaient, il ne put ressentir qu'un sentiment fort de culpabilité, au point de ne supporter qu'une étrange sensation lui roder sur la peau. Il ne savait s'il éprouvait des regrets mais son conscient aurait voulu bannir cette scène de ses pensées.
Norma s'étendait sur son canapé, faible et envahie de douleurs morales et physiques, elle ne put songer à effectuer un mouvement. Elle resta paralysée d'impuissance et d'incompréhension. Des larmes coulaient automatiquement sur ses joues, tandis que tout son corps était pris d'une sensation inerte.
Soudain, quelqu'un sonna. Norma réunit ses quelques forces pour se lever et se diriger vers la porte d'entrée. Ces quelques pas lui procurèrent un sentiment de faiblesse immense, elle se sentit prise d'une vague de malheur, dont elle ne pouvait ignorer l'immensité. En une fraction de secondes, elle ouvrit la porte et tomba face à face avec le visage de William Kauker.
Ne l'ayant jamais aperçu, elle effectua un mouvement de recul. Norman descendit les escaliers à toute vitesse. Will fut pris de terribles pensées suite à la vue des yeux rougis et des hématomes que Norma possédait.
« Qui êtes-vous ? Demanda Norman, essoufflé.
-J'aimerai parler uniquement à Norma.
-Je ne suis pas sûr que ce soit possible, ma mère doit se reposer.
-Pourtant, ça sera possible. »
Norman rit doucement du comportement du psychologue.
« Veuillez bien me suivre madame Bates. »
Elle se tourna vers son fils, le regard inquiet et le visage prit d'une tristesse perceptible.
« Je vous attend au Motel, murmura-t-il à la gérante. »
Elle referma la porte et se tourna vers son fils.
« Pousse-toi Norman.
-Il est hors de question que tu ailles parler à cet inconnu ! Tu ne sais pas même pas c'est qui !
-Et bien, pourtant, j'irai. »
Elle s'en alla enfiler une veste puis des chaussures. Il la suivit :
« Je viens avec toi !
-Tu ne viens pas avec moi.
-Et pourquoi ? »
Il fut pris alors de ses violentes pulsations habituelles. Ses muscles se contractaient de nouveau et ses poings se refermaient.
« Parce que tu ne maîtrises pas ma vie Norman. Tu es mon fils et non mon garde du corps. Je n'ai pas besoin que tu me protèges ou que tu sois sans cesse, entrain de me suivre ! »
Elle descendit les escaliers aussi vite qu'elle le put et franchit la porte pour rejoindre le Motel, où William l'attendait patiemment.
Norman se laissa tomber dans l'impuissance et dans la colère. Il se mit à frapper tout ce qui put lui tomber à la main.
William était assis sur une chaise devant le Motel.
« Bonjour madame Bates. »
Elle sourit légèrement et s'assit à côté de lui.
« J'imagine que cela a été dur de convaincre votre fils qui vous bat, de vous laisser venir ici. »
Le visage de Norma se crispa.
« Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
-Vos hématomes sur le front et sur les jambes me prouvent que vous êtes, il y a peu, tomber violemment au sol.
-Il est vrai mais j'ai simplement glissé. J'aimerai que vous répondiez à ma question, qui êtes-vous ?
-Je suis un psychologue, William Kauker, je suis enchanté de vous connaître enfin.
-De me connaître enfin ?
-Je suis un ami d'enfance d'Alex et actuellement, il est hébergé chez moi. »
Les yeux de Norma se rougirent.
« Comment va-t-il ?
-En plus de son comportement de macho insupportable ? »
Norma rit aux  éclats.
« Oui.
-Vous lui manquez.
-Il me manque tout autant.
-Venez avec moi. »
William se leva en direction de sa voiture. Norma l'interpella :
« Je ne peux pas vous suivre, mon fils va être seul, je n'ai pas confiance...
-Norma.
-Et puis, il est possible qu'il se mette en danger, je ne peux pas, je suis désolée.
