Chapitre 8 ◆

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[Version réécrite.]

Je vais tuer mon boss ! Ce ne sont plus des paroles en l'air. J'envisage sérieusement de le trucider comme un bœuf et vendre ses organes au marché noir. Tiens, encore une idée géniale que je vais noter dans mon carnet. Au moins je suis certaine qu'il ne manquera à personne. Je n'arrive pas à croire qu'il m'ait fait quitter l'appartement à vingt-deux heures. N'a-t-il donc aucun respect pour moi ? C'est juste inconcevable qu'il soit si imbu. Je sais que le rôle d'une assistante est d'être disponible à toute heure saugrenue pour son employeur, sauf qu'il a fallu que je tombe sur le connard de service.

J'ai été obligée de raconter des bobards à mes parents comme quoi j'ai oublié de rendre un dossier important à mon patron. Une question de vie ou de mort. Tout compte fait, je ne pense pas avoir exagéré mes propos. Si je ne ramenais pas mon postérieur chez mon boss, je risquais sûrement le chômage ce qui équivaut à la mort.

Mon père s'est montré encore plus bourru qu'au début de la soirée et n'a pas apprécié que je m'en aille comme une voleuse. De plus on n'a pas eu cette discussion père-fille qu'il désirait. Si ce n'était pas Janet, l'idée de m'accompagner (juste pour vérifier que je dis bien la vérité) n'allait pas quitter ses pensées malsaines.

Bref, revenant sur la terre ferme j'entre dans les locaux de l'entreprise à toute vitesse. Même les vigiles ont été surpris de me voir à cette heure, ne parlons pas alors du réceptionniste de nuit qui m'a posée tout un tas de questions nuisibles pour vérifier que je dis bien la vérité, et ne suis pas venue en catimini dérober des informations qui pourraient nuire à l'entreprise. Il va loin dans ses délires, le gaillard. Pour lui montrer ma bonne foi et apaiser ses soupçons, j'ai dû lui demander de m'accompagner pour qu'il s'assure de la véracité de mes propos.

Après une minute de recherche, je mets finalement la main sur le dossier que je cherche. La raison de ma présence dans ce lieu ; de mon déplacement nocturne. D'un coup, j'ai très envie de le brûler et de faire un doigt d'honneur à mon patron en l'envoyant paître. Je récupère la pile de dossiers soutenue par une large ficelle où le nom Piermonte y est inscrit en gras.

- Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ? me demande le réceptionniste d'un air méfiant.

Je lui souris et lui montre les documents.

- Oui merci, dis-je en sortant du bureau.

Il plisse les yeux, et s'il avait eu la possibilité de me faire passer au détecteur de mensonges, il l'aurait fait. Je ne vois pas pourquoi tant de paranoïa, je suis l'assistante du PDG de cette entreprise, ça ne fait pas de moi une personne récalcitrante ou alors est-ce marqué sur mon front « Attention ! Danger ambulant. Ne lui faites pas confiance. »

Je sors du bâtiment en verres, adresse un dernier signe de tête aux vigiles qui ne bronchent pas d'un poil, est-ce qu'ils vont rester debout comme des statuettes toute la nuit ? La réponse est plus qu'évidente. Je stoppe un taxi, puis lui dicte l'adresse une fois installée sur la banquette arrière. Et pendant qu'il conduit tout en écoutant du reggae, je réprime un éternuement. Merde ! J'ai oublié mon paquet de kleenex et la température du soir ne fait que chatouiller mes narines.

Un quart d'heure plus tard, la voiture s'arrête au pied d'un immeuble qui me coupe le souffle. Il est exactement de la même hauteur que la compagnie Lockwood, ou moyennement en-dessous, mais ceci étant dit, c'est un gratte-ciel digne de l'Upper East Side. Je me rue sur les noms et quand je repère celui de mon boss Raphaël Ford Lockwood, j'appuie sur l'interphone à plusieurs reprises.

- C'est qui ?

Une voix enfantine me parvient. Euh est-ce que je me suis trompée de nom ? Non, bien sûr que non.

My F*cking Boss. ( Publié chez &H)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant