Acte II: Discussion
Scène 1: Au self.
Brouhaha, bruits de couverts entrechoqués. Il n'est pas nécessaire que Louise et William ait de la nourriture dans leur assiette: illusion du réel, oui, mais illusion quand même.
William: Et que penses-tu de la trépanation en Ouganda ?
Louise: Du point de vue de l'hygiène, ce n'est pas fantastique.
William: Certes. Mais penses-tu que cela serait intéressant d'ajouter cette pratique aux rites religieux, comme cela se fait en Laponie ?
Louise: Eh bien... Pourquoi pas... Mais d'un point de vue sanitaire...
William: Mais sacrebleu ! Je m'en fiche de la SVT ! Je suis pas scientifique, moi !
Louise: aparté, petit cri de surprise: Raphaël !
William: Nonobstant les problèmes d'ordre pratique, bassement pragmatiques, qu'en penses-tu ?
Louise: L'inspiration venue d'en haut pourrait venir plus facilement, j'imagine. Mais je suis athée.
William: Exactement. Les ougandais sont connus pour être des gens plutôt religieux (et c'est un euphémisme), d'où d'ailleurs leur devise nationale "For God and our country" (pour Dieu et l'heure de la musique country). Alors imagine s'ils pouvaient entendre la parole de Dieu directement dans leur cerveau, sans passer par le filtre du crâne !
Louise: Ce seraient des fanatiques, non ?
William: Non ! Des hommes saints !
Louise: Ah. Oui. Qu'importe puisque je suis athée ?
William: La sérendipité.
Louise: A tes souhaits.
William: N'est-ce pas une chose extraordinaire ? Ne peut-on pas y voir la main du Destin plutôt qu'un simple hasard ?
Louise: Le Destin est salaud. Je préfère croire au hasard.
William: Un fieffé gredin, dis-tu ?
Louise: Oui. Pourquoi déciderait-il à l'avance de nos actes ? De notre vie ? De quel droit ? Je préfère être libre, ou en tout cas le croire. Ainsi, notre rencontre fut le fruit du hasard. Tant mieux. Nous aurions pu ne pas nous rencontrer. Tant pis. aparté: Et cette pièce n'existerait pas.
William: Je comprends ton point de vue.
Louise: aparté: Il me comprend !
William: Mais n'est-ce pas plus rassurant de se dire qu'une entité veille sur le déroulement de nos vies ? Qu'elle s'appelle Dieu, Ahura Mazdâ ou Destin d'ailleurs.
Louise: Si, mais cela est trop simple. Ma Mère est morte.
William: Condoléances.
Louise: Il est plus facile de se dire que c'est la faute du Destin plutôt qu'à pas de chance, car on peut l'injurier. Mais en réalité, sa mort aurait pu ne pas arriver.
William: Elle est morte quand ?
Louise: Hier. Non elle vit encore.
William: Ah. On entend une sonnerie. Oula ! Comme le temps passe vite avec toi ! Dépêchons-nous de manger, nous allons être en retard !
Louise a un sourire béat après "toi" qu'elle ne quitte pas avant le noir.
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Il n'en restera qu'un
Fanfiction"Il n'en restera qu'un", suivi de "Scénique(talope)" et de "Romance paradisiaque". Trois fanfictions sur une amie, sous la forme de deux courtes pièces et d'une nouvelle. "Il n'en restera qu'un": Une adolescente. Deux jeunes hommes. Qui l'aimera ? ...