Enchainée

Hôpital

-Vous êtes Maximilien, n'est-ce pas, le garçon qui l'a trouvé?

-Oui, c'est moi. Répond-t'il, se relevant droit comme un I.

-Je me demandais... Comment connaissez-vous ma fille? Vous ne semblez plus avoir l'âge d'aller à l'école...

"N-e dit p-a-aas à mmm-a mè-re p-o-ur no-us. "

-Euh oui en effet, je connais votre fille parce qu'à plusieurs reprises elle est venu manger dans mon resto et au fil du temps nous avons familiarisé. Il est très facile de bien s'entendre avec votre fille, elle est si vivante, enfin je veux dire, dynamique.

-Oui, en effet, elle l'est... Mais vous êtes là depuis hier, rentrez vous reposer, je vous appellerais si il y a du nouveau.

-D'accord, pas de soucis, je repasserais demain,  bonne fin de soirée madame.

                                 ¶¶¶

Et s'est repartis pour un tour.
J'essaie d'ouvrir mes paupières mais cette fois avec beaucoup plus de calme et moins d'empressement que la première fois.

Trop de lumière.

Je lève ma main, comme un robot qui essaierait d'activer un bras plus utiliser depuis des siècles. C'est lourd, très lourd. Comme endormis. Lorsqu'enfin elle arrive a mon visage, elle est faible, et ce petit effort me donne la nausée.
Je cherche vite fait du regard un endroit propices pour évacuer mon vomis et me rappelle soudain que Max est à mes côtés et que donc je ne peux pas recracher mon estomac de ce côté là de la chambre. Mais lorsque je regarde, il a disparu, remplacé par ma mère. Peut-être que ce n'était qu'un rêve.

Peu importe je tente au maximum de tourner ma tête vers le sens opposé, et rejette intensément tout ce que je possède a l'intérieur de moi.
A dieu pâte carbo, et pop-corn du cinéma.

Une main bienveillante, celle de ma mère vient se poser sur mon front pour tirer mes cheveux vers l'arrière, en attendant que je finisse.
Elle m'apporte ensuite un verre d'eau, qu'elle m'aide à avaler.
Ses yeux sont rougis et soulignés de cernes; elle a pleurée.

J'ouvre la bouche pour lui dire quelque chose, un tout petit truc, comme bonjour, mais ma gorge se met immédiatement à me brûler et je suis prise d'une quinte de toux.

-Chut calme-toi, c'est normal que tu n'arrive pas encore à parler. Repose-toi encore un peu ma chérie. Elle murmure en me caressant le crâne. Repose-toi, je suis là.

J'aimerais lui dire pardon d'avoir vomis à moitié sur mes draps et lui demander qui va nettoyer, ou encore combien de temps je suis restée là, inconsciente, mais déjà le sommeil me rattrape.
Et je ferme les yeux une dernière fois.

                                 ¶¶¶

-Elle fait peur à voir!

-Je vais le tuer ce petit con!

-Ça va encore, une petite couche de maquillage et elle sera comme neuf...

-Rêve pas non plus tu as vu tout les bandages qui la recouvre?

-Tu crois qu'elle nous entends?

-J'espère pas avec toute les conneries que vous pouvez sortir...

-Ooh ta gueule toi! Au moins qu'elle sache qu'on est là pour elle... Ça la poussera peut-être à se réveiller.

J'ouvre les yeux, m'extirpant du sommeil, cete fois avec beaucoup plus de facilité.
Je sens comme des petits picotements sur mon nez et sur mes abdos aussi, comme si ces parties se réveillaient petits à petits.

Max n'est toujours pas là, ni ma mère d'ailleurs mais ils sont remplacés par ma bande d'amis, agglutinée autour de mon lit d'hôpital.

-Elle a ouvert les yeux!

-Bonjour la marmotte! 

-Alors ça  va?

Leur voix résonnent dans ma tête en triple, comme des cris venu de loin.
J'ai mal à la tête... J'aimerais leur dire de se taire mais je sais même pas si j'en suis capable. Alors je lève ma main, très doucement et je la pose sur ma bouche pour réclamer le silence. Ils ont l'air de comprendre, parce que la pièce devient vite très silencieuse.

J'ouvre la bouche, avale une toute petite boule d'air;

-B-b-on-j-j-ou-r.

Ils acquièssent tous avec de grands sourires. Je vois bien qu'ils ont tous envie de parler, de crier de joie, mais à la place, il lève tous la main et me salue.
Ça fait du bien d'être réveillée.