IV

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Acte IV : Hésitation

Scène unique : il se passe dans le vide, l'esprit de Lou.

Le Narrapwet est revenu entre temps, l'air las, et a annoncé sans entrain ce qui précède. Il entreprend de passer le balai sur scène.

Lou : elle gesticule de façon outrée, en tentant avec ridicule d'être dramatique. Pourquoi donc mère Nature ne nous a-t-elle pas dotée de deux cœurs ? Ou pourquoi ne suis-je pas polyamoureuse ? Une telle injustice ne doit exister que dans l'unique but de nous faire souffrir atrocement, nous autres, pauvres humains. Elle tombe à genoux Aïe ! Elle lève les mains au ciel. J'en appelle à la douce mort, qu'elle m'accueille dans ses bras chaleureux !

Voix off automatique : Le numéro que vous demandé n'est pas attribué.

Lou : Très bien. Elle se lève. Si tout dans ce monde me refuse le bonheur, comment puis-je agir ? Je ne suis rien, non rien de rien en fredonnant. Ma propre impuissance m'écrase, je ne puis y résister. Et pourtant, il faudra bien choisir, ou du moins agir ! Fuir ? Le courage me manque trop pour cela. Tenter ma chance avec l'un puis l'autre ? Oui mais par qui commencer ? Et comment ferais-je pour ne pas penser à l'autre quand je serai dans les bras de l'un ? Ô jeunesse ennemie, qui, de ton fer rougi par les flammes de la passion, m'a marquée par deux fois du sceau de l'amour, je te maudis !

Le Narrapwet : balayant le sol au niveau des pieds de Lou Pardon. Elle ne réagit pas et continue sa tirade, ne se laissant pas interrompre.

Lou : Quoi que je fasse, j'aurai des regrets. Et si je n'agis pas, j'aurai aussi des regrets. Ne puis-je pas, pourtant, les ignorer tous les deux. Je pourrai entrer dans les ordres, devenir nonne, laisser mon passé derrière moi, de l'autre côté de l'océan, et naviguer jusqu'aux terres inconnues dirigées par dieu, où je noierai mon amour dans le vin de messe. Un temps. À quoi bon ? Je suis athée. Alors il me faudra affronter ce hasard funeste, le charger, lace et écu à la main, le transpercer ou périr face à dragon rugissant aux ailes vastes comme des ailes de moulin ! Elle mime les actions qui précèdent. Il faudrait un miracle pour que je triomphe mais je vaincrai ou mourrai !

Il n'en restera qu'unOù les histoires vivent. Découvrez maintenant