Une main qui me tire par les cheveux, une main autour de ma gorge, un poing sur ma joue, un pied dans mes côtes. Son souffle à quelques millimètres seulement de la peau.
Des cris, des insultes, des agitations, et cette main toujours présente.
Elle ne me lâche pas, elle m'oppresse.
Je n'arrive plus à respirer.
A l'aide!
A l'aide!
Mais il n'y a personne.
Des tâches noir se forment devant mes yeux, je ne vois plus rien. Je ne sens plus mes pieds, ni le reste de mon corps. Je fatigue.
A l'aide...
Je suis tellement fatiguée.
La main détache mon pantalon. J'essaie de me dégager, de me débattre, mais je n'ai plus la force, plus d'air.
Et comme lorsque l'on remet ses lunettes, le visage de mon agresseur, se rapproche du mien, et au fur et à mesure, il devient plus net. Je peux voir ses dents pointus et féroces qui sortent de sa bouche. Et ses yeux. Malsain. Sombre. Assassin.
Dylan.Je me réveille en sursaut et en larme.
Encore ce rêve, toujours le même.
Il y a des événements qui nous arrivent, des traumatismes, des choses qui nous marquent pour toujours et que l'on ne pourra peut-être jamais soigner, ou passer à autre chose.
Dylan est mon traumatisme.Max est au boulot et moi jétais censée étudier. Je suis retournée à l'école comme prévu, mais ce n'est plus comme avant. Surtout depuis que le directeur c'est mis en tête de me faire rentrer chez moi et de me remettre en contact avec ma mère, ou alors avec la psy, parce que soit disant il est inquiet.
Moi si j'étais lui je serais d'autant plus inquiet si je me trouvais chez moi avec ma mère.
Non, je ne rentrerais pas. Je sais bien qu'ils disent toujours que les mamans ont en aura toujours besoins et que c'est juste une petite crise d'adolescence, mais je ne suis pas d'accord. Avec maman, c'est partie trop loin et ce depuis bien trop longtemps. C'était invivable. C'est mieux comme ça.Maintenant je dois juste, me trouver un job, finir mon année, et trouver ce que je veux faire de ma vie. Mais bon, je ne sais pas, ces temps-ci j'ai pas la force. Je me dis que je pourrais être en train de faire tellement plus; comme vivre. Et au lieu de ça, je suis enfermée entre quatre murs, assise sur une chaise à avaler une foule d'informations dont j'aurais oubliée jusqu'à l'existence dans même pas trois mois.
J'ai envie d'écrire.
Je ne sais pas encore de quoi, mais j'ai envie que ça parle aux gens, que ça les touche.En parlant de toucher. Je n'ai plus touchée personne depuis le jour où le plan cul du dimanche est passée à l'appart. Je pensais que mon corps et mon cerveau avait compris que Max ne me ferait jamais de mal, mais à peine on a eu fini et qu'il soit passé au dessus de moi, les bras tendus, pour pouvoir me regarder et m'embrasser, que j'ai fait une crise de panique. Je me suis mise à hurler et à me débattre comme une folle. Il m'a fallu au moins trois heures et demi pour me calmer.
Je le hais de m'avoir rendue comme ça.Je me lève et pars dans la cuisine en espérant trouver de quoi me sustenter, mais le frigo est vide. On a encore oublié de faire les courses. C'est déjà la troisième fois ce mois ci.
J'ai faim.
J'envois un SMS à Max. Il réponds pas.
Alors je retourne me coucher.
Ma vie ressemble à ça.
C'est à dire à rien.Il faut que je me reprenne en main, que je me trouve un job pour avoir de quoi me payer un appart à moi, mais la vérité c'est que je repousse la date où je le ferais, parce que je ne me sens pas encore prête à vivre complètement seule.
Je prends mon sac et sort. J'ai rendez-vous avec la psy de l'école. Peut-être qu'elle, elle est mieux.
Son bureau est petit, lumineux.
Elle est mince comme un clou, le visage tiré, des lunettes rondes épaisses d'une couleur frivole. Elle avait l'air sympathique.-Bonjour, je m'appelle Gorgia, et toi, c'est Kyla? Je hoche la tête. Et bien, qu'est-ce qui t'amène aujourd'hui, raconte moi. Mais sache avant tout que tout ce que tu pourras dire restera entre ces murs, et que tu es libre de partir à tout instants. Je hoche à nouveau la tête. Bien. Alors vas-y Kyla, je t'écoute.
Elle a pris son bloc note sur les genoux, et puis elle a commencé à noter tout ce que je citais. Elle m'écoutait, hochait la tête, me passait un mouchoir lorsque j'en avais besoin.
Je l'aime bien cette psy là. Elle, elle a un cœur.
A la fin de la séance je me sentais comme libérée. Je me sentais bien.
J'ai repris rendez-vous.

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Enchainée
Diversos"-Comment va-t'elle? -Au vu de ce qu'elle a traversée, je dirais qu'elle va bien. -C'est tellement horrible quand même... Mais qui l'aurait cru... On savait tous qu'il était déjanté, mais pas à ce point là! -Je pense qu'elle, elle savait, mais el...