Novocaine H.S

Chapitre 18

  Cela faisait bien une heure que les garçons discutaient avec un certain Omar et je commençais sincèrement à m'ennuyer. Seuls les cercles que les doigts de Harry émettaient dans mon dos me tenaient compagnie. Les gens ici n'osaient rencontrer le regard du gang, ils les craignaient mais agissaient avec un masque neutre que je leur enviais. Je jetai un coup d'œil au bouclé qui riait à propos d'un meurtre qui avait mal tourné ; cette histoire ne tirait pas dans le comique, elle m'écœurait plutôt.

Cheryl quant à elle discutait avec des jeunes femmes plus loin, les joues roses dû à la quantité astronomique d'alcool qu'elle encaissait. Cependant, elle paraissait beaucoup plus vivante et enjouée que tout à l'heure. Pourquoi avait-elle droit de s'éloigner du groupe et pas moi ? Ah oui, il était vrai que mon « propriétaire » souhaitait garder une prise ferme sur ma vie, et je détestais cela. De plus le fait que je ne pouvais dire un mot sans en subir les conséquences m'exaspérait au plus haut point. Alors dans un élan d'agacement et de courage, je me lançai :

-Harry, j'appuyai sur son bras ce qui attira son attention.

Ses sourcils se froncèrent et sa mâchoire se contracta, je savais qu'il se retenait de ne pas me frapper pour avoir désobéi devant tout le monde. Il serra son emprise sur mes hanches à la place et je grognai de douleur.

-Que t'ai-je dit mon amour ? chuchota-t-il au creux de mon oreille.

Je déglutis devant son ton contrôlé mais n'abandonnai pas pour autant :

-J-Je, je repris mon souffle fatiguée de bégayer, j'aimerais rejoindre Cheryl.

Il parut surpris de mon audace et se redressa afin de m'observer de toute sa hauteur :

-Bien, je manquai de m'étouffer à sa permission, mais ne t'éloigne pas trop je veux pouvoir te voir d'ici.

J'hochai la tête sans hésiter bien trop pressée qu'il ne me lâchât. Lorsque son bras se décela de mon corps, une vague de fraîcheur me submergea. Je pouvais enfin respirer. Sans plus attendre, je marchai jusqu'à la brune ; loin de moi l'envie de passer du temps avec elle mais si cela pouvait m'éloigner de Harry un moment je ne refusais pas.

Les femmes avec qui elle conversait puaient l'argent à plein nez avec leurs parures de diamants ainsi que leur coiffure et maquillage très sophistiqués, certainement faits par des professionnels. Je faisais tache à côté, je ne portais aucun bijoux et mes cheveux tombaient dans mon dos en de banales boucles. Celles-ci me reluquèrent d'un air hautain, l'idée de leur faire avaler leurs extensions me tentait vraiment. Cette société où l'argent trônait ne me plaisait pas ; je haïssais ces gens à la fortune plus conséquente que celle d'un pays émergent en entier. Certains l'utilisaient à bon escient mais d'autres consommaient dans un égoïsme pur.

Cheryl m'étudia un instant l'air las et contre toute attente me présenta à ses prétendues amies :

-Lindsay, Carol, Betty, voilà Crystal.

-Crystal Bloom, la fille des infos ? demanda l'une.

-C'est elle la girl de Harry ? continua une autre et je perçus une vague de dégoût l'habiter un instant.

-Ouais, Cheryl haussa les épaules tandis que je m'acharnai sur ma lèvre inférieure, Harry a bien voulu desserrer sa laisse ? elle se tourna en ma direction et attisa les gloussements.

La colère monta en flèche jusqu'à mon esprit où une alarme auto-défensive s'y alluma :

-Ne sois pas jalouse Cheryl, au fond tu rêverais d'être à ma place, je m'approchai d'elle, cela crève les yeux que tu l'aimes mais devine quoi ? Lui se fout complètement de toi.