Novocaine H.S

Chapitre 7

Je me réveillai dans un grand lit, dans la chambre de Harry. Ma peau était collante et mon front suant. Les souvenirs horribles de cette fille au dessus de moi me donnèrent encore envie de vomir. Harry était un psychopathe, un pervers, je le détestais.

La porte s'ouvrit et je me recroquevillai instantanément sur moi même en fermant brusquement mes paupières.

-Ce n'est que moi, m'assura la voix douce d'Eleanor.

Elle s'assit sur le matelas et caressa mes cheveux. Je me mis à pleurer et m'éloignai. Je ne supportais plus le toucher des autres. Elle soupira et laissa retomber sa main sur ses jambes.

-Ce que Harry t'a fait subir est horrible, je suis désolée, elle murmura faiblement et j'osai poser mon regard détruit sur elle. À la vue de mon état, son visage se décomposa. Je devais être horrible à voir avec mes cheveux emmêlés et mes orbes rougies... Le pire était la sensation de toujours sentir cette blonde contre moi. Je voulais juste me doucher pendant des heures et enlever toute trace de cet épisode sur ma peau.

-Si cela peut te rassurer tu ne risques pas de revoir Carmen, elle a été vendue ce matin et est en route pour l'Amérique du Sud.

Cette information ne me fit en aucun cas sentir mieux. Je ne lui en voulais en rien puisqu'elle ne faisait qu'écouter les ordres du terrible chef de gang. Je ressentais de la peine pour elle. Elle se faisait vendre et acheter comme un pauvre objet et devait coucher avec toutes sortes d'hommes horribles. C'était d'autant plus difficile puisque de toute évidence cette femme était lesbienne. Je comprenais pourquoi les garçons l'avaient payée aussi cher, une prostituée lesbienne attisait les esprits tordus, comme celui de Harry par exemple.

Eleanor me sortit de mes pensées en déposant près de moi des nouveaux vêtements et sous-vêtements : le même jean dévalé que je portais à mon arrivée et une chemise à carreaux sur un top à bretelles.

-Harry m'a dit que tu aimais les chemises alors je t'en ai prise une, expliqua-t-elle et je la remerciai d'un hochement de tête, tu peux aller te doucher et descendre en bas déjeuner quelque chose.

Elle s'apprêta à partir mais je la retins par le bras :

-Quelle heure est-il ?

-Il est environ midi.

Je grognai en me laissant retomber sur l'oreiller et avant que Eleanor ne franchisse la porte une autre question me traversa l'esprit :

-Où a dormi Harry ?

Elle mordilla sa lèvre et répondit d'une petite voix :

-Juste à côté de toi.

Elle s'empressa de s'éclipser et je balançai mon coussin à l'autre bout de la pièce en laissant échapper un cri de colère. Il me dégoûtait tellement que rien que de l'imaginer à plus d'un mètre de moi suffisait à me donner la nausée.

°°°

Après presque une heure passée sous la douche à me savonner à maintes reprises et après m'être habillée et lavée les dents pour enlever ce goût désagréable dans ma bouche, je vins observer mon reflet dans la glace. Mes cheveux goûtaient encore et pour la première fois depuis longtemps je décidai de les garder détachés pour cacher l'horrible suçon de l'homme que je haïssais le plus sur cette planète. Je remontai mes lunettes sur mon nez et après un long soupir je pris la décision de descendre.

Le rez-de-chaussée était calme ce qui me laissa penser que les garçons étaient absents. Tant mieux, pensai-je heureuse de ne pas avoir à affronter Harry tout de suite. Je m'avançai dans la cuisine et y trouvai Eleanor qui m'attendait à table pour commencer à manger. Dans mon assiette se trouvaient un steak et des frites. Mon estomac gronda, je ne savais pas depuis combien de temps je n'avais pas avalé quelque chose mais cette nourriture me donnait vraiment envie. Je me jetai littéralement sur mon plat sous l'expression amusée de la brune.