Break Me Free [feat. J.D.B.]

CHAPITRE 24 : MATTER OF TRUST

Je comptais chaque seconde, chaque minute et chaque heure. Elle m'avait précisément dit d'attendre vingt-trois heures cinquante-cinq. Selon elle, les surveillants quitteraient tous les couloirs pour aller célébrer quelques instants la nouvelle année dans leur bureau. J'aurai alors quelques minutes à disposition. J'étais encore sous le choc de sa venue et de la promesse qu'elle m'avait fait. « Je te sortirai de là, mon fils ». C'était étrange à dire, mais j'avais l'impression d'avoir un poids en moins depuis cette promesse. Comme un petit garçon à qui sa maman le rassurait à au réveil brutal d'un cauchemar.

Dans la poche droite de mon pantalon se trouvait la photo de Maureen et moi. Cela me brulait presque la cuisse, mais le fait de l'avoir me rassurait. Si elle avait accordé sa confiance à Anastasia, c'était pour une raison. Ses arguments devaient être bons, arguments que bien évidemment, je n'étais pas autorisé à entendre, pour des raisons évidentes. J'avais envie de lui faire confiance pour la simple et bonne raison qu'elle était mon dernier espoir mais aussi car elle m'avait toujours protégé, malgré contre ce putain de secret familial. Même après ce dernier, elle avait toujours continué de verser de l'argent dans mon compte bancaire, de faire en sorte que mon réfrigérateur soit toujours plein et elle avait toujours assuré ma protection contre les médias qui harcelaient notre famille.
Bien évidemment, le fait qu'elle ait attendu autant de temps pour intervenir entre Jake et moi était suspect. J'espérais simplement que le fait de me voir au bord du gouffre avait été l'élément déclencheur à son égard et qu'elle était déterminée pour me sortir de là. Il était temps qu'elle s'allie avec Maureen.

Le dealer à mes côtés dormait profondément, il me semblait qu'il était sous calmant, j'étais donc assez libre de disposer. Mes doigts tapaient en rythme contre le mur froid de ma cellule, tapant une mélodie que j'avais apprise avec Nick. J'avais envie de jouer de la batterie, de faire hurler de la musique, de taper dans un punching-ball tellement j'étais impatient. La pendule accrochée au-dessus de la porte de ma cellule ne faisait qu'accélérer mon rythme cardiaque. Cinq minutes, le sourire de Maureen. Quatre minutes, ses yeux. Trois minutes, ses lèvres. Deux minutes, son odeur. Une minute, sa voix. Lorsque les deux aiguilles de la pendules furent sur le chiffre 11, je me redressai le plus silencieusement possible et me couchai contre le sol, à plat ventre. Je repérai la grille qui se cachait sous mon lit et, malgré la poussière, parvins à la retirer. Les doigts noirs et à l'aveugle, je tâtonnai le sol jusqu'à ce que je rencontre un boitier. Mon cœur rata un battement et je tirai mon bras vers moi. Elle n'avait pas menti.

En me relevant, je jetai un œil vers la porte de ma cellule, un brin inquiet. Le dealer à mes côtés s'était mis à ronfler. Je décidai d'éteindre la lumière de la pièce pour plus de discrétion puis m'allongeai sur le dos, sur mon lit. Anastasia n'avait vraiment pas menti en m'assurant qu'un téléphone portable serait à ma disposition dans ma cellule. Je devinais qu'elle avait beaucoup plus de contacts que je ne l'imaginais mais bordel, j'étais reconnaissant. C'était un vieux modèle, pas traçable par GPS. Il me fallut quelques minutes pour comprendre son fonctionnement et fus soulagé en y voyant le répertoire. Un seul contact ; Maureen. Huit jours que je ne l'avais ni vue, ni entendue, je n'hésitais pas une seconde et pressai le bouton pour lancer l'appel.

Au bout de trois sonneries, elle décrocha. J'entendis un « allô ? » étouffé par le bruit d'une foule et ce qui me semblait être de la musique. Un mot me vint à l'esprit : Paige.

- Allô ? Qui c'est ? Mince j'entends rien, fit la voix de Maureen.

J'entendis ensuite ce qui me semblait être une vraie petite foule faire un décompte, celui qui séparait 2015 de 2016.

- Maureen, reviens ! Cria ce qui me semblait être Paige.

Cette dernière n'obéit pas puisque le bruit diminua en quelques secondes au point de pouvoir entendre une porte claquer puis un silence total.