Unique

Chapitre 7 - Partie III : « Tu vas mourir ? »

Vêtue d'une tenue de sport constituée d'un tee-shirt blanc, couvert d'une veste, et un jogging noir, je finis par m'attacher les cheveux sous l'ordre de mon petit-ami qui se tient devant moi, les bras croisés. Il est complètement entré dans son rôle de coach. C'est effrayant.

-On va courir pendant trente minutes sans nous arrêter, faire une pause, puis recommencer. Pas d'objection, ajoute-t-il en me voyant ouvrir la bouche. Tu ne pourras rien manger avant une heure. Ou une demi-heure grand max'. Mais tu pourras boire de l'eau de temps en temps. On va faire ça tous les weekend puisque ton corps ne supportera pas plus d'efforts.

J'ai de moins en moins envie de commencer bizarrement. Je n'ai pas assez profité de ma courte vie.

-Et si je fais, par exemple, une crise cardiaque ?

-Tu n'en feras pas.

-Mais imaginons que ça arrive.

-Puisqu'on parle de faits fantastiques... Je trouverai un moyen de te ressusciter, répond-il avec amusement.

Mon cœur se met à palpiter. Mais il poursuit :

-Pour que tu continues ta course.

-Je t'ai déjà dit que t'es un crétin au cœur de pierre ?

-Oui et pas qu'une fois. On y va, on a déjà perdu du temps.

Je le suis jusqu'à l'entrée en traînant des pieds, avant d'enfiler des baskets, les joues gonflées pour lui montrer mon manque d'enthousiasme.

-Où est ta mère ? Demande Natsu. La mienne veut l'inviter chez nous pour faire connaissance.

J'écarquille les yeux, horrifiée, et m'exclame à voix basse :

-T'es fou ? Elle va la traumatiser à vie ! Ta maman est trop douce et gentille pour fréquenter une journaliste bipolaire, je te l'assure. Elle finira par rire toute seule pendant que tu vas parler, taper le crâne de ton père à chaque fois qu'il aura le malheur de passer près d'elle, et qui sait même, elle pourrait s'arracher les dents pour voir ce que ça fait...

-On parle de moi ? Débarque Layla d'un ton joyeux.

Elle se reconnaît bien.

-Je lui disais juste que t'as quelques problèmes, mais sinon rien, au revoir, je tranche vite pour m'en débarrasser.

Mais ma mère réussit à avoir l'attention du rose.

-C'est vrai que j'ai eu quelques soucis jadis. J'étais schizophrène avant, avoue-t-elle avec des gestes de mains théâtraux. Mais, maintenant nous allons mieux.

C'est vrai que c'est convaincant.

Je sens que Natsu se retient d'exploser de rire, mais il garde son sang-froid en lui répondant d'un ton faussement dramatique qui colle bien au caractère de ma mère :

-Moi aussi, madame. Avant, j'étais narcissique, mais maintenant je suis parfait.

-Que d'hirondelles, une merveille ce garçon ! S'exclame ma mère en dansant jusqu'au salon.

Natsu et moi nous regardons un instant avant de hausser les épaules. Je me dirige vers la cuisine :

-Je vais nous prendre quelques barres au chocolat pour...

-Non, Lucy, je répète : tu ne mangeras pas avant une heure après la course.

-C'est à mon estomac de décider !