XXIII

401 26 15
                                    

Brooke

Par où commencer ?
Je cale ma tête sur le torse de Nick et joue avec mon bracelet à breloques.

  - Il ne me supporte plus, je crois.
  - Tu crois ? Il t'a quand même...
  - Oui, je sais. Fais-je, chassant sa colère d'un bisou sur sa joue.

Je continue.

- Je pense qu'il va vraiment finir par craquer. Un jour il me mettra dehors et puis...
- Non quand même pas à ce point, si ? Me coupe-t-il, le ton léger.
- Je pense que tu ne connais pas assez mon père, Nick.

Je ris.

- Si tu savais comment j'étais quand j'avais treize ans. Je suis sûre que tu en serais choqué.
  - Ah bon ? Et pourquoi ça ?
  - Parce que je n'ai pas toujours été comme ça.

Je me pointe du doigt.

  - Je ne comprends pas. T'es en train de me dire que, la Brooke que j'ai devant moi, est une nouvelle Brooke ?

Je hoche la tête, un sourire aux lèvres.

  - Non ! Tu blagues là ? Dit-il, ahuri.

Voyant ma tête, il se rend compte que je ne blague pas. Il doit se poser toutes les questions possibles. Effectivement, tout de suite après, j'en suis submergée :

  - Tu étais anorexique ?
  - Non.

Il réfléchit. Soudain, une ampoule imaginaire s'allume sur sa tête.

  - Tu étais boulimique !
  - Euh... Non.

La lumière s'éteint.
Je me retiens de rire.

  - Tu...
  - Tu devrais t'arrêter là. Plus tu en dis et plus tu t'offense.

Il me regarde avant de détourner la tête, boudeur.

Petit sensible, va !

Je me love un peu plus contre lui et hume son parfum de chocolat.

  - J'étais à peu près comme toi, avant.

Il ne dit plus rien : il m'écoute. Il se contente de passer ses doigts dans mes cheveux. Je continue.

  - Je rentrais avec des moyennes tournant autour de dix sur vingt, j'étais insolente envers les professeurs et j'aimais me faire remarquer. Je répondais souvent, me faisait coller aussi. Mon père n'en pouvait plus. Il n'en pouvait plus de voir sa fille revenir à la maison avec trois ou quatre mots dans le carnet, de voir une fiche de colle sur la table et tout le reste. Alors il a décidé de m'envoyer dans une école de redressement. Pas qu'une seule. Plusieurs. Jusqu'à ce que je m'assagisse complètement. T'aurais dû voir sa tête le premier jour où je me suis postée devant lui, mon bulletin dans les mains. Un douze. Première fois que j'avais un douze en moyenne générale. Il était tellement fière de lui.
- De lui ? Mais pourquoi pas de toi ?
- Je ne sais pas. Je n'ai jamais compris pourquoi d'ailleurs, je soupire.

Il fait un simple oui de la tête et m'incite à continuer.

- J'ai persisté à bien travailler, jusqu'à maintenant. Mais ça n'a jamais été très stable. Il m'arrivait de rechuter, on va dire. Une fois je me suis pointée à la maison avec des bleus partout.

Et si c'était possible 1- Les contraires font paireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant