1. Mise en abîme.

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La pénombre de la nuit m'entoure. Je suis plongée dans l'obscurité la plus totale, si l'on met de côté le peu de lumière que renvoi la demi-lune. Cette lune que l'on voit à peine pour cause d'un épais brouillard qui m'entoure me donne l'impression d'être dans les nuages. C'est beau.

J'arrive à la ville, polluée de lumières : voitures, lampadaires, smartphone grâce aux couches tard, tout y passe.

Mais pourquoi je viens ici ? J'étais si bien dans ma campagne. Pas de lumières artificielles qui viennent te frapper les yeux, non, juste la lumière naturelle qu'un astre envoi depuis ses longs kilomètres nous séparant de lui. Rien de plus. Rien d'agressant.

Puis, je me souviens que je cherche une solution à mon problème.

Voulez-vous le connaître ? C'est bête et peut-être un brin enfantin sur les bords me diriez-vous mais je cherche l'amour de ma mère. J'aimerai qu'elle fasse un minimum attention – et qu'elle s'intéresse – à moi. C'est à peine si j'existe à ses yeux.

Un infime problème si on le compare avec tout ceux qu'il y a déjà sur terre : réchauffement climatique, manque d'eau dans certain pays, les gens qui manquent de nourriture, les attentats etc. Le mien n'est rien à côté, je suis moins à plaindre. Pourtant ce sentiment d'abandon c'est la pire sensation que l'on puisse ressentir, je crois. Je vis tout les jours sous le même toit que ma mère, ce n'est pas comme si je ne l'a connaissait pas, non au contraire. C'est ce qui fait le plus de mal, l'avoir à mes côtés chaque jours de ma petite vie et que je paraisse transparente.

J'arrive dans un coin sinueux de la ville. Des femmes sur le trottoirs sont habillées non pas très chaudement. Je sais très bien ce qu'elles font ici, je ne suis pas idiote et plus une enfant. Je m'adosse à un lampadaire et les regarde. Elles sont toutes là à attendre qu'un homme en manque vienne leur demander leurs services.

Une voiture s'arrête. Une brune sur ces escarpins se dirige vers la voiture. Un homme aguiche la femme avec une liasse de billets, n'ouvrant la bouche que pour lui dire de grimper. Ce qu'elle fait. Je les regarde s'éloigner. Un sentiment que je ne saurai qualifié monte en moi. Ça m'attriste de savoir que des femmes doivent être amenées à faire ce genre de choses pour pouvoir survivre dans ce monde cruel. Elles risquent leur vie en montant dans chacune de ces voitures.

Tu ne devrai pas rester ici, l'endroit ne t'es pas appropriée ! Me lance une femme qui est venue à ma rencontre.

Elle porte une jupe très, très courte noire et un haut rouge qui laisse une jolie vue sur son décolleté.

L'est-il pour vous ? Je lui demande.

La jeune femme hésite. Je penses qu'elle ne s'attendait à ce que je lui retourne la question.

Rentres chez toi.

J'en ai pas envie.

Écoutes, si tu n'pars pas je vais devoir appelé la police.

Vous l'ferez pas. Je répond du tac au tac. Et vous savez très bien pourquoi.

La femme en question me supplie pratiquement genou à terre de partir. Je suis têtue, si elle avait pu appeler la police et que ceux-là m'embarquent avec eux ça ne m'aurait pas gêné. Cela dit, je ne veux pas causer du tord à ces femmes juste parce que dans ma tête et dans mon cœur c'est n'importe quoi. Alors je pars.

Cependant je trouve ça aberrant que ces femmes, qui doivent peut-être pour certaines avoir une vie de famille, se retrouvent à cette heure-ci de la nuit sur un trottoir à peine habillées. Je conçois que comme toutes personnes elles doivent subvenir à leur besoins ainsi que peut-être à un ou des enfants ce qui inclus payer un loyer, l'eau, l'électricité, le gaz, la nourriture, les fringues etc. mais c'est assez révoltant de se dire qu'au XXIe siècle des femmes soient obligées de se salir pour obtenir de l'argent. Les femmes se sont tant battues qu'elles puissent travailler comme les hommes. Je ne comprend pas qu'aujourd'hui elles aient le couteau sous la gorge et doivent se prostituer pour pouvoir vivre convenablement. Ça ne devrai pas exister tout ça. Et puis les hommes se sentent puissant avec ça, ils ont de nouveau le contrôle sur la femme. La femme devient esclave de l'homme. Elle ne devrait pas être réduite à faire ceci. Le problème c'est qu'elles en ont marre de galérer à trouver un boulot. Mais il ne faut pas ce décourage, il ne faut pas qu'elles perdent pieds, il faut qu'elles y croient.

Ça fait dix sept ans que je cherche à attirer l'attention de ma mère et recevoir un peu de son amour, ce n'est encore jamais arrivé et pourtant je n'arrête pas d'y croire pour autant, un jour elle finira par me dire « je t'aime ma fille » enfin, je l'espère. Et l'espoir fait vivre, tout le monde sait ça.

Il se passe tellement de choses anormales sur cette terre. Elle ne tourne vraiment pas rond. Les humains partent en vrillent. Alors oui je ne suis qu'une fille banale mais je ne suis pas du genre à me taire. J'aimerai être quelqu'un d'important qui puisse faire bouger les choses. J'aimerai que paix, amour et bonheur rythme chacune de nos vies qui que nous soyons. Nous méritons tous le bonheur, c'est du moins ce que moi je crois. J'ai foi en le changement prochain.

L'espoir, ce mot rythme mes journées. Je vis d'espoir.

Mais je ne suis qu'une adolescente parmi tant d'autre, qui m'écouterai ? Sur quelle personne mes mots auraient un impact ? Pour quel motif mes paroles ou mes actes pèserai un poids dans la vie des gens ? Il n'y en a pas, évidemment.

Les adultes croient que je suis légèrement teubée et que je vis dans un monde de bisounours, mais s'ils savaient. S'ils savaient comme je souffre d'un manque. Celui qui est hyper important à ma construction de vie de femme. Ça c'est ce que disent les psychologues et je suis d'accord avec eux.

AMORE 2 : Penses-tu pouvoir un jour m'aimer maman ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant