Chapitre 3 : Le transport jusqu'à l'hôpital

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Une fois installé sur le brancard, ils me lèvent et me transportent jusqu'au camion. Pendant le trajet, qui fut court, j'ai eu peur honnêtement. Je ne voyais quasiment rien, juste le plafond, et en plus il y avait des escaliers... Bref, une fois installé dans l'arrière du camion, deux pompiers montent avec moi. Deux autres pompiers vont devant. Pour être honnête, la route n'a pas été une partie de plaisir. Rien que le démarrage a été un calvaire. Les bosses, les virages, les freinages brusques, les trous sur la route... Ce fut le pire... pour l'instant. Quand j'étais sur le lit au collège, c'était le paradis comparé au camion de pompier... Je n'avais aucune douleur en continu au collège, là c'est tout le contraire. Plus le temps passait, plus la douleur se manifestait. Les pompiers m'ont posé une question qu'ils ont sans cesse répétée tout le long du trajet :

- Sur une échelle de 1 à 10, où est-ce que tu situerais ta douleur ?

J'ai répondu :

- Je suis à 1. Pour l'instant ça va. Je n'ai pas mal. Je ne sens rien.

Pour l'instant la douleur n'était pas présente. Puis plus tard, j'ai interpellé un pompier pour lui dire que je devais être à 3. J'ai commencé à avoir mal, mais c'était encore supportable. Le temps passe, puis me vient l'envie de dormir. J'ai eu envie de boire, puis maintenant c'est dormir. Le problème dans cette situation, c'est que tu n'as pas le droit de t'endormir parce que le pompier ne peut pas savoir si tu dors ou si tu as fait un malaise. J'ai perdu tellement de sang pendant l'accident que j'avais envie de dormir. Je me suis battu tout le trajet pour rester éveillé. En fait c'est comme si vous étiez resté tard devant la télé pour finir votre film mais que votre corps lui, voulait dormir. C'est pareil. Le problème c'est que plus le temps passait, plus la fatigue devenait conséquente. Et puis je me suis demandé comment ça pouvait être sous le garrot. Est-ce que le sang coule encore par exemple, mais ce que je ne voulais pas savoir, c'est comment c'était à l'intérieur de mon bras, ça devait être un vrai carnage ! A un moment, mais je ne saurais pas dire quand, j'ai commencé à perdre le contrôle de mon corps. Je commençais à être au-dessus des 8 sur 10 sur l'échelle de la douleur. Et là mon corps a commencé à se défendre de la fatigue et de la douleur. Je ne me contrôlais plus. Je devenais un pantin dirigé par la terrible douleur. Je commençais à me tortiller comme un ver de terre. Je bougeais dans tous les sens. Ma blessure me faisait mal, mais c'était plus fort que moi. Je commençais même à ressentir des fourmis dans mon bras. Le pompier m'a demandé à un moment si j'étais un garçon hyperactif. Sans savoir quoi répondre j'ai dit oui. Plus tard, j'entends un pompier qui était logé côté passager du camion qui dit à un pompier qui était derrière moi de vérifier la plaie... Sur le moment je me suis dit : « nan pas encore ! ». Bien sûr je l'ai dit dans ma tête. Le pompier s'approche de moi et commence à bouger le garrot pour vérifier mon bras, et je commence à pousser des cris de douleur qui étaient plus puissants que ceux que j'ai émis au collège. Pendant qu'il vérifie l'état de mon bras, je suis perplexe à propos de ma plaie. Il a beau toucher mon bras et me demander si je ressens quelque chose, je ne ressens rien. Mon bras commençait à gonfler encore et encore. Il y avait aussi autre chose qui me tracassait, la couleur de mon bras. Il devenait violet en passant par le bleu très rapidement. La cause de cette étrange réaction ? Le fait que mon bras ne reçoit plus aucune goutte de sang là où il faudrait l'alimenter. Je commence vraiment à avoir peur de mon état. Je me demande si j'ai des chances de survivre, je me demande pourquoi les pompiers qui sont avec moi ont un visage négatif. Pourquoi je pense que c'est la fin pour moi ? La douleur dépasse le seuil de 10 sur 10. Je ne tiens plus en place. J'ai besoin de boire et de manger. J'ai envie me mettre debout, j'ai envie de gratter mon bras, j'espère que ma maman qui nous suit à fond sur l'autoroute nous suit toujours bien, ce que je redoute le plus c'est que j'ai fait du mal à ma famille, ce que je me suis toujours promis de ne pas faire. Je ne tiens plus du tout en place, les pompiers ne savent pas quoi faire et me ils me disent qu'il reste au moins dix minutes de trajet ! Quoi ? Dix minutes ! C'est beaucoup trop long, jamais je n'arriverais à tenir. Dix minutes dans un état de surexcitation comme celui-là, c'est impossible. Mais je ne peux pas faire retour en arrière et c'est le seul moyen pour moi de rester en vie. Donc je prends mon mal en patience et j'essaie de penser à autre chose mais la douleur prend tellement de place dans mes pensées. J'essaie de penser à mon enfance... mais ça ne marche pas. J'essaie de penser à des moments passés entre amis, mais... mais rien ne marche ! C'est tellement dur de rester sans bouger sur un brancard. Je veux insulter les pompiers parce que je commence à m'énerver. Mes émotions, le contrôle de mon corps, mes paroles, tout fout le camp ! Je suis en chute libre, je dis n'importe quoi, mes pensées, ma façon de penser sont erronées. Je suis totalement déréglé ! Les pompiers, très inquiets de mon état qui se dégrade de secondes en secondes, font leur plus vite pour accéder aux urgences de Grenoble. Un court instant plus tard ils me disent qu'on est arrivés. Une joie s'installe progressivement ce qui m'a calmé peu à peu. Le camion s'arrête ainsi que le moteur qui a arrêté de tourner. Je suis enfin arrivé. Les pompiers ouvrent la porte de l'arrière du camion et descendent le brancard. J'avais tellement transpiré dans le camion que quand j'ai senti l'air frais de l'extérieur sur mon visage, je me suis senti bien. Mais du coup, j'ai froid, je claque des dents, et ma poitrine vibre. Mais je ne vais pas me plaindre, au moins je respire de l'air frais. Je profite de ces instants car une fois dans l'hôpital, ça ne va pas du tout être agréable.


Histoire d'un MiraculéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant