Chapitre 19

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  Nous sortîmes par une porte arrière de la salle et même si mon cerveau me tannait de ne pas y aller, je ne résistai pas à l'envie. La ruelle où nous atterrîmes était très peu éclairée, les lumières grésillaient et des poubelles longeaient les façades de l'hôtel bien moins entretenues que celles de devant. Une silhouette s'y adossait dans la pénombre et fumait. Je plissai des yeux et reconnus avec surprise la veste en jean de Louis. Harvey lui ne sembla pas le remarquer, il continuait d'avancer d'un pas décidé avant que le brun n'apparût dans sa vision.

-On peut savoir où tu l'emmènes ? ce dernier le questionna en jetant sa cigarette au sol.

Harvey ferma les yeux et les rouvrit en affichant un sourire que je qualifierais des plus hypocrites.

-Cela ne te regarde pas Tomlinson.

Louis fronça les sourcils devant son ton agressif et m'attrapa par le bras pour me ramener à lui.

-Ne le suis pas Crystal, il n'est pas net.

Le bouclé se mit à rire franchement, il se tenait le ventre dans l'exagération.

-C'est toi qui dis ça ? Non franchement ma belle tu devrais rester avec moi. Je ne te ferai rien en revanche je ne te garantis pas que lui non plus.

Tout s'embrouillait dans ma tête. Je ne savais qui croire entre Louis, homme perdu et en deuil, ou Harvey, frère du chef, qui avait essayé de me tirer dessus pour m'empêcher de fuir quelques jours plus tôt. Sauf qu'au fond je lui trouvais une certaine sympathie.

Alors je me dégageai de la prise de Louis et rejoignis celui en qui je posais ma confiance. Nous marchâmes sans se soucier des appels incessants du garçon derrière qui me suppliait de ne pas le suivre.

Je distinguai un grand S.U.V vers lequel nous nous dirigions et le doute s'installa une seconde. Je n'en tins pas rigueur et m'apprêtai à monter à l'intérieur quand une voix que j'identifiai facilement par ce brin rauque et puissant résonna :

-Reviens de suite mon amour ou je te jure que tu vas le regretter.

Je me tournai vers Harry qui accourait vers nous, un flingue en main pointé droit sur notre position. Son frère s'empressa de grimper côté conducteur et avant de m'y installer j'adressai mon plus beau doigt d'honneur à l'homme de mes cauchemars. Comme ébranlé par mon audace il se stoppa un instant dans sa course et ce fut suffisant à Harvey pour démarrer. Des coups de feu retentirent, une toucha la carrosserie arrière et une autre par je ne savais quelle magie parvint jusqu'à l'épaule de Harvey qui hurla dans la seconde. Son pied appuya sur l'accélérateur, il serrait les dents pour ne pas extérioriser sa souffrance, les manipulations du volant devinrent difficiles.

-Dans la boite à gant, Harvey donna un coup de menton vers celle-ci, il y a une trousse à pharmacie. Prends là.

Je m'exécutai en vitesse et la pris entre mes doigts tremblants. Cette situation me déplaisait et je n'imaginai même pas la rage ressentie par le bouclé. Il allait me le faire payer.

Je trouvai des bandages, des pinces, du désaffectant. Je ne connaissais pas vraiment les gestes de premiers secours, à tord, alors j'empoignai sans réfléchir de quoi faire une compression sur son bras qu'il me dévoila en grimaçant. La vue de tout ce sang me donnait le tournis et je ravalai mon envie de vomir afin de stopper l'hémorragie de mon mieux. Je serrai les bandages au maximum et priai pour que cela tînt.

-Il faut appeler les urgences ! dis-je en rangeant le tout à sa place initiale.

Contre toute attente il s'esclaffa comme si mes dires étaient absurdes.

Novocaine H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant