Chapitre Treize

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Quelque part,
Au fin fond d'une de ces nuits ou j'ai cherché en vain le sommeil,
Mais ou je ne faisais que chercher inlassablement l'odeur de Tristan dans mes draps,
L'écho de ses mots dans mon ciel,
Le reste de ses baisers sur ma peau,
J'ai souhaité qu'il meurt,
De toutes mes forces j'ai souhaité qu'il sen aille,
Qu'il n'ait jamais existé.
Et j'ai souhaité de guérir,
Et de ne jamais lui dire
Ce qu'il m'avait fait.

Il me regarde différemment, le lendemain matin.

- Il neige.

- Mmm.

Il mange des céréales, appuyé contre le comptoir. Il ne me regarde pas.

- Tu es fâché ?

- Mais non, pas du tout.

- Si. Tu es fâché.

- Arrête.

J'arrête. Je ne dis plus rien. Je le regarde manger des céréales. On est seuls, ses parents sont partis faire le marché. La maison est silencieuse et vide, on dirait un film d'auteur. Quand on remonte à sa chambre, il veut que je m'en aille mais il ne sait pas comment le demander. Je suis assis sur son lit et je regarde mes genoux. Je suis très triste mais je n'ai pas envie de pleurer. J'ai envie de m'allonger dans son lit et de dormir pendant qu'il travaillerait à côté de moi. J'entendrais le bruit des touches de son ordinateur. C'est quelque chose que j'aime. Je redresse la tête et il me dit :

- Écoute...

- Ne me déteste pas. S'il te plais. Ne me déteste pas.

Je ne pleure pas, mais j'éternue. Très fort, tellement fort qu'après, je me sens bizarre. Tremblotant. Ben s'approche de moi, mais j'éternue une deuxième fois. Encore plus fort. Si fort qu'il me fait pencher en avant, le front appuyé sur sa main. Elle me parait glacée.

- Tu es brûlant. Tu as pris froid... C'est à cause de cette nuit quand on est sortis ?

Il a l'air... Mal pour moi, un peu honteux et exaspéré aussi. Drôle de mélange.

- Je ne sais pas.

On est sorti cette nuit. C'était la plus belle nuit de ma vie entière. C'est probablement pour ça que ce matin est si moche. Ça me fait penser à mon amie qui s'est suicidée, parce que le bonheur est toujours suivi du malheur. J'ai mal pour elle.

Il m'a dit des choses bouleversantes, hier. Puis il s'est effondré en larmes. Et quand Ben pleure.... Jamais il n'avait pleuré comme ça devant moi. Vraiment jamais. Avec l'air de souffrir aussi fort, en refermant ses bras autour de son cœur comme si sinon, il allait tomber par terre.

Il m'a dit qu'il avait besoin d'un moment. Il est sorti, je ne sais pas ce qu'il faisait. Je n'entendais rien, j'étais seulement là avec le dessin animé. Juste après qu'il soit parti, on est arrivé au moment de la chanson de John Rzeznik. Et cette chanson, c'est l'une de mes chansons préférées au monde. Mais elle me rend... Pas malheureux. Plutôt obstiné. Déterminé. Désespéré. Elle me rend bizarre.

Quand elle a été finie, j'ai ouvert le velux, je me suis mis debout sur le lit et j'ai été dans la nuit, le froid et la neige, jusqu'au ventre.

C'était tellement beau, dehors. Si blanc, partout, un manteau épais. A Lyon, ils enlèvent la neige, enfin ils essayent. Ce n'est pas comme ça. Ici,... C'était trop beau. Juste quand Ben est revenu, il s'est mis à neiger doucement. Il m'a demandé « Qu'est-ce que tu fais ? » et j'ai répondu « Viens ».

 Il m'a demandé «  Qu'est-ce que tu fais ? » et j'ai répondu « Viens »

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