Chapitre Sept

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C'était de sa faute.C'était de la faute de Tristan.Il ne me résistait pas, jamais.Il aurait du.C'était de sa faute.Je n'avais rien fait pour qu'il m'aime.Je n'avais rien demandé, je lui avait donné ce qu'il voulait mais ça ne suffisait pas.Pourquoi il avait fait ça.Pourquoi il avait fait ça.Ce n'était pas de ma faute.C'était de sa faute.Mon coeur.


J'ai eu envie de foncer sur mon ordinateur pour trouver une page de traduction de runes, pour percer le secret de son collier. Mais finalement, je ne l'ai pas fait. Je crois qu'il y a deux raisons. La première, c'est qu'il m'a dit qu'il m'apprendrait les runes. Et je préfère largement que ce soit lui qui m'apprenne plutôt que Wikipédia.

La seconde, c'est que pour pouvoir recopier les symboles sur sa chaine, il faudrait que je l'enlève et que je la pose sur mon bureau. Et... Je n'ai pas envie de l'enlever. Outre le fait que je suis capable de la perdre - même dans une chambre de sept mètres carrés - ça pourrait porter malheur. Ça pourrait briser la protection que Ben m'a donnée.

Est-ce que je crois à ces trucs-là ? Bien sûr que non, mais je suis amoureux.

Je rejoins les autres au réfectoire pour le diner, le disque argenté remonté par-dessus mon tee-shirt. C'est tout juste si je ne bombe pas le torse pour être sûr que tout le monde voit bien. J'ai l'impression d'être Gabriella dans High School Musical quand elle porte un collier avec un T comme Troy.

C'est dingue. Je n'aurais jamais pensé être le genre de personne à vouloir afficher à tout prix ce genre de choses. J'ai toujours été du genre discret sur mes relations. On se tient la main mais on ne s'embrasse pas trop devant tout le monde. Et là... Si un génie apparaissait et m'offrait un tee-shirt " M. Tristan Keynes " (Le nom de famille de Ben), je le mettrais en pouffant.

Oui, j'exagère. Mais vous voyez l'idée. C'est fou ce que les gens vous changent. Ou, disons, ils ne vous changent pas vraiment mais ils font ressortir des parties de vous auquel vous n'auriez pas forcément pensées.

Sauf que Ben porte ce collier sous ses tee-shirts en permanence. Du coup... Personne ne remarque rien. Je le tripote et je joue avec pendant dix minutes, conscient d'être un gamin, quand Capucine finit par me demander, avec un sourire narquois :

- Tiens, c'est nouveau ?

- C'est Ben qui me l'a prêté.

Elle hausse un sourcil, s'approche pour regarder et réponds :

- Ah, oui. C'est vrai.

Sale garce. J'avais oublié qu'elle, elle l'avait déjà vu. Et... Pas qu'elle, d'ailleurs. Je regarde les gens autour de moi et mon regard s'arrête sur Jonas. J'ai envie de lui dire : " Tu sais que tu es le seul ici qui n'ai pas couché avec Ben ? ". Je pourrais presque ajouter " t'as pas envie d'essayer ? ".

Je range le collier sous mon pull. J'en ai marre de moi.

Je n'ai pas envie de jouer aux cartes, après. Tamiya me propose de regarder un film dans sa chambre et après avoir été gentil avec elle ce matin, je l'envoie promener, je lui dis texto qu'elle est gentille mais qu'elle ne m'intéresse pas. Je suis détestable, parce que j'ai l'impression que tout mon corps se réchauffe d'une colère que je ne sais pas maitriser. Je ne sais pas pourquoi je me sens comme ça. C'est... Je n'arrive pas à le maitriser. C'est comme une jauge de pression qui monte, monte, monte. J'ai mal au cœur.

Je ressors la lettre du tribunal du tiroir ou je l'ai fourrée tout à l'heure. Je la relis jusqu'au bout. Plusieurs fois d'affilés, je la relis. Je ne sais pas ce que je cherche, à m'énerver ou à me calmer. Je sais seulement que j'en ai besoin.

Sous La GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant