Poppy Edwards a 20 ans et la vie n'a pas toujours été gentille envers elle. Encore sous le choc d'un drame, elle s'est réfugiée dans la danse et s'est formé un coeur de pierre pour éviter de souffrir à nouveau. Elle ne veut plus aimer et surtout pas...
Mes yeux brouillés par les larmes peinaient à reconnaître le visage devant moi. Je passais ma manche sur ma joue afin d'enlever les gouttes salés qui coulaient de mes yeux.
Mais cette voix... Cette voix que j'ai entendu au téléphone juste avant de partir pour ma terre natale... Cette voix qui me berçait lors de mes cauchemars fréquents... Cette voix que j'ai abandonné lâchement... Mo'.
Ma grand-mère se tenait devant moi, le visage illuminé par la surprise et la joie.
Elle était exactement comme dans mes souvenirs. Néanmoins, ses cheveux paraissaient plus gris, ses rides plus creusées mais ses yeux avaient toujours cette belle couleur verte , presque transparente à l'image des miens.
Et comme si ses iris étaient jalouses des miennes qui pleuraient tant, des larmes commencèrent doucement à couler sur ses joues.
Je me relevais doucement, une boule désagréable au ventre. Je redoutais de me prendre la baffe que je méritais tant.
Mais rien ne vint. Seulement les bras de Mo' qui me serraient fort.
Mo' : Tu es revenue... Tu es revenue...
Je la serrais à mon tour. Je n'avais pas les mots. Qu'est ce qu'on est censé dire après 3 ans d'absence sans aucunes nouvelles ?
Rien. Absolument rien. Je n'avais rien le droit de dire. La seule possibilité qui s'offrait à moi était de profiter de ce privilège d'être dans ses bras, chose que je n'aurais jamais imaginé revivre. J'avais souvent imaginé la manière dont se déroulerait mon retour ici, j'avais préparé dix mille conversations, dix mille excuses... Seulement à ce moment là, aucun son ne pouvait sortir de ma bouche.
A moins que vous n'ayez déjà été dans la même situation que moi, je doute que vous puissiez comprendre ce que je ressentais en cet instant précis.
Mo' m'a lâché, trop tôt. J'aurais voulu ne jamais quitter ses bras .Je prenais les devants.
Poppy : Mo'... Je suis désolée ... Tellement désolée ... Je...
Ma grand-mère prit mon visage entre ses mains.
Mo' : Ma Poppy... Ma petite fille... Je pensais ne jamais te revoir... Tu n'as pas changé, laisse moi te regarder.
Au bout de quelques instants de contemplation, son visage changea et devint grave :
Mo' : Tu... Tu...
Elle voulait dire quelque chose, elle hésitait. Je compris tout de suite.
Poppy : Est ce que... Je pourrais revenir à la maison ?
Son visage s'illumina et rien, à ce moment là, n'aurait pu me rendre plus heureuse.
***
La même. La même petite maison, coincé dans un coin d'une petite rue, qu'on ne peut remarquer que si on n'y prend garde. Son style bien particulier était toujours le même.
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Mo' me poussa légèrement, sa main dans mon dos pour que je sorte de ma contemplation de la maison.
Mo': Je pense que quelqu'un t'attend...
J'avalais difficilement ma salive. J'avais appréhendé les retrouvailles avec ma grand mère, mais ce n'était rien face à ce que je ressentais à ce moment là. J'allais revoir Hazel ! Ma jumelle, mon double que j'avais lâchement abandonné. Mon coeur tambourinait tellement fort dans ma poitrine que j'étais sûre qu'on pouvait l'entendre à Londres.
Je dû m'agripper à la barrière sinon mes jambes auraient lâchées. Elles tremblaient, incontrôlables.
Je m'avançais lentement puis, ma main sur la poignée, j'entrais.
La même odeur qu'autrefois m'assaillit les narines, rien n'avait changé. Les larmes me montèrent aux yeux mais je m'interdis de céder. Ce n'était pas à moi de pleurer.
Hazel: Grand-mère ? Tu es déjà rentrée ?
Je m'arrêtais net. C'était elle. J'entendis les roues de son chariot puis son visage apparut par la porte de la cuisine. Dès qu'elle me vit, son visage se décomposa et elle laissa tomber le plat qu'elle tenait dans les mains. Puis elle fondit en larmes.
Je fonçais vers elle immédiatement. Je me laissais tomber devant elle, des larmes inondant mes joues. Mais je m'en fichais. La seule chose qui comptait c'était Hazel. Elle était tellement fragile. J'hésitais un instant à poser ma main sur son bras en signe de réconfort mais avant que j'ai eu le temps de faire quoi que ce soit, elle me repoussa.
Mon souffle se coupa. Des centaines de couteaux venaient de se planter dans mon coeur. Je baissais les yeux, consciente que je le méritais.
A travers ses sanglots, ma soeur dit d'une toute petite voix :
Hazel: Tu m'as abandonné... Tu m'as laissé sans nouvelles pendant trois ans. Tu te rend compte... Est ce que tu te rend compte de ce que ça m'a fait ?
Elle criait à présent. J'étais incapable de la regarder dans les yeux. Je n'arrivais pas à assumer. Et ce que je redoutais plus que tout se produisit. Elle éclata, tous les mots qui n'avaient pas pu franchir ses lèvres depuis trois ans car je n'étais pas là se décidaient à sortir maintenant.
Hazel: On s'était promis qu'on arriverait à se relever ensemble mais toi, tu as préfère tout fuir, même moi ! Est ce que tu as pensé à moi ? Quand je me suis rendu compte que tu étais parti, j'ai cherché à comprendre, je ne voulais pas t'en vouloir. Je n'en avait aucune envie. Mais j'ai vite compris que tu m'avais oublié, que toutes ses promesses n'étaient que du vent. Mais tu crois que tu es la seule à avoir souffert ? Toutes les nuits je revis l'accident. Tous les soirs je revois la voiture projeté dans les airs, le visage de maman pendant que la vie l'abandonnait, mes cris et mes jambes que je ne sentaient plus.
Ces mots me fendaient le cœur. J'aurais voulu lui dire que je n'avais pas cessé de penser à elle un seul instant, que toujours je me demandais ce qu'elle faisait, comment elle allait. Mais ma soeur n'avait pas terminé.
Sa voix se brisa :
Hazel: Je ne dis pas que tu n'as pas souffert car je sais bien que ce n'est pas le cas. Mais tu ne peux pas revenir ici, pas après tout ce temps. Tu n'as pas le droit. J'ai fait mon deuil, mon deuil de toi aussi. Maintenant que je vis en paix tu n'as pas le droit de revenir.
Et elle partit dans sa chambre, me laissant là, pleurant lamentablement dans ce couloir où j'entendais encore les rires d'une famille unie.