Dégringolade !

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Je vois Mayre, sur le point de sortir du palais, une dague à la main couverte de sang frais et deux gardes allongés au sol de part et d'autre d'elle. 

Je m'apprête à la rejoindre lorsqu'on me coupe dans mon élan. Je me retourne ni une ni deux et vois Taoh, le visage noir de haine m'attraper par le bras avec force et il me regarde droit dans les yeux. 

"-  Qu'est-ce que tu as fais ? *Dit-il les yeux remplis de larmes et de haine"

  - J'ai rendu justice ! *Dis-je la tête haute* 

  - Ah, je vois que tu aimes que justice soit faite ! Moi aussi... 

  - Dans ce cas, lâchez-moi ! *Dis-je en tentant de me débattre*.

  - Penses-tu réellement que je vais te laisser partir après le chaos que tu as semé ? 

  - Alors qu'allez-vous faire de moi ? *Dis-je en faisant signe à Mayre de s'en aller sans que Taoh la voit* 

  - Comme toi ! Je vais rendre justice à ma mère ! Et tu vas à ton tour passer devant le jugement d'Osiris. 

  - N'ayez crainte, mon âme y est préparée ! Et celle de votre mère ? *Dis-je avec sarcasme* 

  - Ne t'occupes plus de ça! *Dit-il en me prenant ma main avec fermeté pour en retirer le sabre couvert de sang que je tiens*  

  - Vous ne savez rien cher prince ! *Dis-je avec rage* 

  - Et toi tu juges sans savoir ... *Il tire mon bras et fais signe à des gardes de m'emmener*". 

Les gardes me conduisent comme je m'y attendais au cachot des condamnés. C'est à cet endroit sans fenêtres fermé par une porte de l'épaisseur d'un mur d'enceinte avec un mince hublot criblé de trous pour pouvoir respirer, que je suis enfermée avant d'être sacrifiée pour les dieux ! 

Je ne penses désormais plus à rien. Je ne souhaite que le bonheur de mes amies parties dans le désert pour une nouvelle vie. 

Les jours passent, 

Les jours, les semaines ont passées, je ne m'alimente presque plus et je n'ai désormais que la peau sur les os. Je suis sale, mes cheveux sont noirs de poussière et de résidus de terre. 

En effet les prisonniers condamnés à mort ne sont pas autorisés à faire leurs ablutions, qui sont une forme de purification corporelle et spirituelle, et les prisonniers comme moi sont sans droits. 

Nous sommes un Mardi, quel date je n'en sais rien. Je sais seulement quel jour nous sommes car le boulanger du roi fait tourner son four uniquement le Mardi, et que les effluves des odeurs de pain frais me viennent aux narines.

C'est dans un fracas énorme que la porte de la prison s'ouvre, surveillée par une horde de gardes tous plus énormes les uns que les autres accompagnés de Taoh qui passent devant eux et vient vers moi. Il semble étonné et perdu. Je ne décèle plus dans son regard la haine qu'il avait lorsqu'il m'a enfermée ici. 

Il s'approche de moi et demande aux gardes de fermer la porte. Les gardes protestent. Sans doute ont-ils peur que je m'en prenne au jeune prince d'Egypte. 

Je reste sur le sol, assise en tenant mes genoux meurtris d'ecchymoses. Ma robe, autrefois si belle et gracieuse n'est désormais plus qu'un chiffon criblé de trous et de tâches de terre et de boue. 

"- Quand aura t-elle lieu ? *Demandais-je la voix brisée et nasillarde* 

  - Quoi donc ? *Dit Taoh en s'approchant de moi avec aisance* 

  - Mon exécution ! *Dis-je sans regarder le jeune prince* 

  - Cette après-midi ! A 16h00 

  - Très bien, c'est bien 16h00 ... 

  - Pourquoi, j'ai besoin de savoir Hyendra... Pourquoi, toi qui était si douce et aimable ... Qu'est-ce qui t'as pris de commettre tant de crimes ? 

  - Jeune prince, je vous envie. 

 - Pourquoi ça ? *Dit-il en s'asseyant à mes côtés tandis que je continue de fixer le mur en face de moi*  

  - Vous êtes si ingénu ... Vous ignorez dans quel monde vous vivez !

  - Pourquoi dis-tu cela ? Parle ! 

  - Mon pauvre prince, vous êtes si candide du monde qui vous entoure *Dis-je en fermant les yeux* 

  - Alors aide moi je t'en prie ! *Dit-il en attrapant mon visage entre ses mains* 

  - Je ne peux faire cela. 

  - Qu'est-ce qui se passe ? De qui as-tu peur hein ?     

  - Je n'ai peur de personne jeune prince ... *Dis-je en regardant le mur* 

  - Je ne peux m'en empêcher Hyendra... 

  - ... 

  - Je ne puis m'empêcher de... de penser que vos actes ne sont pas dénués de sens. 

  - ... 

  - Répondez enfin ! *Dit le jeune prince d'Egypte Taoh en perdant ses moyens* 

  - Je n'ai rien à dire ... 

  - Je suis sûr que si ... *Dit le jeune prince en se relevant* Je te laisse réfléchir !".     

Je regarde Taoh s'en aller et recommence à fixer le mur.     

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Chronique de Hyendra : Il Était Une Fois au CaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant