Bleach - Le Mystère du Pont Mellor [TERMINEE]

Prologue

(Le personnage de Jirou, ainsi que sa copine Alice, appartienent au Manga Black Blood Brothers)

Mochizuki Jirou, triomphant de tous ces titres, se tenait ainsi debout, sa silhouette coupée par le corps d'une poupée légère, demeurant entre ses mains.

Le brouillard  s'agrippait à ses cheveux. Mais son calme renforçait l'atmosphère de deuil planant tout autour. Sa joue blafarde collée à celle, couleur de pêche, de la femme tenue dans ses mains. Il lui adressait dans ce geste tous les mots qu'il avait pu lui dire, lui chantait et lui murmurait, durant l'unique siècle où, ensemble, ils avaient filé le parfait bonheur. Toujours des sourires, de l'amour à revendre, et jamais le regret de ce en quoi elle l'avait transformé, un soir de pleine lune, dans le geste criminel d'un amour désespéré.

"Pardonnes-moi de t'aimer"

C'était à lui de lui répéter cette phrase, à présent. Debout sur la rive d'un cours d'eau d'argent, inaudible et immobile par l'absence de vent.

Il s'appelait le pont Mellor.

Dans ce même pays d'Angleterre où ils s'étaient rencontrés, tous les deux, devant Big Ben, Jirou avait entendu parler de cette étrange légende. Le Mystère du Pont Mellor...

Regardant tendrement sa bien-aimée, il caressa les blonds cheveux qui perdaient leur éclat dans l'épais brouillard. Comme leur lumière était terne, à présent...

Mais Jirou n'en douta pas. Même si on les lui avait tous coupé, Alice serait à jamais resté la plus belle des femmes que ce monde ait fait naître.

Il s'approcha de la rivière. Le Pont de la Légende n'était pas de fer. Formé comme si la nature même avait tissé son bois, il culminait au-dessus de l'eau, en une véritable alchimie des éléments primaires.

Collée au pied droit du pont, une barque de bois attendait patiemment qu'on l'emprunte. Suivant la légende à la lettre, Jirou déposa le corps inanimé de sa belle dans le berceau de bois, et lança ce dernier sous le pont, afin qu'il le traverse.

Avec une anxiété additionnée de tremblements, Jirou s'avança vers l'extrémité gauche du pont Mellor, et surveilla, les yeux exorbités, l'état de la barque qui allait apparaître.

De longues secondes s'écoulèrent, pendant lesquelles les rires suintant entre les feuilles brunes du cruel automne s'amplifièrent. Les mains tremblantes sur la pierre mousseuse, il ne su combien de temps passa avant que, à son tour, il ne se mit à crier. D'une folie que les arbres de la forêt entière répondirent par un grincement, un cri tel que les corbeaux matinaux durent quitter leur cachette pour rejoindre le ciel, dans lequel le soleil même semblait avoir peur de se montrer.

Ce cri de haine était destiné au monde entier. Mais avant tout autre personne, c'était à lui-même que Jirou en voulait. A trop vouloir la sauver, il l'avait complètement perdue. Jamais son visage, intact ou putréfié, ne lui serait rendu.

Car de l'autre côté du pont, ni la Barque, ni Alice n'étaient réapparus...