Un chaud matin de mai, mon portable a sonné. Il faisait si beau que le soleil s'entendait jusque dans sa voix. Mat! Viens avec moi, j'ai envie d'aller à la piscine ! S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît ! Bien sûr, j'ai dit oui. Joyeuse, elle avait lancé, je prépare le pique nique!
Je l'avais récupérée et emmenée à la piscine, celle qui était creusée au milieu du grand parc. Nous avions déjeuné sur les pelouses. Elle n'avait presque pas parlé, s'était contentée de regarder les enfants jouer dans l'eau, rouler dans l'herbe, courir les uns après les autres en riant, pendant que allumais cigarette sur cigarette. Elle était allée s'asseoir sur le rebord du petit bassin, et avait fixé son reflet un long moment dans l'eau.
- Rien n'a changé, avait-elle lancé lorsque je l'avais rejointe. J'ai toujours la même tête, toujours le même corps, a quelques exceptions près. et surtout j'ai toujours les mêmes envies que lorsque j'avais leur âge, avait-elle ajouté en montrant les enfants qui se courraient après. Je rêve toujours de visiter les étoiles, je parle toujours un peu au vent et j'écoute ses réponses dans les branchages. Je ferme toujours les yeux pour m'extraire de la vie normale, et me réfugier dans l'imaginaire. Je penche la tête verre l'eau de la fontaine en rêvant d'y plonger pour découvrir un nouveau monde. Et j'aimerais tellement t'emmener avec moi, te faire visiter mon esprit. Tu es la seule chose qui me retienne ici. Le seul fait de ne pouvoir t'emmener m'oblige à garder les pieds sur terre, à crever les ballons de baudruche auxquels je m'étais accrochée pour décoller. C'est infernal d'aimer, Mat. J'aimerais que tu me laisses partir.
Je l'avais regarder sans vraiment comprendre, me contentant de tirer sur ma cigarette en plissant les yeux.
- Je sais que tu ne me retiens pas. Si je partais, tu ne m'attraperais pas la main pour me retenir, pas vrai? Tu te contenterais de hausser les épaules en appelant un peu plus fort la mort pour qu'elle vienne te chercher, avait-elle murmuré en désignant l'objet cylindrique coincé entre mes lèvres.
En guise de réponse, j'avais tendu mon paquet, d'où elle avait tiré à son tour une cigarette. Tandis qu'elle la glissait entre ses lèvres pour l'allumer, j'entrouvris les miennes.
- C'est vrai, c'est infernal d'aimer quelqu'un. Si jamais tu partais, c'est vrai que je ne te retiendrais pas. Je me contenterais de te suivre.
Ça l'avait fait sourire, et quelques rires d'enfants s'étaient perdus les nuages.
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L'écriture c'est le cœur qui éclate.
Historia Cortalaisse-toi mordre par l'envie d'écrire.