Et si c'était possible 1- Les contraires font paire

XVIII

Nick

    Les yeux rivés sur mes chaussures, je cherche à disparaître d'ici. Impossible. Il n'y a même pas une heure, je me suis battu avec mon frère. Pour quelle raison ? Posez-lui la question.

  - J'attends des explications !

    Tante Emily. Les mains sur les hanches, les sourcils froncés et la bouche pincée ; debout dans le salon. Et, surtout, elle est très fâchée.

  - Ethan ?

    Celui-ci sursaute presque à l'évocation de son prénom. Il croise le regard de Mily et détourne aussitôt le sien.

  - Nick ?

    C'est à moi de tressaillir, maintenant.

  - Euh... Re-pose la question à Ethan. C'est lui qui a commencé.
  - T'as dit quoi, toi ? Fait l'intéressé, se tournant brusquement vers moi.
  - Juste la vérité.
  - Tiens, comme c'est intéressant, tout ça. Parce que, entre nous, qui de nous deux n'a jamais menti ?

    Ses yeux sont plantés dans les miens, lisant à travers mes pensées. Elles sont toutes dirigées vers les boucles brunes de Brooke.
    Il sait. Il sait tout.

  - Bon ! On s'éloigne du sujet là, les garçons ! Alors, vous allez m'expliquer pourquoi vous vous êtes tapés dessus. Et tout de suite !
  - Je sais pas moi Mily ! C'est Ethan qui...
  - Oui ! Je crois que j'ai compris que c'était pas toi le premier ! Ethan ? J'attends, là !
  - Eh bien...j'en ai marre. J'en peux plus je.. je suis à bout là ! Lâche-t-il, me paraissant exténué.

    On se regarde tante Emily et moi, ne sachant pas de quoi il parle.

  - Ethan, de quoi parles-tu ?
  - De moi. Je parle de moi. De mon enfance. De ma vie. Vie complètement gâchée par mon frère.

    Il me postillonne presque volontairement dessus, me faisant bien comprendre le sens de sa phrase.
    Je me crispe alors.

- Enfin, Ethan... Où veux-tu en...
- Je peux finir Mily ?
- Hum, oui.

    Il inhale une flambée d'air, soupire puis se lance.

- Je me suis toujours senti rejeté, mis à part, oublié. Oublié par ma mère. Elle ne voyait que par toi, Nick. (Il me jette un regard haineux et.. dégoûté ?) Tu étais son petit bébé, son chouchou, son préféré. Moi, je restais dans l'ombre, alors que tu te faisais câliner et aimer. Heureusement que papa était là pour me donner le peu d'amour qu'il pouvait, lui. Heureusement qu'il est là. J'ai tout fait pour voir cette lueur de reconnaissance dans les yeux de ma mère, tout. Ramener d'excellentes notes, être poli, avoir le parfait profil du bon garçon. Mais ça n'a pas marché. Ça n'a jamais fonctionné.

    Il ferme les yeux, souffle d'énervement et se lève.

- Tu avais tout ce que tu voulais. Tout ! Une maman, une moto et une petite amie. Et moi ? Moi ? J'étais là sans vraiment l'être, avec mes bonnes notes inutiles et mon seul ami, Dylan. Dit-il, une note de désespoir dans la voix.

    "Une moto et une petite amie" Ce que ça peut faire mal, six petits mots...

- Elena. Tu t'en souviens ? Toujours là pour toi. Toujours là pour t'aimer. Tu t'en rappelles, n'est-ce pas ?