Break Me Free [feat. J.D.B.]

CHAPITRE 7 : PASSION

Cela faisait une semaine que le gala avait eu lieu et je n'arrêtais pas d'y penser. En boucle dans mon esprit. Non, je ne pensais pas à la possible infidélité de Jake, car je ne doutais pas de lui. Justin racontait des sottises pour se faire remarquer, j'en étais certaine. Je pensais à la guitare électrique avec laquelle j'avais joué l'autre soir. J'avais une forte envie de recommencer, comme lorsque j'avais quinze ans, avant que je quitte le lycée.

« Je peux vous aider ? »
« Oh. » Fis-je, surprise. « Non, je peux me débrouiller, merci bien. »

Le vendeur haussa les épaules et retourna s'asseoir derrière sa caisse. C'était un jeune, probablement d'origine hispanique, qui avait l'air assez sympathique.
Je déambulais dans le magasin, comme un enfant au paradis du jouet. J'étais entrée dans ce magasin qui vendait des tas d'instruments de musique plus tôt dans la matinée et j'y étais depuis une heure, sans trop savoir si je devais acheter ou pas. Mes propres instruments étaient chez mes parents mais je n'avais pas envie de les déménager dans mon appartement. D'un autre côté, je n'avais aucune idée de la façon dont Jake pourrait réagir en voyant tout cela débarquer chez lui.

Jake savait que je vouais un culte à la musique, cependant, j'avais laissé cette passion de côté à partir du moment où j'étais entrée dans ma Business School. Il ne m'avait donc jamais connue musicienne, si je pouvais appeler cela ainsi. Cependant, il n'était jamais là durant la journée, donc techniquement, il n'aurait pas à supporter cela, si jamais cela lui déplaisait.

« Yo, je prends mon service. Désolé, y'avait des bouchons. »
« Pas de soucis. » Répondit le vendeur à la caisse.

Un grand brun venait d'entrer dans la boutique, essoufflé et visiblement en retard. Il me lança un regard surpris avant de foncer derrière la caisse pour se changer. Après avoir retiré son blouson et ses gants, il enfila un sweat-shirt rouge qui portait le logo de la boutique sur l'arrière. Il se tourna ensuite vers moi et contempla longuement mon apparence en fronçant les sourcils.

« Mademoiselle, je peux vous aider ? » M'interpella-t-il, souriant.

Il devait avoir mon âge et était plutôt mignon. Il s'approcha de moi et contempla la guitare devant laquelle je me trouvais.

« Une Gibson alors ? Elle vient tout juste de sortir, c'est notre dernière arrivante, ce qui explique son coût assez élevé. C'est pour un cadeau ? »
« Ca n'est pas vraiment un problème. Non ça n'est pas pour un cadeau, j'ai toujours aimé les Gibson. »

Il me lança un drôle de regard, ce qui me fit regretter mes paroles. Je n'avais pas voulu avoir l'air hautaine, mais je n'appréciais pas spécialement qu'il me juge sur mon apparence et considère qu'être habillée de la façon dont je l'étais signifiait que je ne pouvais pas jouer d'instruments.

« Vous voulez l'essayer ? »
« Pourquoi pas. Je suis droitière. » Répondis-je en souriant.

Il la décrocha du mur avec précaution et attendit que je me débarrasse de mon sac à main afin de la prendre. Il me la tendit et je l'attrapais avec fermeté. Il s'empressa de régler l'anse afin qu'elle tombe à bonne hauteur.

« Elle n'est pas trop lourde ? »
« Un peu plus que celle dont j'ai l'habitude, mais c'est supportable. »
« Vous voulez la tester ? »

Je fis non de la tête, sans même réfléchir. J'étais intimidée et ne souhaitais pas jouer en face d'inconnus, bien que jouer devant Justin la semaine passée ne m'avait pas posé problème.

« Dommage. Je suis sûr que vous vous débrouillez bien. Cela se voit à la façon dont vous la tenez. »
« Ah bon ? » Fis-je, surprise.
« Nathan, arrête de draguer ! » L'engueula le caissier, en ricanant.

Je me mis à rire également et ledit Nathan haussa les épaules, ennuyé par la remarque de son collègue. Tous les deux semblaient faire une belle paire.

« Je la prends. » Finis-je par dire.
« Très bon choix. »
 
Je retirai la guitare et lui tendis afin qu'il aille la mettre dans sa boite. Je récupérai mon sac à main et me dirigeai vers la caisse ou le second vendeur lisait un magazine.

« Vous prenez la Gibson ? » S'étonna-t-il.
« Oui. »
« Comme on dit, les jolies filles ont toujours de bons goûts. »
J'écarquillai les yeux, surprise et il se mit à rire de sa flatterie. Il reposa sa revue et s'empressa de s'affairer sur la caisse enregistreuse. Elle afficha le prix de 1200 dollars, ce qui ne représentait pas une somme trop importante, il y avait bien plus cher et de plus haute gamme. J'attrapai mon porte-feuille au fond de mon sac et en sortis ma carte bleue. Le caissier me tendit le boitier et j'y entrai ma carte.

« Voilà, elle est prête à être embarquée. » Fit le brun en revenant de l'arrière boutique.
« C'est possible de la faire livrer ? » Demandai-je.
« Euh, on ne pratique pas de livraison pour les particuliers habituellement... »
« On peut le faire mais avec des frais supplémentaires. » Ajouta le caissier.
« Sans problème. »
   
Le caissier me tendit un stylo et une fiche à remplir pour la livraison. Je m'empressais d'indiquer mon nom et mon adresse, ainsi que l'heure à laquelle je souhaitais que ce soit livré et lui rendis ladite feuille.

« Oh. » Dit-il en relisant la fiche. « Vous êtes de la famille Redmont. »
« Presque. »
  
Je désignais mon annulaire gauche encore vide et souris. Brusquement, les deux vendeurs arrêtèrent de sourire et changèrent totalement de comportement. Plus aucune sympathie, ni de blague pour draguer. Etre une Redmont apportait un certain prestige lorsque l'on fréquentait du beau monde, mais bien évidemment, cela inspirait beaucoup de mépris, de la part des autres. Et j'allai sans doute devoir affronter cela toute ma vie.