-Je n'ai pas pour habitude de forcer autrui, mais je pense qu'au fond de vous, vous mourrez d'envie de le revoir. »
Norma baissa la tête, et d'un pas bref, rejoignit le psychologue. Elle monta dans la voiture, Will mit la radio à son volume maximum.
« Mais vous êtes fou, cria Norma.
-Vous remarquerez très vite que ceci est l'une de mes meilleures qualité ! »
Norma éclata de rire et William démarra.
Pendant ce temps, Norman resta un long moment à sa fenêtre, le visage refroidit par des pensées sordides.
Le trajet s’annonçait court pour Norma qui avait peu de temps à se faire à l'idée qu'elle allait revoir Alex. Le psychologue remarqua très vite cette faille dans le comportement de celle-ci.
« J'ai cru comprendre que vous aviez rompu.
-Je n'ai plus réellement confiance en lui.
-Je pense que vous devriez.
-Il ne comprendra jamais à quel point je peux aimer Norman. Je lui ai dédié ma vie entière, chacun de mes actes étaient pour lui.
-Alex vous aime et s'inquiète trop pour vous.
-Comment pouvez-vous en être si sûr ?
-Bien des détails sur les plis de son visage, dont je vous passerai les détails psychologiques. Cependant, hier soir, après s'être endormi paisiblement sur le canapé, un cauchemar s'est emparé de lui et il a fini par se réveiller en criant votre prénom. »
Norma ne fournit aucune réponse et se contenta de sourire bêtement, le cœur effectuant des milliards de battements par seconde.
« Que vous a fait votre fils Norma ? »
Son visage prit une tout autre expression.
« Je vous ai déjà dit que ce n'est pas mon fils.
-Puisque vous insistez. Mais je vous passerai les détails de la tristesse mensongère que j'ai perçu sur l'entièreté de votre visage.
-Vous les psychologues, tous...
-Tous les mêmes. C'est bien ça ?
-Il se peut. »
Elle se mit à rire doucement puis il répliqua :
« L'intelligence dont nous sommes dotés est grandiose, je vous le confirme.
-Je vous passerai les détails du narcissisme se dégageant actuellement de vous.
-Ce n'était pas du narcissisme mais un manque important de modestie. »
Norma leva les yeux au ciel et rit tandis que le trajet se finissait. William la fixa un long moment :
« Je vous invite à sortir de la voiture pendant que j'irai la garer.
-Je ne suis pas sûre de pouvoir y aller seule.
-Vous devez Norma. »
Des larmes montèrent jusqu'à ses yeux, elle attrapa son sac à main puis ouvrit la porte de la voiture. Elle se dirigea peu à peu vers la porte d'entrée. Ces quelques pas lui parurent longs et éternels. Elle arriva à une dizaine de centimètres de la porte, respira un long moment et frappa ses doigts contre la texture de celle-ci. Les battements de son cœur ne pouvaient s'arrêter, elle ne détenait plus aucun contrôle sur tout l'intérieur de son être.
Noora  Kauker apparut à la porte.
« Bonjour, vous êtes ?
-Je suis Norma Bates, j'aimerai, enfin je.. »
Alex, étant à quelques mètres de la porte, se leva à toute vitesse et resta fixé derrière la femme du psychologue. Norma le vit et sentit son cerveau s'évanouir le temps d'un instant, elle sentit le poids de tous les sentiments qu'elle éprouvait à l'égard de cet homme, qu'elle avait tant hais. Alex, se perdit simplement à la contempler, de son plus beau sourire. Noora comprit qu'elle était de trop dans cette vague de sentiments perceptibles, elle partit. Alex avança vers sa femme, chacun de ses pas lui parurent affreusement lourds. Il accéléra, attrapa Norma par la taille et la plaqua contre la façade de la maison. Il se mit à lui murmurer des centaines de « je t'aime » qui sortirent du plus profond de ses sentiments. Pendant que les retrouvailles s’exécutaient, Will arriva et ne put s'empêcher d'intervenir :
« Vous, les jeunes couples, tous les mêmes. »
Norma sourit et se laissa tomber amoureusement dans les bras d'Alex.

Bates Motel fanfiction- If she survived.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant