Une vie parrallèle

Chapitre 1

Comme tous les jours, je me rendis à mon collège en autobus. J'arrivai d'avance et allai m'entraîner à la piscine. Ma meilleure et seule amie, Ann, m'attendais.

Nous nous sommes rencontrées il y a quatre ans lors d'une compétition de natation. Je n'avais alors jamais perdu de concours, j'étais la meilleure du Québec. Cependant cette journée là, je nageais contre Ann pour la première fois. Elle habitait auparavant en Colombie britannique, plus précisément à Vancouver, et venait de déménager ici à Montréal. J'avais souvent entendu parler de ses exploits, mais j'ai présumé que j'étais quand même meilleure qu'elle. J'ai pris un gros coup à l'orgueil quand elle m'a battue de seulement 1 seconde! Je suis quand même arrivée deuxième, mais j'étais déçue. J'ai ensuite croisé Ann à l'école, elle s'entraînait à la piscine. Je l'ai ignorée et j'ai fait mes longueurs. Quand se fut le temps d'aller en cours, je ne pus plus l'ignorer, on était dans la même classe! Et, comble de malheur, le professeur nous avait assises l'une à côté de l'autre. Heureusement pour moi, après une semaine, je me suis rendue compte qu'elle ferait une très bonne amie, puisque nous avions plusieurs points en commun, dont notre passion pour la natation. Depuis, je l'ai battue quelques fois lors de compétitions, mais nous nous entendons très bien.

Ce matin, donc, je la saluai et commençai mon entraînement. Cependant, une seule chose occupait mon esprit... Demain ce sera mon anniversaire! D'habitude, je célèbre ma fête seulement avec Ann, mais cette année j'ai décidé de fêter ça en grand. J'allais faire un gros party chez moi à l'occasion de mon sweet sixteen. Je pensais à quoi j'allais porter et comment j'allais me maquiller. J'avais tellement hâte!!!

Ann et moi nous rendirent en cours, cette année encore nous étions dans la même classe. Nous commencions en art plastique, ma matière préférée. Tout le monde disait que mes dessins étaient magnifiques, mais moi j'y retrouvais toujours quelque chose à redire. On me disait toujours que j'étais trop perfectionniste. Aujourd'hui, c'était une période libre alors nous pouvions dessiner ce qu'on voulait. Ce n'était jamais une période très sérieuse, car tout le monde parlait entre eux. Je discutais donc de tout et de rien avec Ann en gribouillant, quand je remarquai que j'avais dessiné le même symbole sur toutes les pages de mon cahier! Ça ressemblait à un poisson dessiné par un élève de maternelle: un ovale avec une queue en triangle, toujours dessiné en bleu ou en vert. Devant mon air apeuré, Ann me demanda si tout allait bien.

Ann: Hey, que se passe-t-il?

Moi: Rien, rien...

Ann: Tu es sûre, tu n'as pas l'air dans ton assiette?

Moi: Non, non, j'ai juste mal à la tête.

Ann: Okay

Je fermai mon cahier en vitesse et essayai de me concentrer sur la conversation avec Ann, sans grand succès. Je pensais toujours à ce signe. Pourquoi l'avais-je dessiné, et surtout pourquoi autant de fois? Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête.

La cloche sonna enfin, annonçant la fin du cours. Je me rendis avec Ann au local de français. Ce n'était pas ma matière préférée, mais je réussissais bien. Je m'assis à l'arrière pour pouvoir réfléchir en paix sans être dérangée par le prof. Pourquoi, ce signe là! Que signifie-t-il? Ce signe a éclipsé toute mes pensées en rapport avec mon party. C'est à ce moment que le prof décida de m'interroger.

Prof: Maeva, peux-tu me résumer ce que j'ai dit depuis le début du cours?

Moi: Euh... Et bien... Je... C'est à dire...

Prof: C'est bien ce que je pensais, écoute mieux sinon je te donne une retenue.

Moi: Oui, oui...

Il recommença à parler et je me forçai d'écouter pour ne pas me refaire avertir. À la fin du cours, Ann, voyant que je n'allais vraiment pas bien, me questionna de nouveaux sur mon comportement.

Ann: Qu'est-ce que tu as aujourd'hui, ce n'est pas ton genre de ne pas écouter en classe.

Moi: Je ne sais pas justement, ça a commencé en art quand je dessinais dans mon cahier.

Ann: Et alors...

Moi: *en lui montrant mon cahier* Je me suis mise à dessiner ça. Je ne sais pas ce que c'est et pourquoi je l'ai dessiné.

Ann: Oh, je vois...

Moi: Bon, je vais essayer de ne plus y penser, allons maintenant en cours.

Ann: Okay

Après le cours d'anglais, ce fut l'heure du dîner. Nous nous dépêchâmes à manger pour retourner à la piscine. Quand je rentrai dans l'eau, une musique retentit dans mes oreilles. Instinctivement, je me fermai les yeux et me bouchai les oreilles. Aussitôt, je revis le signe dans ma tête. Je fus pris d'une crampe intense à la tête. J'étais sur le point de m'évanouir quand Ann me sortit de l'eau. Elle avait l'air presque aussi inquiète que moi. Je décidai donc, après avoir repris mes esprits et expliquer la situation à Ann, de partir et de rentrer chez moi.

Cet avant-midi m'a épuisé. Je tombai endormie dans mon lit aussitôt arrivée chez moi.

Quand ma mère arriva, elle fut surprise de me voir endormie. Elle prépara le souper et me réveilla ensuite.

Ma mère: Réveille-toi, Maeva, c'est le temps de manger.

Moi: Oui,oui...

Ma mère: Sinon, comment ça va? Pourquoi dormais-tu?

Moi: *mentant* J'étais juste un peu fatiguée...

Ma mère: Et bien, je t'attends en bas pour souper.

Je me réveillai tranquillement, j'avais encore mal à la tête. J'avais encore rêvé au signe en forme de poisson. Il me hantait. Pour me changer les idées, je regardai mon cellulaire et vis qu'Ann m'avait envoyé au moins une cinquantaine de messages et m'avait appelé une dizaine de fois. Je lui répondis aussitôt que j'allais bien, ce qui était à moitié vrai, et que j'avais seulement fait une sieste.

Je descendis ensuite pour aller manger, seule avec ma mère, comme toujours. J'étais enfant unique et mon père n'était jamais présent. En fait, je ne le connais pas, je ne l'ai jamais vu. J'ai beau avoir posé plusieurs questions sur lui, sur son passé, ma mère répondait soit évasivement en essayant de changer de sujet ou bien ne répondait pas du tout. Elle m'a toujours dit que j'en serai plus sur lui quand je serais prête. Mais je suis prête!

Après avoir mangé, je lus un livre pour me changer les idées. Ensuite, j'allai dans ma chambre, plus sereine. Je m'endormis en pensant à la merveilleuse journée qui m'attendait demain.