Chapitre Cinq

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Tristan savait qu'il allait souffrir mais il ne l'empêchait pas, au contraire, il y allait encore plus vite, plus fort. Comme s'il le voulait à tout prix. Souffrir pour ressentir. La douleur contre la vie.

Moi j'avais déjà vécu les murs qui s'effondrent et le ciel par-dessus, j'avais déjà eu mal, je savais ce que ça faisait et je m'en étais relevé. Je n'avais pas envie de plonger à nouveau.

Et pourtant nous plongions. Peut-être étions-nous capable de sentir que le monde autour de nous était en train de s'écrouler, peut-être avions nous lus quelque chose dans l'air ambiant qui s'alourdissait, je n'en sais rien. Mais nous avions faim. Faim de vivre, faim de ressentir jusqu'à la fièvre, jusqu'à l'implosion. Les choses autour de nous vibraient de plus en plus fort et bientôt elles se briseraient. Nous vibrions avec elles, au risque de connaitre le même sort.

J'avais faim de Tristan comme personne auparavant n'avait attisé ma faim. Je le voulais, ses regards et sa chair, son besoin de moi, j'en avais besoin aussi.

Et pourtant, j'étais incapable de l'aimer.

Quelque part, moi aussi, je le haïssais.


- Qu'est-ce que ça veut dire, sur ton pendentif ?

Ben est allongé dans mon lit, les bras croisés derrière la tête. Il a ce sourire sur son visage que j'hésite à trouver insupportable ou adorable. Il a l'air content de lui. Il décroise ses bras, viens prendre entre ses doigts le pendentif en forme de disque qu'il porte toujours autour du cou et que je suis en train de regarder. Il passe la pulpe de son pouce sur la surface gravée de traits et de cercles que je ne comprends pas.

 Il passe la pulpe de son pouce sur la surface gravée de traits et de cercles que je ne comprends pas

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- Ce sont des runes.

- C'est-à-dire ?

- C'est écrit en alphabet runique. C'est un alphabet magique qu'on trouve dans plein de livres. Tu n'as jamais lu le disque monde ?

- Non. Et d'ailleurs, j'ai toujours cru que Terry Pratchett était une femme.

Il fait une de ses grimaces choquées qu'il a souvent pour aucune raison. Je hausse les épaules. Et alors ? Mais j'aime bien sa façon de réagir. De ne jamais être indifférent à moi.

- Et qu'est-ce que ça veut dire ?

- C'est un secret. Mais je t'apprendrais à lire les runes, si tu veux.

Il lâche le pendentif, qui retombe entre ses clavicules. Je l'observe, pensif. C'est quelque chose de lui que je ne connais pas. Un secret. Quelque chose que peut-être, je peux percer à jour. J'aimerais bien.

- D'où il vient ?

- L'une de mes meilleures amies me l'a offert pour mes dix-huit ans.

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