Chapitre 2♢

58.2K 2.6K 225
                                    

[Version Réécrite.]

De retour à l'appartement, j'entreprends de me déchausser puis stationne mes talons près de la porte. Le parquet froid me fait sursauter, et c'est en sautillant sur le bout des orteils que je laisse retomber mon sac sur le canapé. Cependant une douce odeur de mets alléchants vient titiller mes narines, et mon estomac se met immédiatement à crier famine.

Ma perception olfactive se met aussitôt en branle, et je n'ai pas su à quel moment mes pieds se sont mis en marche, cependant je constate être déjà assise sur l'un des tabourets installés devant le plan de travail. Mes yeux s'écarquillent et un sourire béat naît sur mes lèvres.

– C'est pour moi ?

J'interroge mon ami qui se trouve derrière les fourneaux. Il a revêtu son tablier, et jette un coup d'œil par-dessus son épaule pour m’adresser un sourire éclatant.

– Oui j'ai pensé que t'aurais un petit creux une fois ton entretien terminé, en parlant de ça, quel est le verdict ?

Ryan mon colocataire et meilleur ami m'a soutenu lors de ma recherche d'emploi. Alors tout comme moi, il a été surpris lorsque j'ai reçu un coup de téléphone de la compagnie Lockwood. Il a supporté mon état de stress, et mes sautes d'humeur.

Parce qu'il faut le dire, j'ai certaines fois pour ne pas dire constamment des sautes d'humeur. Mon péché mignon.

Parce que je suis d'humeur joueuse, et que je veux me délecter de son expression en lui faisant croire à une mauvaise nouvelle, je pousse un profond soupir à fendre l'âme et me constitue une expression faciale peinte de tristesse et de déception.

– Ça n'a pas marché, je mens en adoptant un ton doucereux.

Ryan se retourne et plante ses orbes marron dans les miens.

– Merde, jure-t-il rapidement peiné, je suis vraiment désolé…je te promets qu'on te trouvera autre chose. Tiens, pour ne pas que tu penses à ça, tu peux commencer à t'empiffrer. Il n'y a pas meilleur remède que la bouffe en pareille situation.

Je me fais violence pour ne pas rire. Une petite voix me susurre que ce n'est pas bien de jouer ainsi, et j'en éprouve machinalement des remords. Il fait volte-face, et un instant plus tard dépose devant moi un plat de salade au thon.

– Je vais tout faire pour te remonter le moral, ne t'inquiète pas. Comme on dit un de perdu et dix de retrouvés.

N'ayant plus la volonté de trop forcer sur cette comédie mensongère, je finis par éclater de rire. Mon ami se disant sûrement que c'est une manière d'évacuer mon amertume, me dévisage en prenant une moue compatissante.

– Ryan, haleté-je en riant, je t'ai eu. Franchement, fallait voir ta tête.

Il fronce ses sourcils, puis croise les bras sur son torse en me jetant un regard incompréhensif.

– Quoi ?

– Je n'ai pas été recalée, c'est plutôt le contraire qui s'est opéré. Tu as devant toi, la nouvelle assistante du tyrannique Raphaël Lockwood, clamé-je en me désignant des pouces.

L'information met un certain temps à pénétrer les fibres de son cerveau, et dès que c'est fait, il me fusille du regard, et m'arrache l'assiette alors que j'ai tout juste eu le temps de planter la fourchette dans un morceau de salade.

My F*cking Boss. ( Publié chez &H)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant