Larmes

34 5 0
                                    

Toc toc toc

Des bruits de pas, de clé. La porte s'ouvre. Grincement long et prolongé. Je hais cette porte.

-Kyla? Haussement de sourcis surpris.

-Je peux rentrer? T'es seul?

Traduction: "Est-ce qu'il y a une fille en petite tenue dans le fauteuil ou c'est RAS et je peux venir te parler tranquillement de ce qui me turlupine? "

Il ne porte qu'un jeans, tenue de "je suis occupé " mais il a les chaussettes encore aux pieds du coup, le doute reigne dans mon esprit.
Il hoche la tête et me laisse passer sous son bras qu'il monte de quelques centimètres d'altitude.

Trop près.

La pièce est vide, toujours sale. Odeur habituelle de cigarette. Un fond de chicha et les bouteuils de bierre avachient sur le sol laisse à penser qu'une soirée à dû avoir eu lieu dans le courant des deux jours précédents, soit après la sentence.
Je le sonde du regards, essayant de voir au travers de ses yeux à quel point il me déteste mais ils restent sombre et impénétrable.

Un sombre doux, chaud comme le chocolat.

Les siens étaient sombre comme la mort.

Un frisson me parcours l'échine. Je m'assois dans le sofa.

-Kyla qu'est-ce que tu fais ici?

Il m'en veut. Il comprends pas. Il aurait préféré la prison. Mais là c'est moi qui comprends pas.

Il ne peut pas comprendre en même temps, je ne lui ai jamais dit.
Je ne l'ai dit à personne. Personne ne sait sauf maman et Martin, mon frère.

Je ne lui ai jamais dit pourquoi en soit ce nétait pas si terrible pour moi de me faire toucher après ce dont j'ai été victime. Je ne lui ai jamais dit que tout les marques sur mon corps nétait pas dû qu'à Dylan. Je ne lui ai pas dit pourquoi j'ai toujours ses cauchemards, ses sueurs froides au réveil.

-Max, il était malade, le mettre dans un hôpital psychiatrique... Je prends une grande inspiration.

Il pousse un soupir et passe une main nerveuse dans ses cheveux. Ils ont poussés depuis que je le connais, et il a arrêté de mettre du gel. Pour notre plaisir visuel à tous. Il s'est mis au kick-boxing, aussi , pour me prouver qu'il nétait pas une femmelette et qu'il pouvait faire la même chose que moi. Mais au final, il y a pris goût et n'a jamais plus arrêté. De nouveau. Pour notre plaisir visuel à tous.

-Kyla... Je sais que c'est ce qu'il y avait de mieux à  faire. Je me dis juste que c'est encore une chose que tu fais en plus pour l'aider. Et puis il sera blanchis, nourris et tout et ça me rends malade. Je veux juste qu'il crève.

Crève...mort. Regard vide. Dénudé de vide. Décédé. Cadavre. Dépouille. Macchabre. Rigide. Immobile. Cerceuil. Pâle. Crève. Meutre. Accident. Trépas. Péris. Crève...

-Kyla? Kyla?

Je relève la tête. Son regards est inquiet, troublé. Il tente de lire en moi, de comprendre ce qui ne va pas, mais tout ce qu'il perçoit c'est un long tunnel sombre qui semble sans fin. Un jour je lui dirais. Mais pas aujourd'hui.

-Ne bouge pas s'il te plaît, je murmure, ferme les yeux.

Max. Il a pas toujours été là. Et il ne sait pas tout. Mais il reste. Il m'écoute ou au moins il fait semblant. Max il sait parler aussi. Max il a les mots. Max. Max je l'aime mais je ne pourrais jamais lui dire, parce que c'est mon plan cul et rien d'autre. Parce que Max, c'est max et que je connais sa réputation avec les filles. Max. C'est le gars que j'ai choisis, mais qui ne le saura jamais.

Il obéit et j'approche lentement, très lentement vers lui. Fesant dérouler mes jambes au maximum, agitant ma légère cellulite et ma graisse au passage. Arrivée devant lui, ma main se lève. Doucement. Et elle va se poser sur son visage. Je descends. Jusqu'au bas de sa barbe. Et très délicatement je tire en toute gentillesse dessus pour qu'il baisse la tête. Je rapproche mes lèvres. Je l'embrasse.

Trop près.

Je recule instantanément.
Il n'est pas Dylan. Il n'est pas Dylan. Il ne va rien t'arriver. Tout va bien.

"Sale traînée! "

Mes yeux me brûlent, un boule se forme au fond de ma gorge, une boule de bowling vient m'écraser l'estomac. Je tremble de part et d'autres.
Je me hais!  Je hais avoir ce genre de réaction alors que tout va bien! Je me hais! Je me hais!

-Je vais te toucher d'accord?  Ne prends pas peur.

Plus il se rapproche plus mon corps se convulse en spasme, de plus en plus fort. S'il te plaît non ne va pas plus près. Il n'est qu'à quelques centimètres.

-Je vais lever les bras, d'accord ? Je hoche la tête et son bras se décolle délicatement de son flanc pour aller parcourir les airs. Très lentement, il approche ses mains de mes épaules avant de venir les y écraser.

Le simple contact me brûle au travers de la couche démentielle de vêtements que j'ai enfilée ce matin même, tout en provoquant des frissons de calme, et de sérénité à l'intérieur de moi. Mon système interne a compris avant mon cerveau, que Max n'est pas un danger. Je laisse alors tomber mes barrières et m'enfonce dans la chaleur rassurante de ses bras, où je fonds littéralement en larmes;  tout ce que je retiens depuis une semaine. Tout sort. Et en grande pompe.

On se laisse tomber sur le fauteuil, et sa main caresse mes cheveux.

-Ça va aller qu'il dit, je suis là, il ne t'arrivera rien. Je suis là. Je te protège. Ça va aller.

Je hurle. Je tremble. Je me penche d'avant en arrière. Je hurle. Déchirant le silence de mes cris. Mais chacun d'eux ne reflètent qu'un centième de la douleur que je ressens réellement à l'intérieur.
Je pleure. Je bave. C'est dégeu mais c'est comme ça. On est pas beau quand on pleure, mais c'est parce que notre visage est déformé par la souffrance.
Je pleure, et il ramasse chacune de mes larmes.
Je pleure, et à chaque larmes qui coulent c'est un chagrin, une peine de plus qui s'évapore.
Je pleure. Et ça fait du bien.

EnchainéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant