Chapitre 15

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  Mon crâne me brûlait, mon visage me tiraillait et pour couronner le tout, je ne parvenais pas à soulever mes paupières. Les dernières choses dont je me souvenais étaient d'yeux d'un vert sombre qui me fixaient avec rage. Je ne comprenais toujours pas comment il eut appris pour l'appel et je craignais le pire quand à la suite de ma vie ici. Il avait été si rude avec moi, la force de son poing m'envoya des frissons d'effroi tout comme la claque qu'il me donna juste après. Mon degré de résistance à la violence atteignait un niveau très bas. J'étais honteuse de ma faiblesse mais avec ma taille et corpulence je ne pouvais pas faire grand chose. De plus, apprendre à me battre n'était jamais entré dans ma vie comme quelque chose d'utile puisque je ne supportais pas tout ce qui touchait à l'agressivité. Ma mère disait souvent que je descendais d'un ange, un ange désormais prisonnier du diable en personne.

Des bruits de pas me sortirent de mes pensées et se fut comme un signal pour mes yeux qui s'ouvrirent enfin. Je distinguai d'abord une chevelure blonde et des orbes bleues perçantes où j'y percevais une once de tristesse. J'avais appris à mémoriser leur nom depuis le temps et cet homme de taille moyenne aux joues rondes se nommait Niall.

Il s'assit sur le lit et je fronçai les sourcils, il paraissait préoccupé.

-Comment te sens-tu ?

Mes gobes oculaires manquèrent de sortir de leurs orbites à cette question. Depuis quand quelqu'un ici s'intéressait à mon état de santé ?

-J-J'ai mal, soufflai-je en déposant ma main sur mon front brulant.

-Harry n'y est pas allé de main morte, il grimaça à la vue de ma pommette que je sentais enflée.

La simple évocation de son prénom m'électrisa de l'intérieur ; je redoutais de croiser son magnifique visage qui cachait pourtant une âme si mauvaise et sans pitié.

-Où est-il ? osai-je demander terrifiée à l'idée qu'il ne revînt au galop, lui et ses poings destructeurs.

Niall se gratta la nuque et je soupçonnai que ce qui allait suivre n'allait pas me plaire. Pourtant il se contenta de dire :

-Hum, il devait se calmer.

Je fronçai les sourcils et me redressai, je pris soudain conscience des faits :

-Où est Eleanor ?

Son visage pâlit tandis qu'il déglutit doucement. Je savais qu'elle m'avait défendue mais je n'ai pu suivre les évènements d'après, et cela ne prévoyait rien de bon.

-Elle, il lécha sa lèvre inférieure et passa ses doigts dans ses cheveux qu'il tira légèrement, elle est morte Crystal.

Mon souffle se coupa à ses mots. Tout s'embrouilla dans mon esprit. Je ne parvenais pas à imaginer le visage si chaleureux d'Eleanor s'évanouir en une mine inexpressive ; je ne pouvais croire en sa mort. Elle était mon unique soutien dans cet enfer, la seule personne en qui je me confiais. Elle incarnait la femme adorable avec tout le monde même si la plupart de ces criminels ne le méritait pas. Elle représentait la douceur dans ce monde de brute ainsi que mon échappatoire pour ne pas flancher sous la dépression.

Une goutte puis une seconde ruisselèrent sur mes joues. Elles se multiplièrent vite et je plaquai mon visage dans mon coussin afin de réfréner mes cris de rage. Je grimaçai par la même occasion d'appuyer sur ma nouvelle blessure mais ne cessai pas mes actions pour autant. J'étais si en colère, si triste. Ce que je jugeais comme un tsunami d'émotions déferlait en moi, me détruisant de l'intérieur, s'acharnant sur mon cœur déjà bien affaibli par toutes ses traversées.

Je relevai au bout d'un certain temps mon attention sur le blondinet qui étrangement m'observait avec une certaine compassion que je ne doutais pas qu'il pouvait ressentir. Les monstres avaient des sentiments finalement ? Incroyable.

Novocaine H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant